La dérision d’une vie consacrée uniquement au travail
Première lecture :
-Qu’est-ce que tu fais en ce moment?
-Rien de bien palpitant1, métro, boulot, dodo!
La formule sert à exprimer la réalité d’une vie quotidienne consacrée aux déplacements et au travail routiniers2, lesquels ne laissent aucune3 sorte d’énergie pour faire autre chose. On s’écroule de fatigue en rentrant chez soi en vue de recommencer le lendemain. L’expression est d’origine parisienne, puisque c’est à Paris qu’a été construit le premier réseau métropolitain du pays. Bien que d’autres villes, Lyon, Lille, Marseille, soient maintenant équipées de lignes de transports souterrains, on parle comme ça partout pour déplorer la dérision des tâches répétitives qui nous consument à petit feu4. Le « dodo » nous ramène au sommeil de l’enfance, inexorablement, malgré les progrès techniques et l’épuisement vain au travail. La boucle est tristement bouclée5, mais, le temps de le dire, on s’élève ironiquement au-dessus des contingences, en régressant dans les délices de l’enfance retrouvée.
1palpitant – enthousiasmant
2routiniers – L’adjectif est au pluriel bien que placé après travail au singulier parce qu’il qualifie les déplacements et le travail.
3aucune – “Aucun, aucune” sont toujours au singulier: aucun doute, aucune objection.
4à petit feu – “à petit feu” est une façon familière de dire “petit à petit”
5La boucle est tristement bouclée – On dit “la boucle est bouclée” familièrement pour parler d’un circuit fermé, d’une situation cyclique, bien définie.