Françoise Le Roux
En grammaire
Il y a le a du verbe avoir, à la troisième personne du singulier au présent de l’indicatif:
Il a de la chance.
(avoir de la chance)
Elle a raison.
(avoir raison)
On a une belle vue du haut de la montagne.
(avoir une belle vue)
Parfois aussi, le a du verbe avoir a la fonction d’un auxiliaire de conjugaison, comme, par exemple, au passé composé :
Il a eu de la chance.
Elle a eu raison de réagir rapidement.
On a admiré un panorama splendide au sommet de la montagne pendant notre randonnée.
Il y a le à accent grave, c’est celui qui nous intéresse.
Concernant ce à, que l’on appelle une préposition, et le a du verbe avoir, il n’y a pas de différence de prononciation. L’accent grave est là pour marquer la différence entre le verbe et la préposition.
Un phénomène de contraction
Le à se place devant la et l’:
L’été, je vais à la plage tous les jours et je nage jusqu’à l’île qui borde la côte.
Mais devant un mot masculin qui commence par une consonne, il y a un phénomène de contraction : à le devient au :
Tous les dimanches, c’est un plaisir d’aller au marché acheter des fleurs fraîches, des légumes et des fruits de saison, tôt le matin à l’heure où la ville s’anime.
Au pluriel, masculin ou féminin, à les devient aux. Si aux est suivi d’un mot qui commence par une voyelle, la liaison est obligatoire. C’est ainsi que l’hymne national, la Marseillaise, reprend allègrement à la fin de chaque couplet le refrain martial :
Aux armes, citoyens, formez vos bataillons. Marchons ! Marchons !
C’est un appel à se rallier, à s’unir, à faire corps pour soutenir la patrie.
Les pronoms relatifs composés
On retrouve le phénomène de contraction dans les pronoms composés: à laquelle, auquel, auxquelles (le féminin pluriel) et auxquels (le masculin pluriel). Quelques exemples :
Le changement climatique est un phénomène auquel il est difficile, voire impossible, de remédier. Force est d’apprendre à vivre avec. Les solutions auxquelles songent les scientifiques paraissent vaines si tous les pays ne s’unissent pas pour les mettre en œuvre à l’époque à laquelle nous vivons, car les dégâts auxquels nous sommes confrontés sont immenses, à l’échelle de la planète, et ils menacent de devenir irréversibles.
Les différents emplois
On utilise le à, au, aux, pour marquer un lieu :
J’habite à Ouagadougou. J’irai prochainement à Honolulu et au Pérou, et ensuite aux îles Marquises.

C’est encore un lieu qui est désigné dans certaines enseignes commerciales : Aux Dames de France fut l’une des premières chaînes de grands magasins au XIXème siècle. Il y eut des Aux Dames de France dans les grandes villes, à Paris, Bordeaux, Toulon, Brest, etc. C’était comme une sorte de rendez-vous spécial, une garantie de bon goût pour les dames respectables.
De nombreux hôtels ont pour enseigne Au Lion d’or. L’origine n’est pas clairement identifiée, entre ce qui serait un jeu de mot « au lit on dort » et l’idée de donner un sens précieux et raffiné à la qualité de l’établissement.
Pour marquer le temps:
Les jours rallongent à Noël, à partir de Noël jusqu’au printemps.
Toujours pour marquer le temps, selon l’expression consacrée pour indiquer que l’on ignore quand une personne reviendra, qui ne reviendra peut-être même jamais:
Il reviendra à Pâques ou à la Trinité.
(dans un futur hypothétique)
Lire aussi : V comme… Malbrough s’en va‑t‑en guerre
On emploie à pour s’adresser à quelqu’un : demander quelque chose à quelqu’un, offrir quelque chose à quelqu’un, répondre à quelqu’un, par exemple, de manière positive, ou de manière négative, comme dans « reprocher quelque chose à quelqu’un ».
Pour trinquer, c’est-à-dire en levant son verre à la santé de quelqu’un, on dit:
À la tienne !
ou
À la vôtre !À ta santé !
ou
À votre santé !
Culturellement
Dans la culture populaire, on entend souvent cette remarque:
Aux innocents les mains pleines.
C’est, la plupart du temps, une remarque ironique, pour déprécier quelqu’un qui a de la chance sans mérite.
En réalité le proverbe « aux innocents les mains pleines » serait une traduction du latin fortuna favet stultis. Il reprendrait le passage du livre de Matthieu – Les Béatitudes (Matthieu 5, 3-12) :
Heureux les pauvres d’esprit car le royaume des cieux est à eux.
Une illustration

« Aux grands hommes la patrie reconnaissante » est l’inscription au fronton du Panthéon à Paris.
Louis XV est à l’initiative de la restauration de l’église Sainte-Geneviève en 1764, pour remercier sainte Geneviève de l’avoir guéri d’une maladie.
Située sur la montagne Sainte-Geneviève dans le Quartier Latin, cette église était l’héritière de la basilique des Saints-Apôtres construite par le roi Clovis où repose sa conseillère Geneviève, la sainte patronne de Paris.
Onze ans après le vœu de Louis XV, l’architecte Jacques Soufflot commence la construction de l’église en style néo-classique, avec une nef intérieure circulaire en marbre.
L’église prend à la Révolution le nom de Panthéon, d’après un mot grec qui signifie le séjour de tous les dieux, comme le Panthéon à Rome, également d’une architecture circulaire, qui abrite la sépulture du peintre Raphaël.
Le Panthéon parisien abrite les tombes de 78 personnalités dont, entre autres : Voltaire (1791), Jean Jacques Rousseau (1794), Victor Hugo (1885), Emile Zola (1908). Des résistants de la Seconde Guerre Mondiale : Jean Moulin (1964), Germaine Tillon (2015), Geneviève de Gaulle-Anthonioz (2015), récemment Joséphine Baker. Des scientifiques : Sophie Berthelot (1907), Pierre et Marie Curie (1988) , Louis Braille (1952).