Le b.a.-ba est un nom masculin singulier, que le dictionnaire Le Grand Robert de la Langue française cite comme étant attesté depuis 1870, et dont le sens est ‘une première connaissance élémentaire’, un rudiment d’apprentissage. Par exemple, à l’école primaire, on enseigne le b.a.-ba des mathématiques, l’addition, la soustraction, la multiplication, la division. On dit parfois aussi l’a.b.c. pour désigner les bases d’une science, d’un métier.
On voit la parenté entre l’abc et le b.a.-ba dans le sens où l’abc est le commencement de l’alphabet, et le b.a.-ba est l’apprentissage de l’écriture et de la lecture, selon une méthode appelée ‘la méthode syllabique’, autrement dit la production des sonorités par l’assemblage de syllabes: B et A se prononce BA. B et O se prononce BO., etc. On complexifie les choses ensuite au fur et à mesure des leçons en ajoutant que, par exemple, au se prononce O, eau se prononce aussi O:
le beau vélo
la moto va vite
Il faut ajuster l’orthographe en progressant. Le son é s’écrit aussi et, par exemple, comme dans le béret.
Vu de l’étranger, le Français moyen porte toujours un béret; c’est du moins le b.a.-ba des caricaturistes.
Le béret et la baguette sont sans nul doute les stéréotypes les plus fameux pour présenter les Français dans leur réputation de simplicité rustique, de bons vivants, leur amour de la bonne chair, du bon vin et du bon pain, des produits des terroirs. Le roi Henri IV (1553-1610) avait pour ministre Sully, lequel a dit:
Pâturages et labourages sont les deux mamelles de la France.
La France était essentiellement un pays de paysans. Henri IV, surnommé le bon roi Henri proclamait généreusement:
Je veux qu’il n’y ait si pauvre paysan en mon royaume qu’il n’ait tous les dimanches sa poule au pot.
c’est-à-dire que le plus pauvre des paysans devait pouvoir manger de la poule au pot – une poule cuite dans un pot à bouillon avec des légumes. Un plat simple, roboratif et savoureux. Henri IV était originaire du Béarn, une région du sud de la France, proche de l’Espagne, tout comme le Pays basque français (il existe aussi le Pays basque espagnol). C’est du Béarn que d’Artagnan vient à Paris pour aider les Trois mousquetaires, selon Alexandre Dumas. Voici un extrait des Trois Mousquetaires montrant la fierté d’être Gascon. Le Béarn est une partie de la Gascogne.
L’action se déroule au XVIIe siècle. D’Artagnan, un jeune homme d’une famille noble mais pauvre de Gascogne, quitte le foyer familial pour se rendre à Paris et réaliser son rêve : devenir mousquetaire. Son père lui donne son cheval (petit, vieux, fatigué), et fait quelques recommandations:
Mon fils, ce cheval est né dans la maison de votre père, il y a tantôt treize ans, et y est resté depuis ce temps-là, ce qui doit vous porter à l’aimer. Ne le vendez jamais, laissez-le mourir tranquillement et honorablement de vieillesse. À la cour, soutenez dignement votre nom de gentilhomme, qui a été porté par vos ancêtres depuis cinq cents ans. C’est par son courage, par son courage seul, qu’un gentilhomme fait son chemin aujourd’hui. Vous êtes jeune, vous devez être brave pour deux raisons : la première, c’est que vous êtes Gascon, et la seconde, c’est que vous êtes mon fils.
Historiquement, le béret revendiqué
À la suite de cet extrait, nous ne nous étonnons plus de la rivalité entre les fiers Béarnais, pour lesquels le béret serait bien né au sud de Pau, en Béarn, au 15e siècle, et leurs proches voisins, les Basques. C’est une question folklorique. Au début les bergers, disons ‘des Pyrénées’, faisaient eux-mêmes leur béret avec de la laine de mouton. Les techniques ont évolué, l’usage aussi. Le port du béret fait partie d’uniformes militaires dans différentes nations, pour des parachutistes, des tankistes, des aviateurs, des légionnaires et il est fabriqué un peu partout dans le monde.
Les artistes au béret
Au cours de l’histoire, des artistes ont fait leur autoportrait, ou ont été photographiés portant le béret. En voici quelques-uns:
Quentin de La Tour (1704-1788) est un portraitiste pastelliste français. C’est un humaniste, ami des encyclopédistes, qui cherche à promouvoir des projets philanthropiques. Il s’enrichi car ses portraits se vendent très cher. En 1784, il se retire dans sa ville natale de Saint-Quentin. Il y fonde une école gratuite de dessin, finance une fondation pour les femmes en couches et une autre pour les vieux artisans infirmes.
La République française, reconnaissante, émet un timbre en 1957 qui reprend l’autoportrait dit Quentin au béret :
La banque de France émet en 1977 un billet de banque d’une valeur de 50 francs portant la reproduction de ce même autoportrait au béret :
Paul Cézanne, (1839 -1906) exécute un autoportrait au béret :
Auguste Rodin, le sculpteur (1840-1917) est photographié en béret :
Perchicot chante le Béret
Et pour terminer en chanson, Perchicot chante le béret et la Gascogne, mais pas que… en 1931. Voici les paroles mêlées de quelques mots de béarnais que je ne sais pas comment lire, malheureusement. Mais vous les entendez chantés par Perchicot.
Chaque pays possède sa coiffure :
Le Marocain porte un fez rigolo,
Le Mexicain ne manque pas d’allure
En arborant son vaste sombrero !
Le bon bourgeois, ce n’est pas un reproche,
Met son melon, tant mieux si ça lui plaît,
Moi, mon chapeau, je le mets dans ma poche,
Je suis gascon et porte le béret.Notre béret, c’est toute la Gascogne,
Et pour chanter nostre bet séoul de Pau,
Nos montagnards aux jambes de cigognes,
Avec orgueil le portent en haut ataou !
Et avec ça, c’est tellement pratique,
Quand monsieur le curé sur la route apparaît
Où le paysan dépose-t-il sa chique ?
Hé ben mon dieu, mais c’est dans son béret !