Une chemise? C’est un vêtement avec des manches et un col, boutonné devant (shirt en anglais). Il peut être élégant ou ordinaire. La chemise est plutôt un vêtement d’homme. La femme porte un chemisier, excepté en vêtement de nuit que l’on appelle une chemise de nuit. Une chemise à manches courtes s’appelle une chemisette, pour un homme.
Concernant le genre grammatical, notez qu’un homme porte une chemise ou une chemisette (féminin) et qu’une femme porte un chemisier à manches courtes ou longues (masculin).
La chemise est donc un vêtement, une enveloppe pour le corps. C’est l’idée d’une enveloppe qu’il faut retenir pour comprendre un autre sens du mot ‘chemise’, celui d’une protection légère, en papier ou en carton, en plastique pour rassembler et envelopper des documents à mettre dans un dossier.
Il existe aussi un verbe, chemiser. Chemiser un conduit de cheminée, par exemple, pour assurer l’étanchéité de la paroi et éviter des émanations de fumée. Cela signifie recouvrir la pierre d’une substance protectrice.
Historiquement
L’on emploie les expressions un col blanc ou un col bleu pour désigner des gens qui travaillent dans des bureaux ou des travailleurs manuels, en distinguant implicitement des classes sociales. Le port du bleu de travail s’est développé au XIXème siècle, peu salissant, plus facile à nettoyer. Le bleu était aussi peu coûteux à produire. Il faut savoir toutefois, que pour le Français moyen, le sens des mots col bleu, col blanc, n’est pas immédiatement compréhensible, pas usuel en tout cas.
Au cours de l’histoire, des couleurs de chemises des uniformes sont attribuées à des factions politiques. C’est ainsi que les Chemises brunes des nazis, ou les Chemises noires des milices en Italie, sont gravées dans la mémoire collective de la seconde guerre mondiale. La presse de l’époque dénonce régulièrement les excès dont ils font preuve. On lit dans le journal Ouest-Eclair, le 2 novembre 1922 : « Mussolini gronde et les Chemises noires cassent des vitres ».
Avant cela il y avait eu les Chemises rouges de Garibaldi. Traversons, comme Garibaldi, l’Atlantique.
En 1843, Giuseppe Garibaldi est en exil en Uruguay. Il crée une légion italienne avec les immigrés italiens de Montevideo pour soutenir la cause du général Rivera. Pour habiller sa légion, il achète à bon marché un lot de chemises rouges destinées aux ouvriers des abattoirs, la couleur étant faite pour neutraliser le rouge du sang. Or les abattoirs, à ce moment-là, viennent de fermer. Garibaldi pense que ses hommes, devant affronter une armée de 30 000 hommes, ne verront pas leur sang couler. Cette légion se distingue dans la défense de Montevideo contre l’armée argentine.
L’histoire ne s’arrête pas là. Garibaldi poursuit son exil à New York, à Staten Island (1850-1853) avant de rejoindre l’Italie. Le 39e régiment de volontaires de New York, appelé la Garde de Garibaldi, combat lors de la guerre de Sécession. Son uniforme comporte une chemise rouge. Garibaldi reste un héros à New York.
Quand il retourne en Italie, les chemises rouges font leur réapparition dans les rangs de ses hommes.
L’actualité politique
Continuons d’explorer le contexte vestimentaire, et politique, avec les gilets jaunes en 2018, en France. Un gilet, c’est un vêtement avec ou sans manches qui se porte éventuellement sur une chemise.
Le gilet jaune est un vêtement de sécurité qui comporte des bandes fluorescentes pour être bien visible même la nuit. Il est utile pour les travailleurs qui ont un métier dangereux, dans les travaux publics, sur les routes, pour nettoyer les villes, entretenir les parcs, etc. On voit bien le rapport social avec les cols bleus, n’est-ce pas? Pour sensibiliser le public au respect cette nouvelle mesure, une campagne de communication marque les esprits. Il s’agit d’un montage avec une photo du couturier Karl Lagerfeld, homme de goût raffiné, qui avait donné son accord : “C’est jaune, c’est moche, ça ne va avec rien, mais ça peut vous sauver la vie”.
Le problème dans les manifestations de 2019, dites ‘des gilets jaunes’ c’est qu’à travers les authentiques ‘gilets jaunes’ se sont glissés d’authentiques agitateurs et casseurs et voleurs. L’uniforme informe, et parfois déforme…
Du vocabulaire
S’en soucier comme de sa première chemise signifie ‘être parfaitement indifférent à quelque chose’ . Par exemple:
L’opinion d’autrui? Je m’en soucie comme de ma première chemise!
(même si c’est rarement complètement vrai…)
Changer d’avis, de voiture, ou d’autre chose, comme de chemise signifie ‘en changer très souvent, très facilement, abusivement’.
Terminons sur une anecdote racontée par un Russe lui-même, qui ironise sur les comportements “communistes” et la difficulté de les mettre en pratique: C’est l’histoire d’un homme, simple, disons un col bleu ou un gilet jaune qui travaille durement. Il veut obtenir sa carte de membre du Parti Communiste, car à une certaine époque, cela rendait la vie plus facile… Cette personne doit au préalable répondre à quelques questions:
-Camarade, si tu as deux datchas, qu’est-ce que tu fais?
-J’en donne une au Parti!
Bonne réponse!
-Camarade, tu as deux voitures, qu’est-ce que tu fais?
-Une pour moi, une pour le Parti sans problème!
-Camarade, tu as deux chemises, en donnes-tu une au Parti?
-Pas question!
-Pourquoi non?
-Parce que j’ai deux chemises!
S’entendre comme cul et chemise avec quelqu’un : Être complice, se comprendre parfaitement avec quelqu’un
Je ne suis pas dans sa chemise. Je ne peux pas répondre à sa place.
Lorsque l’on utilise de l’ail, cuit sans être épluché, pour accompagner une viande ou des pommes de terre rôties, on appelle cela de l’ail en chemise.
Et pour terminer en chansons, comme d’hab, en voici deux:
Commençons par le groupe Zebda avec Tomber la chemise, c’est-à-dire ‘se mettre au travail’, ‘faire quelque chose pour changer les choses’. Cette chanson a fait un tabac (un énorme succès) à sa sortie, mais le groupe, issu des cités populaires, ne l’a pas supporté, victime de son succès, comme on dit. C’était le tube, le succès de l’été, on l’entendait partout, sur les plages, dans les campings, dans les dancings, à la radio, dans les voitures. Cela les a rendu fous, déprimés, paradoxalement.
Tous les enfants de ma cité et même d’ailleurs
Et tout ce que la colère a fait de meilleur
Des faces de stalagmites et des jolies filles
Des têtes d’acné (les boutons sur le visages des adolescents), en un mot la famille
Sont là
Oui tous les enfants de mon quartier et même d’ailleurs
Et tout ce que le béton a fait de meilleur
Des qui voulaient pas payer l’entrée trente balles (trente euros)
Ont envahi la scène, ont envahi la salle.
Il y a là des bandits qui ont des têtes de cailloux (pas de cheveux, chauves)
Ceux qui ont des sentiments autant que les voyous
Attendent qu’on allume un méchant boucan (grand bruit)
Et que surgissent de la scène des volcans
Et c’est là :
Qu’on a tombé la chemise
Tomber la chemise ….
Tous les enfants de ma cité et même d’ailleurs
Et tout ce que la colère a fait de meilleur
Des pas beaux, des faces rondes comme des quilles
Et des têtes rouges en un mot la famille
Sont là
Tous les enfants de mon quartier et même d’ailleurs
Et tout ce que le béton a fait de meilleur
Et qui voulaient profiter de la pagaille
D’autres qui n’avaient pas slamé depuis un bail (depuis longtemps)
Tout d’un coup le trac a fait coucou dans la loge
Oh maman, qu’elle tourne vite cette horloge
Allez les gars vous avez promis le soleil
On peut vous dire ce soir qu’on n’a pas sommeil
Tous les petits gavroches (jeunes garçons) et les têtes abîmées
Et les faces de pioches (des visages rudes) autant que les minets (des visages soignés)
Ont mis le feu en sautant à l’envers
La tête en bas c’était pas des paroles en l’air, mais
Oh ! là …
On les entend qui crient “allez pas de manières
Surtout pas de caprices, on n’en a rien à faire
Puis on est pas venu là dans un monastère
Ni casser la voix mais pour péter les artères
Et c’est ainsi chez nous et c’est pareil ailleurs
Tout ce que ce vilain monde a fait de meilleur
Se trouvait là juste pour le plaisir
Ce jour-là je peux dire qu’on s’est fait plaisir
Et une petite fantaisie joyeuse de Rika Zaraï sur un rythme dansant
Vous me permettrez sans façons (très simplement)
De vous présenter ma chanson
Sans chemise, sans pantalon
A quoi bon pousser des hauts cris
Puisque vous chanterez aussi
Sans chemise, sans pantalon.
Ce soir nous irons danser
Sans chemise, sans pantalon
Ce soir nous irons danser
Sans chemise, sans pantalon
Puisque l’on vient au monde tout nu
Tout le reste c’est du superflu
Les chemise, les pantalons
Sont là des signes extérieurs
De richesse pour le percepteur
Sans chemise, sans pantalon
Chère Madame si votre mari
Est un peu paresseux au lit
Sans chemise, sans pantalon,
Ne le laissez pas s’endormir
Au lieu de pousser des soupirs
Sans chemise, sans pantalon.