La coccinelle est un petit insecte de l’ordre des coléoptères, et de la famille des coccinellidae. Le naturaliste suédois Linné, dans ses classifications du Système de la Nature, l’a ainsi nommée en 1740 d’après le latin coccinella, sur la base de l’adjectif coccinus qui désigne la couleur rouge écarlate.
Nous disons la coccinelle, du genre féminin. Il est difficile d’expliquer le genre grammatical attribué aux insectes. Les entomologues, c’est-à-dire les spécialistes de l’étude des insectes, semblent ne pas s’intéresser à ce sujet de masculin ou féminin. Il ne s’agit pas d’une précision concernant le sexe, comme pour le cheval ou la jument, le bélier ou la brebis, le chien ou la chienne. On dit la coccinelle, la mouche, la guêpe. On dit le moustique, le cafard, le papillon, en ajoutant mâle ou femelle si l’on veut préciser pour une raison scientifique.
Concernant la prononciation de la lettre c quand elle est doublée dans un mot, il s’agit de voir si le deuxième c est suivi d’une voyelle molle, i ou e, ou bien d’une voyelle dure, a, o, u. C suivi de i ou de e se prononce ci ou ce. On dit :
avoir un accident
avoir accès à quelque chose
pouvoir accéder à un parking gratuit
tandis que devant une voyelle dure (a, o, u) les deux c se prononcent k:
Après la tempête, il y a une accalmie, le vent et la pluie se calment.
Entre amis on se serre dans les bras, on se donne l’accolade.
La récolte des olives est désastreuse cette année, en l’occurrence (dans ce cas) le prix de l’huile va augmenter.
Dans l’imaginaire populaire
La petite coccinelle, pour des raisons, est plutôt aimée. Elle est aimée des enfants. Elle ne pique pas, elle chatouille plutôt en atterrissant sur vos bras avant de s’envoler très vite. Les enfants connaissent une comptine pour chanter la coccinelle qui porte bonheur :
Coccinelle, vole, vole, il fera beau demain.
On appelle parfois la coccinelle la bête à bon dieu. En l’occurrence, les avis sont partagés. Certains attribuent ce surnom aux jardiniers auxquels elle rend service en mangeant les pucerons sur les feuilles des légumes et sur les fleurs, en particulier sur les tiges des rosiers.
D’autres présentent une légende selon laquelle ce surnom remonterait au Xe siècle.

Robert II (972-1031) par Merry Joseph Blondel (1837) © Domaine public
Un homme condamné à mort pour meurtre allait être décapité lorsqu’une coccinelle s’est posée sur son cou. Le bourreau la chassait bien mais elle revenait à chaque fois. Le roi Robert II (972-1031), présent pour l’exécution, y vit une intervention divine et gracia l’homme. Quelques jours plus tard, on trouva le vrai meurtrier.
Les coccinelles les plus courantes en France sont rouges à taches noires. Il existe un autre insecte rouge et noir, abondant, réputé inoffensif, c’est le pyrrhocore, rouge comme le feu, avec aussi des taches noires. Le pyrrhocore est aptère, c’est-à-dire qu’il n’a pas d’ailes. On retrouve dans ce nom savant la racine grecque pyrrh comme dans un pyromane, la pyromanie, c’est-à-dire la fascination pour le feu; la tentation d’allumer des feux.

Les pyrrhocores sont des insectes grégaires, c’est-à-dire qu’ils vivent en groupes, parfois très nombreux, qui s’exposent de préférence au soleil. Ils n’ont guère de prédateurs car leur organisme contient une substance toxique signalée, aux oiseaux par exemple, par la couleur rouge.
On appelle aussi familièrement le pyrrhocore aptère le gendarme par assimilation aux couleurs, le rouge et le noir des uniformes des gendarmes de la garde des rois du 17e et 18e siècles. Le mot gendarme, quant à lui, vient de l’ancien français « des gens d’armes », des hommes armés.

De fait, les couleurs du gendarme, l’insecte, sont une tactique efficace pour se protéger.
La Tactique du gendarme
Bourvil, artiste, acteur, chanteur a interprété La tactique du gendarme avec humour et finesse. Car, comme dans de nombreux pays, on a tendance à se moquer des gendarmes. On les dit souvent maladroits. Mais ils ont pourtant une tactique subtile. Leur uniforme indique qu’ils sont armés, mais ce n’est pas tout…
Un gendarme doit avoir de très bons pieds
Mais c’est pas tout, mais c’est pas tout
Il lui faut aussi de la sagacité
Mais c’est pas tout, mais c’est pas tout
Car ce qu’il doit avoir, et surtout,
C’est de la tactique, de la tactique dans la pratique.
Comme la montre a son tic tac, le gendarme a sa tactique
Attendez un peu que je vous explique
La taca-taca-taca-tac-tactique du gendarme
C’est de bien observer sans se faire remarquer
La taca-taca-taca-tac-tactique du gendarme
C’est d’avoir, avant tout, les yeux en face des trous
Contravention
Allez, allez
Pas de discussion
Allez, allez
Exécution
Allez, allez
Je connais le métier
La taca-taca-taca-tac-tactique du gendarme
C’est de verbaliser avec autorité
Il y a ceux qui n’ont pas de plaque à leur vélo(à l’époque les vélos devaient porter une plaque d’immatriculation)Mais c’est pas tout, mais c’est pas tout
Faut courir après tous les voleurs d’autos
Mais c’est pas tout, mais c’est pas tout
Les gens disent
“Ah, les gendarmes, quand on a besoin d’eux, ils ne sont jamais là”
Je réponds du tac au tac, car pensez, j’ai ma tactique
“Attendez un peu que je vous explique”
La taca-taca-taca-tac-tactique du gendarme
C’est d’être toujours là quand on ne l’attend pas
La taca-taca-taca-tac-tactique du gendarme
C’est d’être perspicace sous un petit air bonasse(un peu bête et cool, gentil)Contravention
Allez, allez
Pas de discussion
Allez, allez
Exécution
Allez, allez
Je connais le métier
La taca-taca-taca-tac-tactique du gendarme
C’est d’être constamment à cheval sur le règlement(c’est-à-dire ‘appliquer rigoureusement la loi sans faire de concessions’)
Le Rouge et le Noir de Stendhal
Le titre du roman indique l’opposition entre le rouge comme la couleur des habits de l’armée, et le noir pour celui des prêtres. Les deux mènent à des carrières bien rémunérées et à une classe sociale en vue. Le roman de Stendhal est une réflexion sur la vie au dix-neuvième siècle.
Cet extrait du chapitre IV du roman de Stendhal, Le Rouge et le Noir, introduit le jeune héros, Julien Sorel qui hésite entre l’armée, sa passion pour Napoléon, et le clergé. Fils d’un charpentier, il étudie le latin en vue d’entrer au séminaire pour faire une carrière ecclésiastique, après avoir renoncé à des rêves de gloire militaire. Son père vient lui annoncer que M. de Rênal, le maire du village, souhaite l’engager comme précepteur de ses enfants.
(On sait que Julien tombera amoureux de Madame de Rênal, mais voyons déjà l’importance pour lui de s’élever socialement)
En approchant de son usine, le père Sorel appela Julien de sa voix de stentor ; personne ne répondit. Il ne vit que ses fils aînés, espèce de géants qui, armés de lourdes haches, équarrissaient les troncs de sapin qu’ils allaient porter à la scie. Tout occupés à suivre exactement la marque noire tracée sur la pièce de bois, chaque coup de leur hache en séparait des copeaux énormes. Ils n’entendirent pas la voix de leur père. Celui-ci se dirigea vers le hangar ; en y entrant, il chercha vainement Julien à la place qu’il aurait dû occuper, à côté de la scie. Il l’aperçut à cinq ou six pieds plus haut, à cheval sur l’une des pièces de la toiture. Au lieu de surveiller attentivement l’action de tout le mécanisme, Julien lisait. Rien n’était plus antipathique au vieux Sorel ; il eût peut-être pardonné à Julien sa taille mince, peu propre aux travaux de force, et si différente de celle de ses aînés ; mais cette manie de lecture lui était odieuse : il ne savait pas lire lui-même.
Ce fut en vain qu’il appela Julien deux ou trois fois. L’attention que le jeune homme donnait à son livre, bien plus que le bruit de la scie, l’empêcha d’entendre la terrible voix de son père. Enfin, malgré son âge, celui-ci sauta lestement sur l’arbre soumis à l’action de la scie, et de là sur la poutre transversale qui soutenait le toit. Un coup violent fit voler dans le ruisseau le livre que tenait Julien ; un second coup aussi violent, donné sur la tête, en forme de calotte, lui fit perdre l’équilibre. Il allait tomber à douze ou quinze pieds plus bas, au milieu des leviers de la machine en action, qui l’eussent brisé, mais son père le retint de la main gauche comme il tombait.
« Eh bien, paresseux ! tu liras donc toujours tes maudits livres, pendant que tu es de garde à la scie ? Lis-les le soir, quand tu vas perdre ton temps chez le curé, à la bonne heure. »
Julien, quoique étourdi par la force du coup, et tout sanglant, se rapprocha de son poste officiel, à côté de la scie. Il avait les larmes aux yeux, moins à cause de la douleur physique que pour la perte de son livre qu’il adorait.
« Descends, animal, que je te parle. » Le bruit de la machine empêcha encore Julien d’entendre cet ordre. Son père qui était descendu, ne voulant pas se donner la peine de remonter sur le mécanisme, alla chercher une longue perche pour abattre des noix, et l’en frappa sur l’épaule. A peine Julien fut-il à terre, que le vieux Sorel, le chassant rudement devant lui, le poussa vers la maison. Dieu sait ce qu’il va me faire ! se disait le jeune homme. En passant, il regarda tristement le ruisseau où était tombé son livre ; c’était celui de tous qu’il affectionnait le plus, le Mémorial de Sainte-Hélène.