Sauf est l’équivalent de excepté. Ce sont des prépositions qui marquent l’exception.
Devant un nom
Le musée du Louvre est ouvert tous les jours sauf le mardi.
(ou excepté le mardi)Le port du masque est obligatoire en cas de pandémie sauf pour les jeunes enfants.
(ou excepté pour les jeunes enfants)Les végétariens mangent de tout, sauf de la viande.
(ou excepté de la viande)
Devant une phrase, sauf que…
Les stations de ski dans les Alpes sont accueillantes et faciles d’accès, les pistes sont agréables. C’est parfait pour fêter Noël, sauf que la neige n’est pas au rendez-vous chaque année en basse et moyenne altitude.
(ou excepté que la neige n’est pas au rendez-vous chaque année en basse et moyenne altitude)
Sauf si… , sauf quand… (ou excepté si…, excepté quand)
Les chemins de fer français constituent un réseau de transport efficace et confortable sauf quand il y a des grèves et sauf si vous voulez quitter les grands axes de communications.
Sauf, c’est aussi un adjectif qualificatif
dont le féminin est sauve.
Il s’est produit un incendie dans une maison. Heureusement les habitants ont eu la vie sauve grâce à l’efficacité et au courage des pompiers.
Le verbe correspondant est le verbe sauver, « sauver quelqu’un de la noyade, » par exemple.
Attention à ne pas le confondre avec le verbe se sauver qui signifie s’enfuir, fuir pour échapper à un danger.
L’accumulation
Il existe une expression, être sain et sauf, être saine et sauve, qui utilise deux mots ayant pratiquement le même sens. Ainsi:
Les habitants de la maison en flammes sont tous sains et saufs.
On appelle cette figure de style une accumulation. Elle permet d’insister sur ce qu’on dit. Elle n’est pas la seule en son genre. On dit aussi être sûr et certain / sûre et certaine de quelque chose :
Je ne retrouve pas mes clefs de maison; j’étais pourtant sûre et certaine de les avoir mises dans mon sac avant de partir.
Bel et bien :
Je ne vois toujours pas le panneau du village dans lequel je dois me rendre. Je devrais pourtant y être arrivée depuis longtemps d’après mes indications. Je crois que je me suis bel et bien trompée de route.
Être à tu et à toi avec quelqu’un c’est être intime avec une personne, bien la connaître au point de la tutoyer:
L’ENA est l’école nationale d’administration; c’est ce que l’on appelle « une Grande Ecole » en France. Les élèves qui en sortent deviennent des Hauts Fonctionnaires, des ministres, parfois des Présidents de la République. En réalité, qu’ils soient dans le gouvernement élu ou dans l’opposition, ils se connaissent bien et sont à tu et à toi les uns avec les autres depuis leurs années d’étude à l’ENA.
Être honteux et confus :
Pour cela, l’illustration la plus illustre est celle de Jean de La Fontaine, dans l’une de ses fables, Le Corbeau et le Renard, publiée en 1668. Honteux et confus signifie très dépité.
Le corbeau et le renard
Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché*,
Lui tint à peu près ce langage :
« Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »
À ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.alléché = attiré
La mauvaise réputation
Sauf quelque chose, sauf quelqu’un, c’est, le plus souvent, l’exclusion, la mise à l’écart, le rejet, l’ostracisme.
Georges Brassens chante au contraire la tolérance, avec humour. La mauvaise réputation exprime les difficultés qu’il y a à ne pas faire comme tout le monde, comme ceux que l’on appelle, ou qui croient être « de braves gens », des gens normaux, comme tout le monde, quoi ! Brassens, lui, préfère agir à sa guise.
Au village, sans prétention,
J’ai mauvaise réputation
Que je me démène ou que je reste coi*
Je passe pour un je-ne-sais-quoi*
Je ne fais pourtant de tort* à personne
En suivant mon chemin de petit bonhomme*
Mais les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Non, les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde médit de moi*
Sauf les muets, ça va de soi*Le jour du 14 juillet
Je reste dans mon lit douillet*
La musique qui marche au pas*
Cela ne me regarde pas*
Je ne fais pourtant de tort à personne
En n’écoutant pas le clairon qui sonne
Mais les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Non, les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde me montre au doigt*
Sauf les manchots*, ça va de soiQuand je croise un voleur malchanceux
Poursuivi par un cul-terreux*
Je lance la patte* et, pourquoi le taire ?
Le cul-terreux se retrouve par terre
Je ne fais pourtant de tort à personne
En laissant courir les voleurs de pommes
Mais les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Non, les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde se rue sur moi*
Sauf les cul-de-jatte*, ça va de soiPas besoin d’être Jérémie*
Pour deviner le sort qui m’est promis
S’ils trouvent une corde à leur goût*
Ils me la passeront au cou
Je ne fais pourtant de tort à personne
En suivant les chemins qui ne mènent pas à Rome
Mais les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Non, les braves gens n’aiment pas que
L’on suive une autre route qu’eux
Tout le monde viendra me voir pendu
Sauf les aveugles, bien entenduQue je me démène ou que je reste coi = si je m’agite ou si je reste tranquille
un je-ne-sais-quoi = quelqu’un de bizarre
de tort = de mal
mon chemin de petit bonhomme =mon chemin tranquille, à mon rythme
médit de moi = dit du mal de moi
ça va de soi = c’est évident
douillet = confortable
La musique qui marche au pas = la musique des défilés militaires
Cela ne me regarde pas = ne me concerne pas
me montre au doigt = me met à l’index, me blame
les manchots = ceux qui n’ont pas de bras
un cul-terreux = un paysan, c’est méprisant
Je lance la patte = je fais un croche-patte, un croc-en-jambe
se rue sur moi = courre après moi
les cul-de-jatte = ceux qui n’ont pas de jambes
Jérémie = le prophète
à leur goût = qui leur convient