Du point de vue grammatical
Dehors est un adverbe, autrement dit un mot invariable dans son orthographe, qui signifie “à l’extérieur”, par opposition à “dedans” qui veut dire “à l’intérieur”. C’est un adverbe de lieu.
Par exemple:
Notre maison est bien chauffée en hiver, il fait bon dedans, quand bien même il fait très froid dehors.
En dehors de la signification “à l’extérieur”, l’expression “en dehors de…” signifie, “à part”, “indépendamment de…”.
Par exemple:
En dehors de la télévision (à part la télévision), bien des personnes n’ont pas beaucoup de distractions ni d’information de nos jours. C’est dommage.
Dehors est également un nom masculin qui s’emploie au pluriel. “Sous des dehors” veut alors dire “sous des apparences”.
Par exemple:
Sous des dehors calmes et inoffensifs, cette personne* peut s’avérer agressive, voire dangereuse.
*Notez que l’on dit toujours “une personne” (féminin) pour un homme ou une femme.
Au singulier, “un en-dehors” – “des en-dehors” au pluriel, c’est, dans le vocabulaire de la danse classique, un mouvement de rotation de la jambe vers l’extérieur, illustré ci-dessus sur un tableau de Degas.
Concernant la prononciation
Le h permet de dissocier de et or. On prononce dehors:
de – or
sans outrance.
Ou bien, si l’on veut intimer à quelqu’un l’ordre de sortir impérativement, on insistera alors avec véhémence:
Sors d’ici! Allez ouste, dehors! Hors de ma vue!
C’est plutôt violent. Peut-être à l’adresse du chien qui s’approche trop près du plat de saucisses dans la cuisine?
Le hiatus
Dans des mots comme :
dehors
la véhémence
la compréhension
le h évite le mélange des voyelles. Il faut bien marquer la séparation entre des voyelles car nous n’avons pas la prononciation du h aspiré comme en anglais “comprehension”.
La distinction claire des voyelles s’appelle le hiatus, que certains prononcent l’hiatus. Nous avons le même phénomène, sans le h, concernant “un aéroport”, par exemple. Dites au chauffeur de taxi:
à l’ a-é-ro-port, je vous prie
et vous éviterez d’avoir à répéter le mot dix fois pour vous faire comprendre.
Il peut être aussi intéressant d’améliorer votre prononciation au passé composé d’un verbe qui utilise l’auxiliaire avoir.
Par exemple:
l’assassin a avoué son crime
(le in étant appelé une voyelle nasale)
J’ai eu un fâcheux contretemps la semaine dernière, ce qui m’a obligé à annuler l’un de mes rendez-vous à la dernière minute.
En dehors du contexte de la prononciation, un hiatus désigne une interruption, une lacune, un interstice, un écart, une différence. Par exemple:
Il y a un hiatus entre mes rêves et la réalité.
Il y a un hiatus (un manque, une discontinuité) dans tel ou tel raisonnement.
En philosophie
Michel Foucault en 1966 a présenté une conférence intitulée La Pensée du dehors. Un texte resté fameux jusque-là.
Il y est question de la difficulté d’exprimer exactement ce que l’on pense, ou ce que l’on ressent, par le langage des mots, le discours car il y a toujours une distance, un résidu entre le mot et l’idée.
Dans la partie de la conférence intitulée “L’expérience du dehors”, Foucault se demande comment effectuer le passage de la pensée au “dehors”. Le langage discursif échappe en effet au mode d’être de la pensée profonde, il se décale et devient trop bavard. Foucault évalue d’autres formes d’expression que le discours parlé ou écrit, pour déterminer l’expérience du dehors. Une autobiographie ne saurait être exacte, par exemple, tandis qu’en peinture, l’autoportrait, chez Münch, Picasso, se révèle au plus près du “dedans” de son sujet. La musique aussi, composition et exécution comprise, est adéquate pour “passer hors de soi”.
Illustration : DEHORS par Alain Bashung
Bashung, chanteur de l’espace intérieur, considère dans cette chanson le risque de s’ouvrir au monde et de sortir de son enfermement personnel.
Il occupe une place à part dans le panthéon de la chanson française. On parle d’identité brouillée chez lui, morcelée, accidentée et territorialisée, Vercors, Tchernobyl, Ostende ou Rio Grande. Bashung est un « grand voyageur » de l’intimité. Il ne cesse de repousser les frontières de l’espace intérieur.
France Culture
Dehors
Le lièvre court la hase
Dehors
Tout le monde dehors
J’embrase mon terrier*
(*j’embrase = verbe embraser, pas « embrasser », je mets le feu à, je détruis)
J’annule le chambre à part*
(*le chambre à part – le fait de faire chambre à part, quand un couple a chacun sa chambre)
Je sors me joindre à l’affluence
Me poser sur la branche
Au risque de me trouver
A l’étroit
Faudra se serrer
Comme une forêt vierge
Faudra se mêler
Nos lianes infinies
Dehors
La flore est à l’orage
Dehors
La peur de l’eau qui dort
Je prépare mes hameçons
Mon bouchon et consorts
Ça mord, ça fout l’effervescence
Au gardon à la tanche
Au risque de me trouver
Devant toi
Faudra se serrer
Comme une forêt vierge
Faudra se mêler
Nos lianes infinies
Effet de serre
Ma vie sous verre
S’avère ébréchée
Faudra se serrer
Comme une forêt vierge
Faudra se mêler
Nos lianes infinies
An English translation of the lyrics is available here, but be careful, it’s not perfect (see the note above concerning embraser / embrasser)