Il était une fois un couple de bûcherons qui avait sept enfants. Le plus jeune était né si petit qu’au premier jour de sa vie, sa taille ne dépassait pas celle d’un pouce. On l’appela donc le Petit Poucet.
Charles Perrault (1628-1703) est l’auteur de contes merveilleux qui ont bercé notre jeunesse: Le petit chaperon rouge, Cendrillon, La belle au bois dormant, Le chat botté, Le petit Poucet, et d’autres encore, publiés en 1697 sous le titre Contes de ma mère l’Oye.
Charles Perrault entraîne l’imaginaire des enfants en commençant ses récits par l’expression Il était une fois… suggérant qu’il s’agit d’une histoire vraie, ce qui la rend captivante.
Si Perrault a parfois travaillé lui-même d’après Boccace, il a moralisé les histoires pour les enseigner aux enfants et mettre ces derniers en garde contre les mauvais comportements comme dans le Petit chaperon rouge.
C’est qu’on ne riait pas à cette époque. Les versions modernes, de Disney par exemple, édulcorent le texte original. Alors que Disney invente une fin où des chasseurs ouvrent le ventre du loup pour récupérer les victimes encore en vie, dans le texte original de Perrault le loup dévore irrémédiablement le Chaperon rouge, et aussi la gentille grand-mère, infligeant par là une double peine à l’enfant désobéissante. La faute ne pardonne pas. Il y a des sanctions.
Scientifiquement
Ces “contes pour enfants” intéressent sérieusement des adultes qui les analysent
Bruno Bettelheim a écrit Psychanalyse des contes de fées à l’usage de la psychologie de l’enfance.
Pierre Péju, en réponse à Bettelheim, est l’auteur de La petite fille dans la forêt des contes. Pour une poétique du conte : en réponse aux interprétations psychanalytiques et formalistes
Au plan des arts
Les contes de Perrault ont inspiré des gravures à Gustave Doré. Voici une illustration du “Chat botté” fidèle à la lettre moralisatrice de Charles Perrault, et aux dangers apocalyptiques qui nous incitent à rester dans le droit chemin.
Maurice Ravel a composé des musiques pour Le Petit Poucet et une pavane de La belle au bois dormant
Grammaire, syntaxe et sémantique
Et si nous décomposions l’expression Il était une fois?
IL
C’est ici un pronom personnel, à la troisième personne du singulier, qui est appelé pronom impersonnel du fait qu’il ne représente pas une personne, c’est-à-dire quelqu’un (il ou elle).
Comme dans les expressions suivantes
Il faut comprendre cela
Il fait froid
Il y a eu un beau spectacle de coucher de soleil hier soir
Il manque de l’eau dans ce vase, donc il faudrait en rajouter sinon il serait dommage que d’aussi belles roses fanent.
ÉTAIT
Ces contes font peur aux enfants, comme nous l’avons dit plus haut. Et donc l’imparfait Il était représente à la fois une affirmation de réalité, par le verbe être, dans le Petit Poucet, par exemple, et aussi la proposition rassurante que cela c’est du passé, c’était il y a très longtemps, on ne sait pas très bien quand ni où.
Il était une fois* des parents qui décidèrent d’abandonner leurs enfants dans la forêt.
Cela est effroyable, n’est-ce pas, ça fait peur? Mais l’une des caractéristiques de l’imparfait est justement de dire les choses de manière imparfaite, imprécise, pour raconter des histoires à dormir debout, c’est-à-dire des choses qui n’arrivent pas vraiment, ou plus… pourvu que l’on soit sage…
*Sachez que l’on peut dire aussi : Il y avait une fois des parents qui…
UNE FOIS
a ici le sens temporel de un jour, une situation occasionnelle, passée, ou future d‘ailleurs, par exemple, ma maison est en grand désordre, il va falloir que je range tout ce bordel un jour ou l’autre! Un bordel est un mot du langage familier, disons très familier, mais pas forcément grossier, autrefois cela désignait ce qu’on appelait une maison close, c’est-à-dire une maison de prostitution. Une fois se construit avec la conjonction où
Une fois (un jour) où je me promenais sur les bords de la rivière, un gros poisson a sauté sous mes yeux.
ou avec la conjonction que
Une fois (un jour) que je me promenais…
Bien sûr une fois, deux fois, trois fois, exprime aussi la fréquence.
Je ne mange qu’une fois par jour, de préférence en milieu de journée.
Notez enfin que le conte, celui que l’on que l’on raconte, s’écrit différemment de son homonyme comptable, faire les comptes, la comptabilité, et le verbe compter.
Des homonymes se prononcent pareil mais ils ont des sens différents et s’écrivent différemment.
Différemment aussi de monsieur le comte et sa comtesse, le noble Comte de Monte Cristo, conté par Alexandre Dumas, par exemple.
C’est tout pour cette fois!
Et pour se dire au revoir en musique, un écho du groupe Il était une fois?
J’ai encore rêvé d’elle
C’est bête, elle n’a rien fait pour ça
Elle n’est pas vraiment belle
C’est mieux, elle est faite pour moi
Tout en douceur Juste pour mon coeur