Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) appartient au XVIIIème siècle, appelé Le siècle des Lumières, dont il reste une figure majeure. Il a laissé une œuvre conséquente en tant que philosophe, écrivain, musicien, sociologue.
Il est l’auteur, notamment, du Contrat social, du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, du Discours sur les sciences et les arts, de l’Essai sur l’origine des langues, des Confessions, de l’Emile ou De l’éducation, de Julie ou la Nouvelle Héloïse, des Rêveries du promeneur solitaire.
Encensé, mais aussi violemment haï de son vivant, il finit par entrer, en 1794, au Panthéon, dont la devise est Aux grands hommes, la patrie reconnaissante. Jean-Jacques, comme l’appellent ceux qui l’affectionnent, prétendait, et c’était sa devise, « consacrer sa vie à la vérité », reprenant la formule du poète latin Juvénal vitam impendere vero.

Rousseau communique ses conceptions dans tous les domaines, sa vision du monde et la place de l’humanité. Son ouvrage Les rêveries du promeneur solitaire condense ses positions au soir de sa vie. En retrait des débats et des grandes idées humanistes, brillantes, des Lumières européennes, il prend des chemins de traverse à la campagne et nous entraîne dans des promenades – il y en a une dizaine dans le livre. On lit dans la septième promenade:
J’ai pensé quelquefois assez profondément, mais rarement avec plaisir, presque toujours contre mon gré et comme par force: la rêverie me délasse et m’amuse, la réflexion me fatigue et m’attriste; penser fut toujours pour moi une occupation pénible et sans charme. Quelquefois mes rêveries finissent par la méditation, mais plus souvent mes méditations finissent par la rêverie; et, durant ces égarements, mon âme erre et plane dans l’univers sur les ailes de l’imagination, dans des extases qui passent toute autre jouissance. … Les arbres, les arbrisseaux, les plantes, sont la parure et le vêtement de la terre. Rien n’est si triste que l’aspect d’une campagne nue et pelée, qui n’étale aux yeux que des pierres, du limon et des sables. Mais, vivifiée par la nature, et revêtue de sa robe de noce, au milieu du cours des eaux et du chant des oiseaux, la terre offre à l’homme, dans l’harmonie des trois règnes, un spectacle plein de vie, d’intérêt et de charmes, le seul spectacle au monde dont ses yeux ne se lassent jamais.
Jean-Jacques est un prénom composé de deux prénoms séparés par un trait d’union
Les prénoms composés sont de nos jours très courants, toutefois, cela n’a pas toujours été le cas. Rémi Marcel écrit:
Les premiers prénoms composés nous sont apparemment venus d’Espagne sous le règne de Louis XIV, alors que notre pays avait beaucoup de contacts avec la péninsule Ibérique. Le trait d’union devant réunir les deux prénoms est apparu assez tardivement, nous l’avons noté en Berry -une province située au coeur de la France- pour la première fois en l’An II d’après le calendrier révolutionnaire (aujourd’hui 1793) à Bourges pour une enfant trouvée nommée Françoise-Narcisse, prénoms des témoins. Cette pratique avait été assez courante lors des baptêmes où l’on usait facilement à la fois du prénom du parrain et de celui de la marraine.
Rémi Marcel, L’abandon et la charité en Berry jusqu’après la Révolution : avec répertoire thématique et alphabétique des appellations, Cercle généalogique du Haut-Berry, 1990
De fait, l’acte de baptême de Rousseau le présente comme Jean Jaques.

Une loi édicte maintenant l’obligation d’écrire sur les documents administratifs officiels un prénom composé avec un trait d’union, les autres prénoms attribués sont séparés par des virgules. Par exemple: Marie-Jeanne, Isabelle, Anne-Laure Dupont.
Les surnoms et les diminutifs de prénoms
Il y a le nom de famille, le prénom, le surnom (souvent attribué d’après un trait de caractère ou une particularité, physique ou autre, comme ‘la grande’, ‘le gros’) et il y a le diminutif, c’est-à-dire le prénom raccourci. Il est très fréquent que le diminutif, souvent donné au jeune enfant affectueusement, double une syllabe du prénom. Ainsi Gérard devient-il Gégé, Lucien donne Lulu, Richard est Riri, Philippe ou Firmin deviennent Fifi, Louis Loulou.
Une illustration
Concernant les diminutifs, reprenons les triplés des dessins animés créés dans les studios Disney en 1937: Riri, Fifi, Loulou (En anglais Huey, Dewey and Louie Duck). Ce sont les Castors Juniors, pardi !
Chantal Goya chante pour les enfants une chanson qui met en scène l’oncle Picsou (uncle scrooge), l’oncle Donald et leurs trois neveux.
Ils courent partout pour attraper les Rapetous
Qui volent toujours tous les sous de l’oncle Picsou
Ils font des pommades quand il est malade
Afin de guérir l’oncle Donald
Ils font la cuisine et tout le reste à la maison
Mieux que leur cousine, ils repassent les pantalons
Enlèvent la moquette pour faire des claquettes
Quand ils organisent une petite fête
Riri, Fifi, Loulou
Soyez gentils et surtout soyez sages
Riri, Fifi, Loulou
Car tous les autres enfants de votre âge
Riri, Fifi, Loulou
Rêvent de ressembler à votre image
Ils font du sport et des efforts
Pour être des Castors Juniors
Quant à Rousseau, la description bucolique de Jean-Jacques dans la septième promenade ci-dessus nous rapproche de celle du peintre Henri Rousseau (1844-1910), autodidacte en peinture, admiré par les avant-gardistes, surnommé Le douanier Rousseau, parce qu’il était douanier de profession.

Voici interprété par La Compagnie Créole, Vive le douanier Rousseau
Bonjour, bonjour, je viens vous inviter
Laissez tout tomber, on va embarquer
Pour un pays qui va vous enchanter,
Vous embéguiner*, laissez-vous tenter
C’est une île perdue au milieu de l’océan
Un jardin merveilleux, un spectacle permanent
C’est comme dans les
Comme dans les
Comme dans les tableaux du Douanier Rousseau
Y a des perroquets bleus qui boivent du lait d’coco
Comme dans les tableaux du Douanier Rousseau
Y a des poissons tropicaux pleins d’piquants sur le dos
Oh ohoh, ohoh, ohoh
La nuit tombée si vous le voulez
On ira canoter sous les palétuviers
Aucun danger, on peut s’y baigner
Là-bas, les crocodiles sont bien intentionnés
Au clair de la lune, dans la forêt endormie
Des ombres félines se dessinent par magie
C’est comme dans les
Comme dans les
Comme dans les tableaux du Douanier Rousseau
Y a des soleils de feu cachés dans les roseaux
Comme dans les tableaux du Douanier Rousseau
Y a des petits singes amoureux qui jouent les Roméo
Oh ohoh, ohoh, ohoh
*vous allez tomber amoureux de ce pays