En voici deux pour le prix d’un, comme on dit. Un N majuscule au début du prénom, un n minuscule à la fin.
Napoléon, ce n’est pas que la Bérézina
L’expression très usuelle « C’est la Bérézina » fait référence à la déroute de l’armée napoléonienne en 1812. A cette date, Napoléon dirige ses troupes face aux Russes, vers Moscou. Mais c’est une erreur de la part de l’Empereur car il se trouve bloqué devant une rivière infranchissable, nommée Bérézina. L’armée subit beaucoup de pertes, et le froid, et la famine. Cette situation a donné cette expression pour qualifier une situation catastrophique.
Laissant respectueusement le général Bonaparte et ses campagnes guerrières aux historiens, tournons-nous plutôt vers le rôle, parfois méconnu, qu’il a joué ou inspiré dans les Sciences, les Arts et les Lettres.
Les sciences
Napoléon possède une passion sincère pour les sciences. N’écrit-il pas?
Si je n’étais pas devenu général en chef… je me serais jeté dans l’étude des sciences exactes. J’aurais fait mon chemin dans la route des Galilée, des Newton. Et puisque j’ai réussi constamment dans mes grandes entreprises, eh bien, je me serais hautement distingué par des travaux scientifiques. J’aurais laissé le souvenir de belles découvertes. Aucune autre gloire n’aurait pu tenter mon ambition.
Le théorème de Napoléon
Bonaparte a été élu membre de l’Institut des Sciences, il s’intéressait aux recherches scientifiques et fréquentait les savants. Il laisse par exemple son nom attaché au théorème, dit de Napoléon. Il s’agit d’un théorème de géométrie portant sur des triangles équilatéraux construits à partir d’un triangle quelconque.
Si A, B, C est un triangle quelconque et si A’, B’, C’ sont les centres des triangles équilatéraux construits sur les côtés de ABC. Alors A’B’C’ est un triangle équilatéral.
Le dit « problème de Napoléon »
Lors de la campagne d’Italie, Bonaparte rencontre le géomètre italien Lorenzo Mascheroni (1750-1800) qui lui expose le problème suivant : On se donne un cercle dont le centre n’est pas tracé. Comment retrouver ce centre à l’aide du compas uniquement ?
De retour de campagne, Napoléon propose une solution. Lorsque Lorenzo Mascheroni publie sa Géométrie du compas, ouvrage dans lequel il étudie les constructions au compas seulement, au livre dixième, intitulé « Des centres », il fait une démonstration différente, qui n’invalide pas pour autant celle dite de Napoléon.
Le système des poids et mesures
Devenu Premier consul, Napoléon Bonaparte impose par décret le système décimal des poids et mesures, le 18 germinal de l’an III de la République dans le calendrier révolutionnaire correspondant au 7 avril 1795.
Jusque là, il existait dans les régions en France de très nombreuses unités de mesures différentes. Beaucoup étaient en rapport avec la morphologie humaine: le pouce, la palme, le pied, la coudée, le pas, la brasse, la toise. Et il fallait payer en livres dont chacune contenait 20 sols, la sol elle-même équivalant à 12 deniers. La confusion empêchait la bonne circulation des produits sur les marchés entre les régions alors que l’unification des mesures en système décimal a permis davantage de justesse, et de justice. Le système s’est étendu à l’Europe.
Le système métrique
Le système métrique, c’est le mètre, lequel est alors défini comme le 10 millionième du quart de méridien terrestre. On fit un mètre étalon de référence afin de reproduire tous les mètres suivants. Une quinzaine de ces mètres étalons ont été installés dans les rues de Paris pour que les gens puissent venir mesurer à quoi cela correspondait. Il reste 2 de ces mètres sur les murs de la capitale, l’un en face du Sénat et l’autre sur la place Vendôme.
Les Arts
Le cinéma
Le cinéma, appelé aussi le septième art dans un système de classement des arts (le premier art étant l’architecture, puis la sculpture, etc.) a mis Bonaparte à l’affiche. Abel Gance, sous le titre Napoléon vu par Abel Gance, réalise en 1927 un film muet d’une durée de sept heures à l’origine, qui a été raccourci et demeure toujours trouvable, considéré comme un chef-d’œuvre du cinéma mondial.

La littérature
Napoléon Ier et sa seconde épouse Marie-Louise Archiduchesse d’Autriche eurent un fils, né à Paris le 20 mars 1811.
Au berceau salué Roi de Rome. Doué de qualités de corps et d’esprit, il fut atteint de phtisie pulmonaire et en mourut en 1832 dans le palais impérial de Schoenbrunn près de Vienne où il demeurait avec sa mère pendant la disgrâce de son père.
Ce fils de Napoléon est passé à la postérité en 1900, dans une pièce de l’auteur aussi de Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand. Cette pièce est intitulée L’Aiglon. Le surnom de l’Aiglon vient d’un poème de Victor Hugo, intitulé Napoléon II, écrit en 1852, par analogie à Napoléon Ier surnommé l’Aigle.
L’Aiglon est un drame en six actes, écrit en alexandrins. Le rôle du jeune duc de Reichstadt (c’était aussi un titre de l’Aiglon) est créé par l’actrice Sarah Bernhardt, « reine de l’attitude et princesse du geste », selon Edmond Rostand, « voix d’or » d’après Victor Hugo.

La pièce fut interdite sous l’Occupation mais elle fut reprise et jouée pendant deux ans consécutifs au théâtre du Châtelet devant des salles combles à partir de la Libération.
Le drame est dominé par le personnage de Flambeau, ancien soldat de la Garde impériale de Napoléon, une des plus brillantes créations de Rostand : la scène où le duc l’écoute avec exaltation évoquer son passé est un des sommets de ‘L’aiglon’, dans le moment où, emporté par sa ferveur napoléonienne, Flambeau laisse percer le grognard sous la livrée de laquais qui lui sert de masque, car il a été envoyé à Schoenbrunn par les bonapartistes français pour le protéger.
(extrait de « Lagarde et Michard » – XX° siècle – Le Théâtre avant 1914)
Des illustrations
Napoléon se rappelle à nous dans un chant à sa gloire
Les lois d’exil sont des lois bannissant d’un pays leurs monarques déchus et les membres de leur famille qui pourraient contester le nouveau pouvoir en place.
En France, la loi d’exil de 1816 bannit la famille Bonaparte du territoire national, et donc de Corse à la déportation de Napoléon à Sainte-Hélène et au changement de gouvernement. Le prince Jérôme-Napoléon, fils du roi Jérôme et neveu de Napoléon, est le premier Bonaparte à revenir à Ajaccio en 1848. Accueilli avec solennité par les autorités, il est porté en triomphe jusqu’à la maison ancestrale. Et dans le défilé qui parcourt la ville, on entend pour la première fois un chant nouveau, l’Ajaccienne, à la gloire éternelle de Napoléon Ier . L’auteur est Jean François Costa (1813-1889).
Réveille-toi, ville sacrée,
Dans ton orgueil et ton amour :
La Sainte Famille est rentrée,
Les exilés sont de retour,
Oh ! les voici, victoire! victoire!
Qu’il soit fêté dans sa maison,
L’Enfant prodigue de la gloire,
Napoléon ! Napoléon !Plus tard, après les Pyramides,
Dans nos murs, il revint encore ;
Avec les mameluks, les guides
Lannes, Murat, l’État-Major,
Lui, portait la capote grise,
Le sabre turc, le chapeau rond,
Avec cette seule devise :
Napoléon ! Napoléon !A genoux, citoyens et frères,
Son ombre descend parmi nous ;
Dans Ajaccio, et sur nos pierres,
Que sur nos places, dans nos rues,
L’on entende plus que ce nom,
Du fond du cœur jusques aux nues
Napoléon ! Napoléon !
Dans un autre genre moins martial
Dans un autre genre moins martial, plus débridé, nous voyons ressurgir la trace de Napoléon, mais cette fois pour lui reprocher la vente de la Louisiane aux Américains.
Il y avait depuis le XVII ème siècle une population francophone établie au nord-est du Canada, en Acadie. Ces gens, les Acadiens, refusaient la colonisation anglaise, et ils ont fini par être chassés et poussés vers le sud, en Louisiane, alors française. Cet épisode est appelé le grand dérangement. Mais en 1803 Napoléon a conscience qu’il ne peut pas défendre la Louisiane face aux Anglais et en organise la vente aux États-Unis dans l’idée que cela posera des problèmes à l’Empire britannique contre les Américains, et que l’argent reçu de la vente lui permettra de poursuivre ses campagnes.
Michel Fugain chante les Acadiens, qui dansent et qui chantent sur des airs du grand Rufus Thibodeaux, revendiqué comme « violoniste acadien » en Louisiane.
Il y a dans le sud de la Louisiane
Et dans un coin du Canada
Des tas de gars, des tas de femmes
Qui chantent dans la même langue que toi
Mais quand ils font de la musique
C’est celle de Rufus Thibodeaux
Ils rêvent encore de l’Amérique
Qu’avait rêvée leur grand-papa
Qui pensait peu, qui pensait pas{Refrain:}
Tous les Acadiens, toutes les Acadiennes
Vont chanter, vont danser sur le violon
Sont Américains, elles sont Américaines
La faute à qui donc? La faute à NapoléonLe coton c’est doux, c’est blanc, c’est chouette
Pour se mettre de la crème sur les joues
Mais ceux qui en font la cueillette
Finissent la journée sur les genoux
Et puis s’en vont faire de la musique
Comme celle de Rufus Thibodeaux
Pour oublier que l’Amérique
C’est plus celle de leur grand-papa
C’est bien changé depuis ce temps-là{Refrain}
Quand ils ont bossé six jours de suite
Pour une poignée de dollars dévalués
Ils montent dans la vieille Oldsmobile
Et foncent dans la ville d’à côté
Pour écouter de la musique
Celle du grand Rufus Thibodeaux
Et pour repeupler l’Amérique
A la manière de grand-papa
Y a plus que ça qui ne change pas
L’Ajaccienne,
En voici deux versions:
Joachim Leyronnas
Tino Rossi