Historiquement
Le rhum est un alcool fabriqué à partir de la canne à sucre, laquelle est décrite pour la première fois connue par un général d’Alexandre le Grand en voyage en Inde comme étant « un roseau indien qui donne du miel sans l’aide des abeilles, à partir duquel on élabore une boisson enivrante ».
La canne à sucre s’est donc implantée historiquement de l’Orient vers l’Occident.
Le sucre est d’autant plus recherché que des savants arabes découvrent à la fin du premier millénaire les vertus du sirop de sucre pour conserver les qualités des herbes médicinales.
Haute de plusieurs mètres, la canne à sucre a besoin d’un climat tropical: il lui faut beaucoup de chaleur et d’eau qu’elle stocke dans ses tiges. Son jus est riche en sucre, le saccharose. Le nom scientifique, Saccharum officinarum, pourrait avoir donné initialement “rum” en anglais. Toutefois l’étymologie n’est pas clairement attestée. Nous écrivons quant à nous le rhum, en intercalant un h.
L’étymologie
Le h après un r en début de mot est la transcription de l’alphabet grec, dans lequel la lettre r s’écrit comme notre p surmonté d’un signe appelé un esprit rude, écrit comme un c minuscule. Le p surmonté du c minuscule est la lettre rhô : ῥ. On en trouve l’exemple dans l’énoncé de la pensée du philosophe présocratique Héraclite d’Éphèse pour qui le monde est en mouvement perpétuel. Héraclite utilise le verbe couler pour exprimer l’instabilité des êtres en ce monde où, selon lui, « tout coule et rien ne demeure » (tout coule, tout passe, ‘Panta rhei’ – en grec ancien Πάντα ῥεῖ).
Le rhume
En tout cas, à partir de ce verbe couler se trouve l’origine bien attestée d’un mot proche de rhum, c’est le rhume : rheuma, c’est l’eau qui coule. C’est le flux. Lorsqu’on a un rhume, on a le nez qui coule, comme on dit. Les verbes associés sont être enrhumé, attraper un rhume, prendre froid. Par exemple:
Je suis enrhumée parce que j’ai pris froid en attendant le bus sous la pluie hier soir. J’ai attrapé un gros rhume, mais ce n’est pas contagieux. Pas de soucis. Cela devrait vite passer.
Qu’est-ce qu’un rhume? Le docteur Troalen, médecin généraliste dans la région parisienne explique que
le terme rhume n’est pas un nom de maladie. C’est un terme populaire, qui souvent désigne un peu toutes les infections respiratoires. En médecine, on parle d’une rhinite (une inflammation de la muqueuse du nez) ou d’une rhinopharyngite (une inflammation du nez et du niveau supérieur du pharynx).
Ainsi, les terminaisons des mots en -ite marquent une infection, une rhinite, comme citée par le docteur ci-dessus, et aussi une bronchite, une infection des bronches, une otite concernant les oreilles, une encéphalite, une arthrite. Tandis que le rh en début de mot marque le flux qui coule.
Quant au rhumatisme, il a été ainsi nommé dans l’ancienne pathologie parce qu’on le considérait comme une fluxion venant des parties supérieures. (Notez que l’anglais conserve l’étymologie grecque, et le h après le r: “rheumatism”). Une fluxion est un afflux de sang ou d’autres liquides dans l’organisme.
Plus poétiquement
Êtes-vous sensible au rhume des foins (hay fever)? Il se manifeste chaque année au printemps et touche les personnes allergiques au pollen ou à la poussière.
Atchoum!
c’est le bruit que l’on fait, en français, lorsqu’on éternue (verbe éternuer). Atchoum, c’est aussi le nom d’un nain dans le conte de Blanche Neige écrit par Jacob Grimm, conteur, linguiste, philologue allemand, connu pour avoir rassemblé des contes européens avec son frère Wilhelm.
Atchoum (Sneezy en anglais) est le nain perturbateur. À chacun de ses formidables éternuements, il provoque un tsunami et les reproches des autres nains contre lui. C’est triste car ce n’est pas de sa faute.
Nous sommes plus conciliants. Nous disons à vos souhaits, ou même à vos amours. Les comportements varient avec le temps… À ce propos j’ai retrouvé le texte original des frères Grimm, la traduction.
Dans ce texte original, les nains forment une communauté soudée. Ils vivent ensemble du même labeur, l’extraction de diamants. Lorsqu’ils trouvent Blanche Neige endormie sur leurs lits, une bonne idée leur vient… Oui, ils vont la recueillir!
Elle leur raconta que sa méchante belle-mère avait voulu la faire mourir, mais que le chasseur lui avait laissé la vie sauve et qu’elle avait couru toute la journée sans s’arrêter, jusqu’au moment où elle avait trouvé leur maisonnette.
– Veux-tu prendre soin de notre ménage? lui demandèrent les nains. Tu ferais la cuisine, les lits, la lessive, la couture, le tricot, et si tu tiens tout bien propre et bien en ordre, nous pourrions te garder avec nous et tu ne manquerais de rien.
– Oh! oui, de tout mon coeur! dit Blanche-Neige. Et elle resta avec eux.
Heureusement que les mentalités ont évolué, non? Humm…
Un salut aux Antilles avec Georges Moustaki
Donne du rhum à ton homme – Georges Moustaki
Donne du rhum à ton homme
Du miel et du tabac
Donne du rhum à ton homme et tu verras comme
Il t’aimera.Y a des filles sur le port
Si belles et si gentilles
Tout sourire dehors
Sentant bon la vanille
Et ton homme n’est pas de bois
Il les regarde d’un œil tendre
Si tu veux le garder pour toi
Donne, donne-lui sans attendre.
{Au Refrain}
Il te donnera des bijoux
Des colliers qui scintillent
Qu’il ramène du Pérou
De Cuba des Antilles
Mais pour te donner de l’amour
Faut qu’il se repose du voyage
Avant de lui offrir à ton tour
Tous les trésors de ton corsage
{Au Refrain}
Quelle nuit que cette nuit-là
On en parle dans la ville
Même on exagéra
Sa tendresse virile
Car pour l’heure il est fatigué
Il sombre dans la somnolence
Dès que tu l’auras réveillé
Si tu veux que ça recommence.
{Au Refrain}
Quand il va repartir
Te laissant pauvre fille
Seule avec le souvenir
Et le collier de pacotille
Au moment de vous séparer
Pour des mois de longues semaines
Donne-lui bien sûr des baisers
Mais si tu veux qu’il te revienne
Donne du rhum à ton homme
Et tu verras… il reviendra