Sur le plan littéraire, Nana est fille de l’écrivain Emile Zola.
Emile Zola (1840 -1902) est l’auteur d’une saga familiale Les Rougon-Macquart. Le sous-titre de cette très longue histoire, comprenant 20 romans écrits entre 1870 et 1893, est Histoire naturelle et sociale. Zola a dit vouloir décrire l’influence du milieu social, au Second Empire, sur les comportements éthiques, en insistant sur les tares héréditaires d’une famille au cours de 5 générations.
Nana est le neuvième de ces vingt romans, dans lequel le personnage d’Anna Coupeau, dite Nana, est une courtisane, c’est-à-dire une belle jeune femme entretenue par des hommes riches qu’elle ensorcèle. On voit tout le travail comme une vengeance du petit peuple sur l’aristocratie. Fauchery est un journaliste au service d’un directeur de théâtre. Il voit Nana, alors actrice, dans le rôle de ‘la mouche d’or’ pour la première fois sur scène. Emile Zola la lui fait présenter en ces termes:
La chronique de Fauchery, intitulée « La mouche d’or », était l’histoire d’une fille, née de quatre ou cinq générations d’ivrognes, le sang gâté (infecté) par une longue hérédité de misère et de boisson, qui se transformait chez elle en un détraquement nerveux de son sexe de femme. Elle avait poussé (grandi) dans un faubourg, sur le pavé parisien ; et, grande, belle, de chair superbe ainsi qu’une plante de plein fumier (un engrais de déjections animales), elle vengeait les gueux (les miséreux) et les abandonnés dont elle était le produit. Avec elle, la pourriture qu’on laissait fermenter dans le peuple remontait et pourrissait l’aristocratie. Elle devenait une force de la nature, un ferment de destruction, sans le vouloir elle-même, corrompant et désorganisant Paris entre ses cuisses de neige, le faisant tourner comme des femmes, chaque mois, font tourner le lait (au moment des menstruations, c’était une croyance populaire). Et c’était à la fin de l’article que se trouvait la comparaison de la mouche, une mouche couleur de soleil, envolée de l’ordure, une mouche qui prenait la mort sur les charognes tolérées le long des chemins, et qui, bourdonnante, dansante, jetant un éclat de pierreries, empoisonnait les hommes rien qu’à se poser sur eux, dans les palais où elle entrait par les fenêtres.

Trouvez ici le texte intégral de Nana
Cette Histoire naturelle et sociale s’apparente à l’ouvrage d’Honoré de Balzac (1799-1850), La comédie humaine, dont un grand morceau, publié entre 1838 et 1847, se nomme Splendeur et misère des courtisanes.
Sur le thème des courtisanes, nous trouvons, à peu près à la même époque, le roman d’Alexandre Dumas fils, La Dame aux camélias, publié en 1848. Alexandre Dumas fréquenta un temps Marie Duplessis, dite La Dame aux camélias. À partir de ce roman Giuseppe Verdi composera La traviata, opéra en trois actes, créé en 1853 à La Fenice de Venise.
La postérité du mot
A la suite du roman de Zola, le mot « une nana » est entré dans le vocabulaire de la prostitution, c’est devenu un nom commun pour désigner une fille prostituée sous la protection d’un souteneur.
Mais de nos jours, c’est encore différent. Le terme désigne familièrement une jeune femme. C’est le féminin de « un mec ». Ce n’est pas grossier, c’est familier. Par exemple, dans un échange de propos entre deux mecs:
Viens prendre un pot (un verre) avec nous vendredi soir après le boulot (le travail), je te présenterai ma nana, une chouette nana, vraiment.
On note une évolution comparable concernant le mot « une courtisane ». Le mot avait autrefois un masculin: « un courtisan ». Il s’agissait de gens de familles nobles faisant partie de l’entourage du souverain. Maintenant, celui que l’on traite de courtisan est un homme obséquieux et intéressé.
Quant au féminin « une courtisane », il n’est plus guère utilisé, les temps changent, les mœurs changent. Les mots aussi, comme celui teinté de mépris. On dit « une pute ». De manière plus distinguée « une prostituée ». Pour l’administration « une travailleuse du sexe ».
Mais revenons à nos moutons! (voir E ccomme à refaire)
Un point de grammaire
L’on remarque que, dans des langues, la lettre n est la lettre initiale des mots qui disent non: non, no, niet, nein et la forme vieillie du français « nenni! » encore en vogue d’un air moqueur « que nenni! ». Expression un peu désuète héritée de l’époque médiévale, que l’on dit d’un air amusé.
À l’origine, l’expression était synonyme de « non », aujourd’hui c’est plutôt « Pas du tout ! » « Vous faites erreur ! ».
A titre d’exemple, cette phrase relevée dans le journal Ouest-France. Un journaliste ironise sur le comportement des adeptes du camping, de nos jours, et sur leur besoin, en général, d’être hyperactifs en vacances.
On pourrait croire que le sourire du campeur est indexé sur la courbe du baromètre, que nenni ! Le vacancier n’est plus là pour se bronzer ou paresser, il a une fringale d’activités. « Avant, ils se reposaient une semaine d’une année fatigante, puis prospectaient aux alentours, maintenant ils sont suractifs dès le début ».
Ouest France daté du 04/09/2013.
Nous avons aussi des verbes qui expriment la négation:
Nier, c’est refuser d’admettre:
L’accusé nie avoir commis le crime.
Renier, c’est changer d’opinion:
Le traitre renie sa patrie, le traitre renie ses engagements
Le renégat est celui qui rejette sa religion.
Le double n
Lorsqu’un nom masculin se termine par n comme, par exemple, un musicien, on double le n au féminin:
un musicien, une musicienne
un travail quotidien, une tâche quotidienne
un chien, une chienne
et les pronoms possessifs:
le mien, la mienne
le tien, la tienne
le sien, la sienne
Extraits de la traviata par Pretty Yende et Benjamin Bernheim
Voici un lien pour écouter le rapport de Pretty Yende à la Traviata. Elle y raconte ses doutes, quant à sa capacité d’interprêter le rôle avant vraiment prête à le faire:
Pretty Yende interprète “la Traviata” à Paris | AFP News
Et aussi:
Darla Dirladada
Dans un autre registre la chanson Darla Dirladada, par Les Go Cul-Ture du film culte Les Bronzés (1978). Y’a du soleil et des nanas…