Françoise Le Roux
La Grammaire
Les verbes se conjuguent selon les personnes, c’est-à-dire les pronoms personnels: je, tu, il-elle-on / nous, vous, elles-ils dans cet ordre: première, deuxième, troisième personne du singulier; première, deuxième, troisième personne du pluriel. Les verbes se conjuguent aussi selon des temps grammaticaux, le passé, le présent, le futur. C’est compliqué à maîtriser, car il y a plusieurs temps dans chaque catégorie. Par exemple, au passé, il y a le passé simple, le passé composé, le passé antérieur, et d’autres. Selon le temps grammatical, les terminaisons varient. Elles changent de suffixes. Toutefois il y a des repères. Ainsi, la terminaison en -ez qui concerne la deuxième personne du pluriel est une constante pour tous les verbes à tous les temps, sauf dans quelques cas, très peu de cas et seulement au présent de l’indicatif pour ces verbes à exceptions. Il s’agit des verbes dire, faire et être.
Par exemple: Vous vous dites que la conjugaison de ces trois verbes est bien complexe, vous faites un effort pour comprendre car vous êtes perplexe peut-être.
Concernant les temps, c’est la conjugaison du passé simple qui fait exception. Elle est atypique. La deuxième personne du pluriel est en -âtes, -îtes, -ûtes. C’est donc très repérable. On dit parfois que le passé simple n’est pas ou qu’il est peu utilisé mais il est quand même bien utile de le connaître.
On a coutume de dire, à propos du passé simple, qu’il est un présent dans le passé. Prenons une phrase dans un contexte banal:
Une dame âgée sortait (imparfait) d’un restaurant chic où elle avait dîné (plus-que-parfait) en bonne compagnie, quand l’orage se déchaîna (passé simple) subitement. Elle eut la chance d’apercevoir un taxi auquel elle fit signe. La voiture stoppa aussitôt devant elle.
C’est une caractéristique du passé simple de désigner une action ponctuelle, comme le présent, dans le passé.
Il existe un autre ‘vous’, appelé ‘le vous de politesse’. Quand s’emploit-il? On l’emploie pour s’adresser à quelqu’un que l’on ne connaît pas. On dit alors ‘vouvoyer’ quelqu’un. On vouvoie quelqu’un. On ne lui dit pas ‘tu’.
Ce ‘vous’ de politesse est toujours embarrassant plus ou moins, y compris pour les francophones. Si vous hésitez, essayez de vous adapter au mieux, vous verrez bien si vous choquez ou si vous surprenez, ou voire ( c’est-à-dire ‘ou même’) si vous amusez vos interlocuteurs, ou non. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas un sujet très grave. Et vous aurez vite fait de comprendre, à l’usage, comment cela fonctionne, en prêtant l’oreille, c’est-à-dire en écoutant les autres. En laissant l’initiative à vos interlocuteurs, par exemple.
Voir: Cours Débutant 3 – Elle est jeune mais elle est inconnue de vous «Tu» ou «vous» ?
En revanche, il y a un point d’accord concernant la prononciation: c’est la liaison en z obligatoire devant un mot qui commence par une voyelle, comme vous êtes, vous aurez, etc.
Autre remarque concernant la forme interrogative. Vous pouvez demander à quelqu’un par exemple: “Est-ce que vous avez compris?” ou bien vous pouvez choisir l’inversion du sujet: ‘Avez-vous compris?’ Dans ce cas, remarquez qu’il faut intercaler un tiret (un petit trait) entre le verbe et le pronom personnel.
L’Étymologie
Rechercher l’origine de la terminaison en -ez à la deuxième personne du pluriel, vous, ou au ‘vous’ de politesse, est intéressant. Cela aurait, disent des savants, une étymologie celtique. Les Celtes se sont, il y a très longtemps, installés en Bretagne.
De fait, la Bretagne, au nord-ouest du pays, se dit Breiz en breton. Il nous reste de nos jours la langue celtique, en partage avec d’autres sites gaéliques que sont l’Irlande, l’Ecosse, le Pays de Galles, la Cornouaille.

La civilisation celte avait, outre la langue, un art particulier, assimilé parfois à de l’art abstrait. On retrouve, dans des lieux de fouilles archéologiques, d’abondants objets utilitaires ornés, des bijoux décorés.
Il nous reste également un instrument de musique, le biniou, un instrument à vent. Cet instrument est populaire en Bretagne où il a son festival interceltique dans la ville de Lorient et dans d’autres sites.
Des illustrations
Le biniou a été mis à l’honneur par Emmanuel Macron en 2022 pour ouvrir le défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées avec le bagad de Lann Bihoué. Un bagad est un ensemble de musique bretonne. Celui de la base aéronautique de Lann Bihoué représente la Marine nationale française.
Le Bagad de Lann Bihoué
Le chanteur Alain Souchon chante le grand désenchantement, la grande désillusion d’une vie. Un petit garçon de 8 ans rêvait d’être dans le prestigieux Bagad de Lann Bihoué. Mais la vie en a décidé autrement.
Tu la voyais pas comme ça ta vie Pas d'attaché-case quand t'étais petit Ton corps enfermé, costume crétin (on appelle la tenue formelle ‘un costume cravate’ normalement) T'imaginais pas, je sais bien Moi aussi j'en ai rêvé des rêves, tant pis Tu la voyais grande et c'est une toute petite vie Tu la voyais pas comme ça, l'histoire Toi, t'étais tempête et rocher noir Mais qui t'a cassé ta boule de cristal Cassé tes envies, rendu banal? T'es moche (pas beau) en moustache, en laides sandales T'es cloche (ridicule) en bancal petit caporal de centre commercial Tu la voyais pas comme ça frérot (mon petit frère) Doucement ta vie t'as mis K.-O. T'avais huit ans quand tu te voyais Et ce rêve-là on l'a tous fait Dentelle première et premier chapeau C'est pas toi qui y es C'est pas toi qu'es beau Tambour binaire et premier sabot C'est pas toi qui y es C'est pas toi qu'es beau Dansant Quimper ou Landerneau C'est pas toi qui y es C'est pas toi qu'es beau Soufflant tonnerre dans du roseau C'est pas toi qui y es Dans le bagad de Lann Bihoué
Tonton Nestor
Brassens se sert du passé simple pour rendre sa noblesse à une fantaisie gauloise, à sa gauloiserie, c’est-à-dire à des propos lestes, grivois, osés. Voici ‘Tonton Nestor’ ( Oncle Nestor)
Tonton Nestor Vous eûtes tort Vous avez mis La zizanie Aux noces de Jeannette Je vous l'avoue Tonton, vous vous Comportâtes comme un Mufle achevé Rustre fieffé Un homme du commun Quand la fiancée Les yeux baissés Des larmes pleins les cils S'apprêtait à Dire "Oui da !" A l'officier civil Qu'est-ce qui vous prit Vieux malappris D'aller, sans retenue, Faire un pinçon Cruel en son Éminence charnue Se retournant Incontinent Elle souffleta, flic-flac Le Garçon d'honneur Qui, par bonheur Avait une tête à claque Mais au lieu du "Oui" attendu Elle s'écria : "Maman" Et le maire lui dit "Non, mon petit Ce n'est pas le moment"