Version Ralentie
Il y a pas une chose. C’est évident qu’il faut conjuguer plusieurs approches pour pouvoir essayer de cerner ce qui est spécifique chez lui, mais il y a effectivement un sens de l’observation unique qui le singularise par rapport à l’histoire du genre burlesque, c’est-à-dire faire un comique au plus proche du quotidien, qui, du coup, a une ambition très forte qui est de changer le regard qu’on porte sur le quotidien, hein… Il disait, de manière très, très belle que Playtime, le film, commençait vraiment quand on quittait la salle, c’est-à-dire que Playtime, c’est le temps d’être formé à un autre regard, plus exigeant, plus distancié, plus drôle aussi, et que, du coup, c’est vraiment quand on quitte la salle et qu’on est confronté au réel que ce regard doit s’exercer; ça, ça fait vraiment une spécificité par rapport au genre burlesque, mais il y en a mille autres, à commencer effectivement par tout ce travail sur le son qui est absolument unique et qui lui vaut la reconnaissance éternelle de ses pairs. C’est évident que les cinéastes qui travaillent aujourd’hui sur le son sont des gens qui aiment beaucoup Tati, je pense à Lynch par exemple, mais à d’autres encore.
Stéphane Goudet fait l’éloge du réalisateur/acteur Jacques Tati qui est de retour à l’affiche en ce moment. Son film Playtime vient d’être remasterisé pour sortir dans les salles dans le format de luxe 70mm.
Pour beaucoup de critiques, Playtime qui date de 1967, est le chef d’oeuvre de Tati.
L’histoire commence en suivant un groupe de touristes qui ont pour projet une visite en Europe, comprenant une capitale de pays par jour. D’abord, c’est une histoire d’aliénation. On se moque de la similitude des villes modernes, on jette un regard ironique sur les gadgets de plus en plus sophistiqués: des portes qu’on peut claquer sans bruit, des balais équipés de phares …
L’urbanisme moderne est donc mis en scène, avec ses facilités mais aussi ses incongruités. De quoi rendre l’homme moderne perplexe et hésitant, égaré. On suit des personnages à travers des dédales de couloirs dans des grands immeubles vitrés. On passe d’un immeuble à un autre immeuble pratiquement identique, c’est d’abord un hôpital, puis un aéroport, et… une banque. Partout le même mobilier, l’administration, l’attente, les rencontres fortuites, c’est ça la vie…
For the full transcript of this report – join French Classes