Version Ralentie
On put voir que la noble dame Mavis avait préparé son petit festin avec un certain soin en dressant un modeste auvent en soie rouge et noire contre les créneaux délabrés et en installant dessous une longue table recouverte d’une nappe damassée et chargée de mets savoureux, de fiasques de vin rosé pétillant et de guirlandes de houx aux feuilles dentées d’épines comme des aiguilles, et aux fruits rouges comme le sang, et elle-même arborait une longue robe d’une blancheur de neige sous un surtout écarlate et une guirlande de houx brillait dans ses cheveux.
Telle est la prose somptueuse de la célèbre écrivaine anglaise A.S. Byatt, lue par la critique Raphaëlle Rérolle, dans un extrait du roman ‘La tour de Babel’.
Presque. Parce qu’il s’agit bien sûr de la traduction de Byatt, effectuée par son traducteur Jean-Louis Chevalier. Jusqu’à quel point est-il possible de préserver la beauté d’une oeuvre originale dans sa traduction? Quels sont les choix à faire si l’on veut rester fidèle à l’original? C’étaient les thèmes abordés le jour où Byatt a rencontré Chevalier pour un débat intitulé «l’Écrivain et son double». Madame Rérolle étant la présentatrice, elle a ouvert les discutions en s’adressant d’abord à l’écrivaine:
RR: Est-ce que vous avez pesé sur le choix de votre traducteur? Est-ce que vous avez la possibilité de…
ASB: Non, je ne saurais pas comment choisir un traducteur mais j’ai été très flattée quand Jean-Louis a dit qu’il voulait traduire Le sucre qui est un texte auquel je tiens beaucoup parce que je crois que c’est la seule autobiographie que je vais jamais écrire. C’est le plus français d’entre mes textes.
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