Version Ralentie
Gravés sur pierre pour les anciens, blanc sur bleu depuis 1938; les noms de rues sont une partie distincte du paysage en France. Florence Maître s’informe sur leurs origines.
J’ai changé les noms de toutes les rues
J’ai donné les noms de mon histoire
Rue du 3 juillet c’est là qu’on s’est vus
(Cora Vaucaire)
Le nom d’une rue, c’est presque toujours une histoire. À commencer par les plus connues, celles des « grands hommes » auxquels les Français sont si attachés…
Parmi les rues que possèdent presque toutes les villes de France, Jean Jaurès, assassiné en 1914 pour son opposition à la guerre. Philippe Marty est professeur d’histoire-géographie au lycée.
– Jaurès a débuté d’une manière très simple. Il était professeur de philosophie dans le sud-ouest. Mais il a été emporté par ses idées, parce que les idées de la fin du XIXe c’était quand même le marxisme qui était une idéologie sinon dominante, du moins séduisante1 pour les intellectuels et donc Jean Jaurès a adopté le marxisme et il est devenu député. Il s’est mis au service de la classe ouvrière dans cette région-là et il est devenu un des penseurs du socialisme français. Il a fondé un journal qui existe toujours, même si ce journal est peut-être de nos jours un peu réduit dans sa diffusion. Ce journal, c’est l’Humanité qui pendant de longues années a été le porte-parole du socialisme puis du communisme français.
C’est surtout au XIXe siècle qu’on commence à donner aux rues des noms de gens célèbres.Beaucoup d’artères en France, portent les patronymes des militaires de la guerre de 1870 comme Denfert-Rochereau, Faidherbe ou Mac-Mahon.
Parmi les noms les plus courants figure Charles de Gaulle. À Paris, la Place Charles de Gaulle se situe juste derrière l’Arc de Triomphe.
Paris. Paris outragé. Paris brisé. Paris martyrisé. Mais Paris libéré.
C’est bien sûr un hommage au général, organisateur de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, fondateur de la 5e République et président français de 1959 à 1969.
Mais il y a de tout dans les noms de rues et notamment des scientifiques, comme le botaniste Jean-Baptiste Lamarck avec ses thèses sur l’évolution des espèces. La rue Lavoisier rappelle l’histoire tragique d’un autre scientifique.
– De formation et d’intelligence, il était chimiste, un métier vraiment très très rare en cette fin du XVIIIe siècle. Et par ses études, il est arrivé assez rapidement à un niveau assez élevé. Mais de par son métier il était principalement fonctionnaire du roi, du roi Louis XVI. Et en tant que chimiste, c’est le premier chimiste au monde à avoir établi une classification des éléments chimiques, avec des erreurs peut-être, mais il a été le premier à avoir fait cette chose-là. Donc à partir de lui on est arrivé à une chimie véritablement moderne. On peut dire que Lavoisier est le créateur de la chimie moderne. Malheureusement la Révolution ne s’est pas trop intéressée à ses créations chimiques. Elle est revenue au fonctionnaire qui avait servi fidèlement le roi et elle a considéré, dans la période de la Révolution qui était la Terreur, elle a considéré que Lavoisier était un collaborateur du roi et qu’il méritait donc d’être emprisonné et exécuté. Il a donc été en effet guillotiné en 1794.
La voie Jacques Cœur est un chemin touristique qui parcourt le centre de la France. Comme les rues du même nom, elle évoque l’histoire d’un homme du Moyen-âge au destin hors du commun.
– On peut dire de Jacques Coeur qu’il est un précurseur. Son métier, c’est qu’il était homme d’affaires. Mais un homme d’affaires au Moyen-Age, c’est tout de même une personne tout à fait exceptionnelle. L’Amérique n’avait pas été découverte, il ne connaissait pas l’Amérique, mais lui, il avait établi des relations commerciales avec la Méditerranée, mais toute la Méditerranée. Il en tirait un très très grand profit de tous les produits qu’il rapportait de cette époque :Les métaux précieux, les épices. Il est donc devenu extrêmement riche, à tel point que le roi de France, Charles VII, dont le pouvoir était diminué parce que c’était la guerre de cent ans… Charles VII c’est le roi, eh bien, à l’époque de Jeanne d’Arc. Charles VII a mené des combats contre l’Angleterre mais il fallait les financer. Eh bien, qui finançait? C’était Jacques Coeur.
Cette réussite fait des jaloux. Jacques Cœur est accusé de détournements d’argent et même de l’assassinat d’Agnès Sorel, la maîtresse du roi. Il est emprisonné, mais, preuve de la ténacité du personnage, il s’évade.
– Quand il s’est enfui, il s’est mis au service du pape et le pape, qui connaissait sa réputation, lui a confié de l’argent et une flotte de guerre pour aller combattre contre les Turcs – toujours en raison de sa connaissance de l’Orient. Il est mort au combat, en Grèce, dans l’île de Chios face aux Turcs.
Moins de cinq pour cent des rues portent des noms de femmes dans les grandes villes de France. Parmi les élues, la scientifique Marie Curie, l’écrivain Colette et une révolutionnaire : Louise Michel.
– Bien que d’origine relativement bourgeoise et riche, elle est devenue institutrice. Elle est devenue institutrice en passant le concours mais c’était l’époque de l’empereur Napoléon III et elle a refusé de prêter serment à l’empereur Napoléon III qu’elle détestait parce que c’était une sorte de dictateur. Donc elle a créé sa propre école. Tout en restant institutrice elle a créé sa propre école. Par la suite est arrivé un événement extraordinaire à Paris qui était la Commune, la Commune de Paris. À la suite de la défaite de la France en 1870, les Allemands ont envahi la France et encerclé Paris, mais Paris qui était très révolutionnaire, très républicain, s’est révolté. Et Louise Michel, comme d’autres femmes d’ailleurs, qui étaient très nombreuses, a participé très activement à la Commune. Mais la Commune a été vaincue et elle a été faite prisonnière, considérée comme une très très grande militante et à la suite de ça, elle a été déportée dans une colonie française très récente qui s’appelle la Nouvelle Calédonie. Et elle a refait ce qu’elle faisait à Paris, c’est-à-dire dans une école un petit peu indépendante, elle a participé à l’éducation des Canaques. Elle a été amnistiée en 1880 et elle est revenue en France. À partir de ce moment-là elle a eu une activité militante et très très importante. Totalement infatigable, elle s’est consacrée à la propagande pour ses idées révolutionnaires. Elle a fait des conférences, des manifestations à Londres, à Paris, à Amsterdam, à Bruxelles. Et à chaque fois qu’elle se produisait quelque part, les foules se déplaçaient, mais vraiment en grand grand nombre.
Des anonymes ont donné leur nom ou plutôt leur prénom à des rues. Des noms qui n’évoquent plus grand-chose. Le prénom de la femme, ou de la fille d’un propriétaire local. Rue Amélie ou rue Alice.
Dans la salle du bar-tabac de la rue des Martyrs,
Il y a des filles de nuit qui attendent le jour en vendant du plaisir.
(rue des Martyrs)
Les noms de rue racontent aussi des histoires plus locales. Exemple avec une très vieille légende parisienne, celle de la rue des Martyrs. Jean-Claude Gouillon est guide-conférencier à Paris; il propose des visites autour de la toponymie, l’histoire des noms de lieu.
– Ah oui, la rue des Martyrs, c’est un très ancien chemin et on dit que les premiers chrétiens – en l’occurrence Denys et ses compagnons Eleuthère et Rustique – auraient suivi, donc, ce chemin pour gravir la pente de l’actuelle Butte Montmartre pour y être martyrisés. Ça s’est passé au troisième siècle. Alors il y a un fond de vérité bien sûr mais est-ce vraiment le chemin emprunté par ces premiers chrétiens pour y subir le martyr?
Et la réputation de certains endroits a traversé les siècles, même quand les lieux en question n’ont plus rien à voir avec ce nom. Citons la rue des Mauvais Garçons ou celle de la Grande Truanderie.
– Ça évoque donc la présence sans doute de gens assez peu agréables à fréquenter, bon. Il y a encore la rue Vide gousset par exemple qui évoquait donc la présence de malfaiteurs, qui le soir pouvaient en effet attaquer le passant et lui vider le gousset2. Vous avez les rues aux origines un petit peu bien sûr gauloises, comme par exemple la rue du Petit Musc, à côté du marais, qui doit son nom non pas à un petit musc, donc non pas à une odeur musquée mais simplement à un chemin qui était à la limite de la ville et de la campagne où les nombreuses filles de joie s’y promenaient et en vieux français c’était ‘route de la pute qui y muse, qui s’y promène. Et donc en parlant rapidement on transformera ‘la pute y muse’ en ‘petit musc’. Une origine amusante.
De vieilles boutiques ou d’anciennes auberges, depuis, disparues, ont laissé leur nom sur les plaques des villes. Des noms étranges, comme celle de la rue du Chat qui pêche, de l’Épée de bois, des Deux Ecus ou de l’Hirondelle.
Avez-vous déjà traversé une rue de Joie ?Un nom trompeur, comme l’explique Alain François. Il s’intéresse depuis des années à l’histoire des rues de sa commune, Auxerre.
– La rue de Joie, c’est une rue, donc, qui est située dans Auxerre dans le quartier Saint-Pierre. Donc où on est ici actuellement. Donc, c’était un quartier très populaire au niveau vigneron. C’était un quartier de vignerons. Eh bien donc c’est un quartier qui est très joyeux où il y avait plein de travail concernant la vigne, la vinification, etc. Donc, du fait de la rue de Joie. On buvait pas mal, oui. Les habitants du quartier de Saint-Pierre étaient très réputés sur la boisson, justement.
D’autres rues occupées par le passé par des corporations sont plus faciles à identifier, comme la rue des Boucheries ou la rue des Lombards en référence aux banquiers italiens..
Dans un tout autre domaine, on trouve à Auxerre la place du Coche d’eau.
– Le coche d’eau est un bateau qui faisait la liaison, donc, Auxerre-Paris, trois jours à la descente, cinq jours à la remontée; parce que les routes à l’époque étaient assez impraticables et la façon la plus tranquille pour aller à Auxerre était donc d’emprunter ce fameux coche d’eau. C’était un bateau de transport, aussi bien de marchandises que de passagers. Alors au niveau du coche d’eau, il faut savoir donc que les armées napoléoniennes ont emprunté le coche d’eau, donc, une fois à la descente depuis Paris où elles ont bivouaqué à Auxerre quand elles sont parties sur l’Italie passer le Saint-Bernard et au retour de l’ile d’Elbe aussi quand Napoléon a rencontré Ney ici à Auxerre, où Ney a fait sa soumission à Napoléon. Donc, les troupes napoléoniennes pour s’éviter la fatigue, ont repris le coche d’eau pour Paris.
Banals3, poétiques, anonymes ou historiques, les noms des rues sont une part de la mémoire collective…Pour qui sait les décoder, ils recèlent une foule d’informations et de souvenirs sur les villes, leurs quartiers, leurs occupants et leur histoire.J’ai changé les noms de toutes les rues
J’ai donné les noms de mon histoire
Et l’horrible rue où j’ai attendu restera pour toujours la rue Noire
The older ones are carved in stone; since 1938 they’re white with a blue background; street names are part of the French landscape. Florence Maître investigates their origins.
I’ve changed the names of all the streets,
I’ve given them names from my life’s story,
July 3 street is where we met
(Cora Vaucaire)
A street name nearly always carries a story with it. Let’s begin with the most famous, those “great men” which the French are so taken by…
Jean Jaurès is one of the street names you’ll find in almost every town in France. He was assassinated in 1914 for opposing the war. Philippe Marty is a high school teacher of history and geography:
– Jaurès had very humble beginnings. He was a Philosophy teacher from the South West. But he was carried forward by his ideas, because at the end of the 19th Century it was Marxism that was for intellectuals, if not the dominant ideology, at least a seductive one; and so Jean Jaurès adopted Marxism and became a member of parliament. He set about serving the working class in that region and he became one of the thinkers of French socialism. He founded a newspaper which still exists today, even if today the paper has a somewhat reduced circulation. That newspaper is “l’Humanité” which for many years was the mouthpiece first for French socialism, then French communism.
It’s above all in the 19th century that streets started being named after famous people. Many trunk roads have the names of solidiers from the 1870 war, for example Denfert-Rochereau, Faidherbe or MacMahon.
Among the most popular names is that of Charles de Gaulle. In Paris, Place Charles de Gaulle is just behind the Arc de Triomphe.
– Paris. Paris insulted. Paris broken. Paris martyred. But Paris freed.
It is of course a hommage to the General, organiser of the French resistance during the second world war, founder of the 5th Republic and President of France from 1959 to 1969.
But you find a little bit of everything behind street names. There are notably scientists, such as botanist Jean-Baptiste Lamarck with his theses about the evolution of species. La rue Lavoisier reminds us of another scientist’s tragic tale.
– By education and through his natural intelligence he was a chemist, which was really a very very unusual profession at the end of the 18th century. And through his studies, he arrived fairly rapidly to a pretty high rank. But because of his profession, he was principly a civil servant to the King, King Louis XVI. In terms of chemistry, he was the first chemist in the world to establish a classification of the chemical elements; he made some errors maybe, but he was the first to have done such a thing. So through him we arrived at a truly modern chemistry. You can say that Lavoisier was the creator of modern chemsitry. Unfortunately the revolution wasn’t too interested in his chemical creations. The Revolution saw him as the civil servant who had loyally served the King and the (Revolutionary authorities), during the “Terror” phase of the Revolution, saw Lavoisier as a collaborator of the King who deserved to be imprisoned and executed. And so indeed he was guillotined in 1794.
Jacques Coeur Way is tourist route that runs through the centre of France. Like the other streets that bare his name, it reminds us of a man from the Middle Ages whose destiny was extraordinary.
– You can say that Jacques Coeur was a man ahead of his time. He was a professional businessman. But in the Middle Ages being a businessman was still something quite exceptional. America hadn’t yet been discovered, so he didn’t know about America; but he established commercial relations with the Mediterranean, the entire Mediterranean region. He earned very, very large profits from all the products he imported at that time : precious metals, spices. So he became extremely rich, to such an extent that… The King of France, Charles VII, whose power had been diminished by the 100 years war – Charles VII was the King in Joan of Arc’s time – Charles VII went into battle against England but his campaigns had to be financed. So who financed them? It was Jacques Coeur.
– This success caused jealousies. Jacques Coeur was accused of embezzling funds and even the assassination of Agnès Sorel, the King’s mistress. He was imprisoned, but it was the proof of the man’s staying-power that he escaped.
– When he escaped, he went to serve the Pope and the Pope, who knew about his reputation, gave him money and a battle fleet to go and fight the Turks – again because of his knowledge of the East. He died in combat against the Turks, in Greece on the ile of Chios.
Less than 5% of streets in the big towns of France carry the names of women. Among the female elect are the scientist Marie Curie, the writer Colette and a revolutionary : Louise Michel.
– Although her origins were relatively bourgeois and rich, she became a primary school teacher. She qualified as a primary school teacher by passing an exam. But it was the era of Emperor Napoleon III and she refused to swear an oath of allegiance to Emperor Napoleon III, because he was a sort of dictator. So she created her own school. While still a primary school teacher, she created her on school. Then came the extraordinary event in Paris that was the Commune, the Paris Commune. Following France’s defeat in 1870 the Germans invaded France and encircled Paris; but Paris was very revolutionnary, very republican and it revolted. And Louise Michel, like a large number of other women moreover, participated very actively in the Commune. But the Commune was defeated and she was made a prisoner. She was considered a very, very important activist and in the wake of this she was deported to the newly-acquired colony of New Caledonia. And she did again what she’d done in Paris : that’s to say she helped educate the Canaques in a school that a was a little bit independent. She was amnistied in 1880 and she came back to France. And from then on she took on an enormous amount of work as an activist. She was completely tireless, devoting herself to propaganda work for her revolutionary ideas. She did conferences and demonstrations in London, Paris, Amsterdam, Brussels. And wherever she went, crowds came in really very, very large numbers.
Forgotten people have left their names, or rather their first names, to streets. Names that no longer mean very much. The first name of the wife or daughter of a local landowner. Rue Amélie or rue Alice.
In the bar and tobacco shop on the rue des Matyrs,
There are ladies of the night who are waiting for day, selling pleasure.
(rue des Martyrs)
Street names also tell local stories. An example is the very old Parisian tale about la rue des Martyrs. Jean-Claude Gouillon is a tour guide in Paris; he offers visits on the theme of toponymy, the history of place names.
– Oh yes, la rue des Martyrs is a very old thoroughfare and people say that the first Christians – that’s to say Denys and his companions Eleuthère and Rustique – followed this route to climb what’s today Montmartre Hill to be martyred. That happened in the 3rd century. So there’s an underlying reality of course, but is it exactly the route taken by the first Christians to be martyred?
And the reputation of certain places has been handed down the centuries, even when the places in question don’t bare any resemblance to their names. Take for example Bad Boys Street or Big Heist Street.
– That conjures up the presence of people who were not particularly pleasant to meet. There’s also Empty Your Waistcoat Pocket Street for example which indicates the presence of people up to no good, who in the evening might in fact attack a passer-by and empty out their waistcoat pocket. You’ve got streets of course whose orgins are a little bit gallic, like for example the rue du Petit Musc, near the marshland, which owes its name not to a little musk, so not to the smell of musk, but simply to a lane which was on the border of the town and the countryside where a lot prostitutes used to wander. In old French that was the “road where the whore goes walking”. And so talking rapidly “la pute qui y muse” became “petit musc”. Which is amusing as an origin.
Old shops or inns that have since disappeared have left their names on town street signs. Strange names, like “Street of the Cat that Fishes”… “of the wooden sword” … “of the Two Ecus” or… “of the Swallow”.
Have you ever come across “une rue de Joie”? The name is deceptive as Alain François explains. For many years he’s been interested in the history of the streets of his area, Auxerre.
– La rue de Joie is a street that’s in the Saint-Pierre district of Auxerre. So it’s where we are now. Well, this was a district that was very popular with wine growers. It was a wine growers’ district. So well, it was a very joyful district where there was plenty of work with the vines, vinification and so on. So it’s called la rue de Joie. People drunk a lot yes. The inhabitants of the Saint-Pierre district had a big reputation as drinkers, that’s exactly it.
Other streets that in the past were occupied by trade corporations are easier to identify, such as the Butchers’ Street or the Lombards’ Street, a reference to the Italian bankers.
From a completely different domain, in Auxerre you can find la place du Coche d’eau.
– ‘The waterborn stagecoach’ was a boat that linked Auxerre to Paris – three days to go down, five days to come back up – because the roads at the time were pretty impractical and so the easiest way to get to Auxerere was to use this famous ‘coche d’eau’. It was a transport boat that carried merchandise as well as passengers. So about this waterborn stagecoach, it’s worth mentioning that it was commandeered by the Napoleonic armies: once, when they came down from Paris to bivouac at Auxerre when they were heading for Italy via Saint-Bernard; and on the return from Elbe Island as well, when Napoleon met Ney here in Auxerre, when Ney surrendered to Napoleon. To prevent themselves getting tired out, they took the waterborn stagecoach to Paris.
Banal, poetic, anonymous or historic, street names form part of the collective memory. For those able able to decode them, they contain a mine of information and memories about towns, their neighbourhoods, their occupants and their history.
I changed the names of all the streets
I gave them the names from my life story
And the horrible street where I waited will always be the Dark Street