Version Ralentie
– Ça va être bien plus dur que l’Italie. Mais j’ai confiance en vous. J’ai confiance en vous parce que vous êtes des soldats qui libèrent leur patrie. Le peuple français a remis son destin entre nos mains. Il nous regarde les yeux pleins d’espoir. Ce soir, il faut qu’on soit là-haut. Et même morts, on y sera! Même morts.
Les soldats se préparent à reprendre l’Alsace aux forces allemandes, dans le nouveau film à très grand succès du réalisateur Rachid Bouchareb “Indigènes”.
‘Indigènes’ est le mot utilisé durant la Deuxième Guerre mondiale pour désigner les 253 000 soldats issus des colonies françaises venus épauler les troupes du Général de Gaulle dans leur lutte contre les nazis. 12 000 de ces hommes ont donné leur vie à la cause.
Bouchareb a choisi quatre acteurs amis pour l’aider à monter le projet. Ils sont tous issus de l’immigration eux-mêmes. Au cours de la projection du film à Lyon en avant-première, le metteur en scène explique à quel point ce travail de mémoire en fait un film pas comme les autres:
– Chacun est allé rechercher dans sa mémoire familiale, ben tout quoi, son histoire, ses anecdotes et donc on était prêts à quelque chose d’assez exceptionnel. Moi, je sais pas si je rencontrerai ça encore dans un autre film.
L’une des têtes d’affiche est le célèbre acteur comique Jamel Debbouze – celui-là même qui interprète le rôle de l’architecte de Cléopâtre dans le film “Astérix et Cléopâtre”. Même quand il s’agit d’un sujet tragique comme dans “Indigènes”, son imagination humoristique reste irrésistible, comme il le montre en donnant sa version de la production du film:
– C’était il y a quatre ans Jean et Rachid sont venus nous voir. Ils avaient pas d’argent pour ce film -je me souviens, à l’époque, vous vous prostituiez aussi, pour l’occasion, boulevard Ney. Ça a duré des années et vous avez tenu bon, et je tiens à vous dire bravo. Non, blague à part, très sérieusement, si le générique est très long, c’est parce que ces gens sont très généreux. C’est des producteurs -je veux pas vous cirer les pompes, les mecs- mais ils connaissent vraiment leur travail. Quand je dis qu’ils sont généreux, c’est-à-dire qu’il y a des gens qui leur ont filé 15 euros mais qu’ils ont quand même décidé de mettre au générique. C’est pour ça que ça fait un générique très long. Parce que tous les gens qu’on a sollicités ont été sensibles et touchés par cette histoire – chose qui est compréhensible – mais à hauteur de 15 euros, donc moi, quand je vois le Ministère de je-sais-pas-quoi, l’Office de je-sais-pas-quoi, je respecte le fait qu’ils aient aidé le film mais ils auraient pu l’aider vraiment, en fait. Non, sincèrement ils ont fait le strict minimum pour être sur le générique sans pour autant être exclus de ce truc, parce qu’ils se doutaient quand même que ça pouvait finalement fonctionner un de ces quatre2.
– On va en Alsace parce que c’est notre devoir, et même si on doit payer dix fois, cent fois plus qu’eux, on paye. Et là ils reconnaîtront notre mérite.
En racontant l’histoire des indigènes, le film rappelle un sacrifice souvent oublié dans l’histoire de la Libération. Certes on parle des tirailleurs sénégalais de l’Afrique noire, mais beaucoup moins des soldats issus d’Algérie, de Tunisie et du Maroc – pourtant plus nombreux. Et c’est surtout Charles de Gaulle, puis les Américains et les Britanniques qui ont la vedette dans nos livres d’histoire. Simple oubli, racisme inconscient? Sami Bouajila :
– Moi-même j’ai été frustré quand j’étais jeune parce que j’avais des bons profs d’histoire, j’adorais l’histoire mais on m’a jamais parlé de ça. Je l’ai découvert dans le scénario de Rachid. Mais bon, je crois qu’il y a des choses qui se passent. Là, ça bouge et nous, on fait des projos tous les jours pour les lycéens et les collégiens de la région parisienne, et même eux découvrent -mais les jeunes et les moins jeunes aussi, hein- découvrent pas mal de choses. Il y en a plein qui savaient pas, qui étaient pas au courant, quoi. Donc, ça va avancer, à mon avis ça va bouger. Il va se passer des trucs, hein. Donc rassurez-vous, on est en train de remettre les pendules à l’heure.
– On les a revus ces livres d’histoire de cinquième, de quatrième, troisième.
– Je me souviens pas qu’il y avait des paragraphes avec des photos.
– Non mais on a cherché à l’intérieur de ces livres, mais il n’y avait pas grand-chose.
– Ah bon, il n’y avait rien.
– Ah voilà, c’est ça.
– Il y avait des petites photos avec deux, trois lignes sur les tirailleurs sénégalais mais il n’y avait pas des vrais livres d’histoire comme sur Louis XIV, Marie-Antoinette et autres, quoi, je veux dire. On n’en parlait pas. C’était pas développé.
– C’est pas le fait uniquement de la France, c’est aussi le fait de l’Algérie. C’est que après l’Indépendance, les Algériens aussi ont occulté cette partie de leur histoire parce que c’était pas formidable pour eux de glorifier les Français algériens qui libéraient et qui ont combattu aux côtés de la France.
Jamel dit que se rappeler l’histoire est aussi un devoir pour la cohésion du pays d’aujourd’hui:
– Moi, c’est un acte civique. Quand je vois comment la France encore aujourd’hui traite ses immigrés, quand je vois combien on peut s’indigner, comment on peut trouver ça choquant que les banlieues brûlent, quand on nous bassine, enfin, on a entendu parler de tous ces débats sur le rôle positif des colonies -c’était rigolo, d’ailleurs- quand je vois combien on vit une vraie crise d’identité quand on est immigré et fils d’immigré, parce que il faut savoir qu’on nous appelle les immigrés ici mais que dans nos pays d’origine on nous appelle aussi ‘les migrés’. Donc, t’es chez toi nulle part, finalement. Moi, j’ai tendance à me sentir chez moi partout, pour ma part, et avec ce film, Rachid il a fait que confirmer l’idée que j’avais déjà: je suis français. Et c’est indispensable, vraiment. Après il y a le plan, on va pouvoir parler du devoir de mémoire et de l’histoire, qui sont quand même deux choses différentes, mais d’abord, juste sur un plan personnel, je trouvais indispensable que cette histoire soit racontée à nos petits frères pour les valoriser. Tu vois, ces immigrés, ces fils d’immigrés, ils ont pas de héros au cinéma ou dans les pubs qui nous ressemblent, qui ont la même tête qu’eux et qui, finalement, enfin, au même titre que Denzil Washington, je te dis, aux États-Unis. J’avais le sentiment que c’était important de camper ces personnages-là pour donner à voir, d’abord, et surtout de valoriser cette frange de la population qui est quand même, malgré tout, au ban de la société, sans vouloir faire du misérabilisme.
Saïd, le personnage interprété par Jamel, embrasse la terre en arrivant en France, une scène émouvante qui lui est inspirée par… par qui déjà?
– Oui, ça c’est Djamel. Tu te rappelles quand tu as trouvé une pièce de monnaie?
– Non, mais c’est sûr, cette scène, elle est pas mal parce que je me suis inspiré, pour cette scène, de Gladiator. Tu sais dans Gladiator, il fait ça, le mec, ma parole. Il prend la terre et il la hume.
– Non, mais ça, tu me l’as jamais dit, hein!
– Je me suis dit, ça va marcher. J’ai fait comme dans Gladiator. Ta gueule!Tu parles de cette scène? La scène où je hume la terre? Ouais, eh ben c’est un peu à Russel Crowe que je dois cette scène, hein… Non, mais je vois ce que tu veux dire effectivement. On a un point en commun tous, c’est qu’on est à la base nourris par la même chose, la terre. On a tous un respect pour la terre. Et peu importe la terre sur laquelle on est. Moi, je sais que mon grand-père, partout où il va, dans n’importe quel pays, il peut pas s’empêcher de sentir la terre. C’est un truc assez bizarre. Non, mais c’est vrai, et puis – enfin je vais pas faire de vanne là-dessus – mais c’est vrai que c’est comme le pape, quoi, il est toujours obligé d’embrasser la terre et c’est un truc, enfin oui, c’est palpable, quoi. Tu comprends. Il n’y a personne qui peut te retirer le plaisir de toucher et de t’approprier ce petit bout de terre dans lequel tu te trouves au moment où tu t’y trouves. Et moi, il y a un truc qui m’avait frappé quand j’en parlais avec mon grand-père qui, lui, est paysan, il travaille la terre pour le coup. Quand il est arrivé ici, il m’a dit, cette terre est noble, elle est riche. Elle est beaucoup plus riche que la nôtre et quand je plante des choses dessus, elle me répond immédiatement, comme si elle me disait bienvenue. Ce qui est pas tout à fait le cas… Mais voilà, je trouvais ça intéressant. Pardon pour…, mais c’est vrai, le rapport à la terre, c’est important pour les hommes. Voilà.
Certains ont critiqué Bouchareb d’avoir donné une image trop romantique des soldats indigènes héroïques et de leurs relations avec les Français de souche – dans le film on les voit accueillis à bras ouverts quand ils débarquent à Marseille. Mais Bouchareb précise qu’il a fait un vrai travail de mémoire en préparant ce film :
– C’est pas romancé du tout, hein, parce que moi, j’ai essayé de rester fidèle au témoignage d’une centaine d’anciens combattants que j’ai rencontrés en Afrique, Sénégal, Maghreb et France, et c’était ça, ce qui s’est passé là, à Marseille, dans les Vosges et en Alsace. Ils ont été accueillis. Ils ont même vécu dans leurs maisons. Voilà, ça a été la fête parce que la Libération, c’était une fête en France. Donc, ces hommes ont été des libérateurs. Quand ils libéraient les villes, eh ben c’était le bal, le soir.
“La France est notre mère, c’est elle qui nous nourrit Avec des pommes de terre et des fayots pourris”
– Écoutez, mes frères, écoutez. Quand je me suis engagé, j’ai écouté ce qu’a dit le Général de Gaulle. Il a dit que la France combattait pour la liberté dans le monde. J’ai pensé qu’à la guerre on gagnerait les mêmes droits que nos frères d’armes français. On se bat tous ensemble contre Hitler pour la liberté, l’égalité et la fraternité. Eh ben il serait temps qu’ils nous en donnent un peu maintenant de cette liberté, de cette égalité et surtout de cette fraternité.
Les indigènes se sont battus pour la France, mais ils ont été peu récompensés après la guerre. Leurs pensions d’anciens combattants ont été gelées en 1959 à l’époque de la décolonisation africaine. Mais c’est en train de changer.
– Aux dernières nouvelles, Jacques Chirac a dit clairement – au départ c’était un peu ambigu – a dit clairement qu’il allait vraiment mettre la main dans les caisses et qu’il allait faire en sorte de rétablir et décristalliser le gel des pensions des anciens combattants magrébins et autres.
– Non, mais c’est vrai. C’est sérieux parce qu’il a demandé au ministre des Finances, donc, de voir le dossier le plus rapidement possible et puis de faire le tour de la question. Donc des associations sont aussi autour du ministre des Finances aujourd’hui et de l’Élysée, mais c’est vrai que ça va avancer.
– Entre nous, c’est quand même vachement bien d’avoir la chance d’être dans un film comme ça, vu3 la qualité artistique du film, et en plus ça sert à quelque chose.
– C’est ça qui fait que la France est une grande nation. Moi, je crois en les valeurs de ce pays. J’ai grandi ici. Je suis fier d’être français. Mais le fait d’occulter ce pan de l’histoire, de notre histoire commune, le fait de ne pas assumer que la France a un nouveau visage, et qui ressemble étrangement au nôtre… C’est pour toutes ces raisons que j’appelle ça de l’hypocrisie. Mais je suis heureux, fier de voir que les choses avancent. Vraiment, moi j’ai confiance en l’avenir quand je vois -enfin vous pouvez pas voir d’ici- mais la salle… la salle, il y a une vraie communion, là. Il y a des gens qui sont tous touchés par ce qu’ils viennent de voir, et puis il y a des Arabes, des noirs, des blancs, des jeunes, des moins jeunes, et tout le monde est d’accord pour dire, on a été touchés. Donc j’espère vraiment que ce film sera vu par le maximum de gens. C’est comme ça qu’on ira vers une vraie réconciliation. Voilà.Attends, ici. Trois, quatre!
“C’est nous les Africains
Qui revenons de loin
Nous venons des colonies
Pour sauver la Patrie
Nous avons tout quitté
Parents, gourbis, foyers
Et nous gardons au cœur
Une invincible ardeur…
Car nous voulons porter haut et fier…
– It’s going to be a lot harder than Italy. But I’ve got confidence in you. I’ve got confidence in you because you are soldiers liberating your country. The French people have put their destiny in our hands. They’re looking at us with eyes full of hope. This evening we’ve got to get up there. And even if we’re dead, we’ll get there! Even dead!
Soldiers prepare to take Alsace from German forces in “Indigènes”, the highly successful new film from director Rachid Bouchareb.
‘Indigènes’ is the word used during the Second World War to describe the 253,000 soldiers from the French colonies who went to assist General de Gaulle’s troops in the fight against the Nazis. 12,000 of these men gave their lives to the cause.
Bouchareb chose four actor friends to help him get the project running. They’re all from immigrant backgrounds themselves. And at an advanced screening of the film in Lyon, the director explained how task of keeping memories alive made this a film unlike any other.
– Each one of us went away and explored our family’s past, their history, their tales… and so we came ready for something pretty exceptional. I don’t know if I’ll find that same spirit in another film.
One of the stars is famous comic actor Jamel Debbouze – he played the part of Cleopatra’s architect in “Astérix and Cléopatra”. Even when dealing with a tragic subject like “Indigènes”, his comic imagination remains unstoppable, as he showed when giving his version of how the film came to be produced.
– It was four years ago that Jean and Rachid came to see us. They didn’t have any money for the film – I remember, at the time you were working as prostitutes on Boulevard Ney to raise money. You did that for several years and you didn’t flinch and I’d like to thank you for that, well done. No, joking apart, if the credits are very long, it’s because these people here are very generous. Our producers, I don’t want to seem ingratiating, lads, but you did a really great job. When I say they’re generous, what I mean is there were people who gave us only 15 euros, but they still put them in the credits. That’s why the credits are very long. Because everyone who we asked for money was very sensitive and touched by our story – that’s understandable – but only to the value of 15 euros. So when I see the “Ministry of I don’t know what”, the “Office of I don’t know what”, I respect the fact that they helped the film… it’s just they might have really helped the film. No, honestly, they did the strict minimum so that they could be in the credits so as to make sure they weren’t excluded from the thing, because they guessed it might end up working out one of these days.
– We’re going to Alsace because it’s our duty, and even if we have to pay ten times, a hundred times more than them, we’ll pay. And then they’ll realise our worth.
In telling the story of the indigenous people, the film reminds us of a sacrifice that’s often forgotten in the story of the Liberation. Yes, people talk about the Senegalese Infantrymen from black Africa, but much less about the soldiers from Algeria, from Tunisia and Morocco – who were nevertheless more numerous. And it’s Charles De Gaulle, then the Americans and the British who take centre stage in our history books. Simple forgetfulness, or subconscious racism? Sami Bouajila :
– I myself was frustrated when I was young because I had good history teachers, I loved history, but they never talked to me about that. I learnt about it in Rachid’s screenplay. But well, I think things are changing. Right now things are moving on a bit it and we’re doing projections every day for secondary school and college students in the Paris region and they are discovering things – the young and the not so young – they’re discovering quite a few things. There’s loads of things they didn’t know, that they weren’t aware about. So things are going to move forward. In my opinion things are going to move forward. Things are happening. So don’t worry, we’re putting the record straight.
– We looked again at the history books for fourth year, third year, fifth year students.
– I don’t remember passages with photographs.
– No we looked in these books but there wasn’t much.
– There was nothing.
– That’s what it was like.
– There were little photos with two or three lines about the Senegalese Infantry but there weren’t any proper history books, like there are on Louis XIV, Marie Antoinette and the others, that’s what I mean. It wasn’t talked about. It wasn’t developed.
– It’s not just France’s fault, it was Algeria’s fault too. After independence, the Algerians wanted to gloss over this part of their history too, because it wasn’t great for them to glorify the French Algerians who were part of the liberation and who fought for France.
For Jamel, remembering history is also necessary for the cohesion of the country today:
– For me it’s an act of civic duty. When I see how France today treats its immigrants, when I see how much indignation there is, how people find it shocking that the suburbs burn, when people bore us with their… we heard all those debates about the positive role of the colonies – very amusing it was too – when I see the extent to which you face a real identity crisis when you’re an immigrant or the son of an immigrant, because you know they call us immigrants here, but in the countries where we come from they call us “the migrants” too. So in the end, you’re not at home anywhere. I tend to feel at home everywhere and with this film Rachid confirmed the feeling I already had: I am French. And that’s essential, really. Afterwards we can talk on a different level about the duty to keep memories alive and about history, which are two completely different things, but first and foremost just on a personal level, I thought it was essential that this story should be told to our younger brothers for their self-belief. You see, these immigrants, these children of immigrants, they don’t have heros in the cinema or in the adverts that look like us, who have the same faces as them… a bit like Denzil Washington in the United States. I felt it was important to establish these characters to give them something to watch and above all to enhance the standing of this fringe of the population which is outlawed from society, without wishing to be miserabilist.
Saïd, the character played by Jamel, kisses the earth when he arrives in France, a moving scene which was inspired by… who was it again?
– Yes that was Jamel’s idea. Do you remember when you found a coin…?
– No, but it’s true that’s a good scene because I was inspired by Gladiators. You know in Gladiators he does that, the bloke, I swear. He takes the soil and he breathes it in.
– But you never told me that…
– I said to myself, that’ll work. I wanted to do it like in Gladiators. Shut your mouth! You’re talking about that scene, the one where I smell the earth? Yes, well it’s a little bit thanks to Russel Crowe that I did that scene… No, but I know what you mean in fact. We all have one thing in common : at the bottom line we’re nourished by the same thing, the earth. We all have respect for the earth. And it doesn’t matter what earth we’re on. I know my grandfather wherever he goes, whatever the country, he can’t help smelling the earth. It’s really weird. No, it’s true – I don’t want to take the mickey out of him – but it’s true he’s like the Pope, he’s always had this need to kiss the earth, and it’s this thing which is palpable if you like. You understand. There’s nobody who can take the pleasure of touching away from you and take away that little piece of ground where you find yourself at the moment you find yourself. And the thing that struck me when I spoke with my grandfather, who’s a peasant and works the land as it happens… When he came here, he said, “This land is noble, it’s rich. It’s much richer than ours, and when I plant things in it, it replies immediately, as if it were welcoming me.” Which wasn’t completely true… but there we are, I found it interesting. Excuse me… but it’s true, the relationship with earth is important to humans. There we are.
Some have criticised Bouchareb for over-romanticising “heroic indigenous soldiers” and their relationship with the ethnic French population – in the film we see them welcomed with open arms when they arrive at Marseilles. But Bouchareb insists he carried out a real research job to prepare the film:
– It’s not romanticised at all, because I tried to stay true to the testimonies of a hundred or so veterans that I met in Africa, Senegal, the Maghreb and France; that was what happened, in Marseilles, in the Vosges and in Alsace. They were welcomed. They even lived in people’s houses. That’s how it was; there was a party mood because it was the Liberation, it was a party in France. And these men were the liberators. When they liberated towns, in the evening it was time to party.
“France is our motherland, it is she who nourishes us,With potatoes and rotten beans”
– Listen brothers, listen. When I signed up, I listened to what General de Gaulle said. He said that France was fighting for freedom in the world. I that thought in war we’d earn the same privileges as our French brothers in arms. We’re fighting all together against Hitler for freedom, equality and brotherhood. Well, it’s about time that they give us a little bit of that freedom, that equality and above all that brotherhood.
The indigenous people fought for France, but they got little compensation after the war. Their pensions as war veterans were frozen in 1959 at the time of the decolonisation of Africa. But things are changing.
– The last we heard, Jacques Chirac has said clearly – at the beginning, it was a little bit ambiguous – he’s clearly said that he’s going to dip into the funds and do something to unblock the pensions freeze on war veterans from the Maghreb.
– No, it’s true. It’s serious because he’s asked the Finance Ministry to look at the case as quickly as possible and go into the question completely. So the pressure groups are at the Finance Ministry and the Elysée palace today, but it’s true that things are going to move forward.
– For us, it’s really great to have the opportunity of being in a film like that, given the artistic quality of the film, and also that it’s useful for something.
– It’s what makes France a great nation. I understand the values of this country. I grew up here. I’m proud to be French. But by covering up this bit of history, of our collective history, by not accepting that France has a new face and it bares a curious resemblance to our own… It’s for all these reasons that I call it hypocrisy. But I am happy, proud that things are moving forward. Really it gives me confidence in the future when I see this cinema. There’s a real communal spirit. There are people who are moved by what they’ve just seen, and then there are Arabs, black, whites, young, not so young, and everyone agrees that they’ve been moved. So I really hope this film will be seen by the largest possible number of people. That’s how we will go towards a real reconciliation. There we are.
“We are the Africans
Who’ve come back from far away
We’ve come from the colonies
To save the country
We’ve left everything
Parents, shanty towns, homes,
An in our hearts we have
A fervour that cannot be conquered…