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Balzac (1799-1850) est un immense écrivain dans le domaine du roman réaliste, du roman philosophique et du roman fantastique, contemporain de Victor Hugo, Alexandre Dumas, Georges Sand avec qui notamment il fonda, en 1838, la Société des gens de lettres.
Balzac (1799-1850)is one of the great writers of realist, philosophical and fantasy fiction. He was a contemporary of Victor Hugo, Alexander Dumas and Georges Sand, with whom notably he founded the Literary Society in 1838.
Il a écrit une œuvre considérable, constituée de plusieurs dizaines de romans dont l’ambition était de décrire en détail la société française de son temps.
La Duchesse de Langeais
L’oeuvre d’Honoré de Balzac, publiée sous le titre générique “La Comédie Humaine” raconte pourtant bien des tragédies sociales, sentimentales, dont “La Duchesse de Langeais” n’est pas la moindre. Balzac nous plonge dans la vie parisienne après la chute de Bonaparte et le retour de la royauté.
Au milieu des salons et des frivolités commence une relation amoureuse entre la très jeune duchesse de Langeais, mondaine et raffinée, et le valeureux général de Montriveau, ex-bonapartiste mais de la bonne noblesse, sincère, direct.
Pauvre Duchesse! Victime de sa coquetterie, de sa légèreté. Elle s’aperçoit, mais un peu tard, qu’elle aime le marquis Armand de Montriveau. Elle le repousse quand il brûle d’amour pour elle. Elle se montre d’abord distante et réservée, mais déploie des trésors de séduction auquel ce “soldat de Napoléon” n’est pas habitué, puis, quand il se rapproche, elle s’éloigne à nouveau, le laissant perplexe…
“Diantre!1 s’écriait en lui-même Armand de Monriveau, comment s’y prendre pour dire à cette créature sauvage que je l’aime?”
Il l’avait déjà dit vingt fois, ou plutôt la duchesse l’avait vingt fois lu dans ses regards, et voyait, dans la passion de cet homme vraiment grand, un amusement pour elle, un intérêt à mettre dans sa vie sans intérêts.
Lorsque, désespéré, fou de colère, il cesse de lui faire la cour et la repousse à son tour, elle commence à expérimenter la souffrance. Elle l’invite avec de plus en plus d’insistance. Il résiste. Elle persiste. Un jour enfin…
His body of work is considerable, built around dozens of novels whose ambition was to describe in detail French society of his time.
La Duchesse de Langeais
Honoré de Balzac’s work was published under the generic title “The Human Comedy”, yet it tells many tales of social and emotional tragedy, of which “The Duchess of Langeais” is no minor example. Balzac plunges us into Parisian life after the fall of Bonaparte and the return of the monarchy.
Amid the salons and the frivolities, a love affair evolves between the very young Duchess of Langeais, worldly and refined, and the brave General de Montriveau, a former Bonapartist but from a decent noble family, sincere and straightforward.
Poor Duchess! She falls foul of her own coquetry and flirtatiousness. She realises, but a little too late, that she loves the marquis Armand de Montriveau. She rejects him when he’s fired up with love for her. To begin with, she shows a distanced, reserved facade. Then she uses jewels of seduction which Napoleon’s soldier isn’t used to; then when he approaches her, she distances herself once more, leaving him perplexed…
“Confound it!” thought Armand de Montriveau, “how am I to tell this wild thing that I love her?”
He had told her already a score of times; or rather, the Duchesshad a score of times read his secret in his eyes; and the passionin this unmistakably great man promised her amusement, and aninterest in her empty life.
When desperate, mad with anger, he stops visiting her and rejects her in his turn, she begins to feel the suffering. She invites him with more and…
– Monsieur le marquis a fait dire qu’il viendrait chez madame la duchesse.
Elle se sauva afin de ne pas laisser voir son bonheur, elle alla tomber sur son canapé pour y dévorer ses premières émotions.
– Il va venir! Cette pensée lui déchira l’âme.
En se précipitant dans son cabinet de toilette, elle comprit ce que sont les recherches de la parure, les soins corporels les plus minutieux, quand ils sont commandés par l’amour et non par la vanité, déjà, ces apprêts l’aidèrent à supporter la longueur du temps. Sa toilette finie, elle retomba dans les excessives agitations, dans les foudroiements nerveux de cette horrible puissance qui met en fermentation toutes les idées, et qui n’est peut-être qu’une maladie dont on aime les souffrances. La duchesse était prête à deux heures de l’après-midi; M. de Montriveau n’était pas encore arrivé à onze heures et demie du soir.”
Tout y est : l’atmosphère du temps, la grandeur et la décadence des classes fortunées, mais on trouve aussi chez Balzac des analyses approfondies des situations politiques en Europe -lesquelles paraissent étrangement toujours pertinentes.
M. le Marquis sent word that he would call on Mme laDuchesse,” reported Julien.
She fled lest her happiness should be seen in her face, and flungherself on her couch to devour her first sensations.
“He is coming!”
The thought rent her soul.
As she hurried to her dressing-room, she understood what studied adornment and the most minute attention to her toilet mean when these are undertaken for love’s sake and not for vanity. Even now this making ready helped her to bear the long time of waiting. A relapse of intense agitation set in when she was dressed; she passed through nervous paroxysms brought on by the dreadful power which sets the whole mind in ferment. Perhaps that power is only a disease, though the pain of it is sweet. The Duchess was dressed and waiting at two o clock in the afternoon. At half-past eleventhat night M. de Montriveau had not arrived.
Everything is there : the atmosphere of the era, the majesty and decadence of the moneyed classes, but you also find in Balzac profound analyses of the political situation in Europe – and they seem strangely still relevant.
On passe de la splendeur des fêtes nocturnes au charme secret des salons privés. Du très parisien quartier de Saint-Germain aux côtes d’Espagne inondées de soleil à bord d’un mystérieux vaisseau.
Et cet amour à contretemps est patiemment observé par Balzac, d’une précision clinique. Au désarroi de la duchesse de Langeais, ignorante de la fragilité du coeur d’un homme comme Montriveau, ce dernier répond par un éclair de lucidité annonçant la tragédie qui s’ensuit.
-Cette histoire est, par circonstance, très neuve, répondit-il
– Comment cela? je vous prie, de grâce, en quoi?
– En ce que, madame, vous avez touché à la hache2, lui dit Montriveau à voix basse.
“Ne touchez pas la hache” était le premier titre que Balzac avait choisi pour “La duchesse de Langeais”, et c’est le titre du film que Jacques Rivette vient de faire d’après ce roman, avec Guillaume Depardieu et Jeanne Balibar, Michel Piccoli. Un film enchanteur qui suit fidèlement le texte balzacien.
You move from the splendour of night-time parties to the secret charms of the private salons. From the very Parisian Saint-Germain to Spanish coasts bathed in sunshine, aboard a mysterious ship.
And this troubled love is patiently observed by Balzac with a clinical precision. To the disarray of the Duchess of Langeais, who’s unaware of the fragility of the heart of a man such as Montriveau, the latter replies with a flash of lucidity to predict the tragedy which follows.
“But the circumstances make this story quite new,” he replied.
“How so; pray tell me, for pity’s sake?”
“In this way, madame–you have touched the axe,” said Montriveau, lowering his voice.
“Don’t touch the axe” was the first title that Balzac chose for “The Duchess of Langeais” and it’s the title of a film which Jacques Rivette has recently made, featuring Guillaume Depardieu, Jeanne Balibar and Michel Piccoli. It’s a charming film which stays true to Balzac’s text.