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Amélie Nothomb et les librairies indépendantes

Juliette et Amélie Nothomb

Amélie Nothomb et les librairies indépendantes

Lecture

Richard Good        Hide translationShow translation   Slow version Hide slow version

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Il y a 3500 librairies indépendantes en France, qui prospèrent grâce aux lois qui interdisent aux sites internet de vendre à prix cassés, et grâce surtout à l’expertise des responsables tels que Maude Cizeron, qui donne des conseils de lecture très appréciés à la librairie Passages à Lyon. Les rencontres-dédicaces font aussi partie de la vie de ces établissements. Ce mois-ci à la La Librairie du Tramway, les lecteurs avaient l’occasion d’échanger quelques mots avec Amélie Nothomb, fraîchement couronnée du prix Renaudot pour son dernier roman, Premier sang, présente avec sa soeur Juliette.

There are 3,500 independent bookshops in France, which thrive thanks to laws that forbid websites from selling at knock-down prices, and above all thanks to the expertise of managers such as Maude Cizeron, who gives much-appreciated reading suggestions at the Librairie Passages in Lyon. Book signing events are also part of the life of these establishments. This month at La Librairie du Tramway, readers had the opportunity to exchange a few words with Amélie Nothomb, freshly crowned with the Renaudot prize for her latest novel, Premier sang, who was present with her sister Juliette.

Maude Cizeron: Je suis Maude et je suis responsable de la littérature française à la Librairie Passage.
Maude Cizeron: My name’s Maude and I am responsible for French literature at the Librairie Passage.

– C’est une librairie qui est implantée depuis plus de vingt ans en centre- ville, donc, rue de Brest, est c’est une des plus grandes librairies indépendantes de Lyon.

– On s’attache à défendre davantage d’éditeurs indépendants, ou entre guillemets, « confidentiels », que des grandes enseignes. Voilà, on crée vraiment un historique avec des maisons d’éditions et un historique qui se crée par une relation de confiance depuis de nombreuses années.

– It’s a bookshop that has been established for more than twenty years in the city centre, on rue de Brest, and it’s one of the biggest independent bookshops in Lyon.

– We are committed to promoting publishers that are more independent, or inverted commas, “unknown”, than the big names. So we really have a bond with publishing houses and a bond that’s been created through a relationship of trust built over many years.

Maude Cizeron, Librairie passages
– On a une très belle rentrée littéraire avec des univers très ancrés, très marqués, très différents les uns des autres. Il y a des textes qui nous ont marqués comme « La fille qu’on appelle » de Tanguy Viel, aux Éditions de Minuit, comme « Ultramarins » de Mariette Navarro aux éditions du Quidam. C’est vraiment des auteurs, très, très différents et qui s’imposent par un style et un univers très particuliers.
– We have a very good literary season that unveilss worlds that are very rooted, very marked and very different. Texts that have had a big impact on us like “La fille qu’on appelle” by Tanguy Viel, published by Éditions de Minuit, and “Ultramarins” by Mariette Navarro, published by Quidam. They are really very, very different authors who impose themselves with very distinct styles and universes.

– Amélie Nothomb est l’un des plus grands écrivains de notre époque et malgré ça, ou en l’étant, elle arrive à faire preuve d’une humilité exceptionnelle envers son propre travail. Bien sûr elle ne dupe personne en parlant d’elle-même comme d’un tout petit écrivain belge; on sait très bien qu’elle va entrer dans la postérité, mais n’empêche que c’est comme ça qu’elle parle d’elle-même, et la façon dont elle discute, dont elle écrit, la générosité avec laquelle elle nous parle, la générosité avec laquelle elle nous accueille, son humanité, c’est vraiment… je ne vois pas ce qu’il y a de plus essentiel en fait.
– Amélie Nothomb is one of the greatest writers of our time, and despite this, or while being so, she manages to show an exceptional humility towards her own work. Of course she doesn’t fool anyone by talking about herself as a minor Belgian writer; we know very well that she’s going to go down in posterity, but that’s how she talks about herself, and the way she talks, the way she writes, the generosity with which she talks to us, the generosity with which she welcomes us, her humanity, it’s really… I don’t know anything that’s more essential in fact.
La Librairie du Tramway
Amélie Nothomb : Madame vous êtes une femme extraordinaire. Et vous avez mis au monde une fille extraordinaire. Comme ça !
– Je ne la changerai pas !
AN : Vous avez des frères et sœurs ? Bien, quand on a fait un chef d’œuvre, on n’a pas besoin d’en faire d’autres. C’est exactement comme ça.
Amélie Nothomb : Madame, you are an extraordinary woman. And you gave birth to an extraordinary daughter. Just like that!
– I won’t change her!
AN : Do you have brothers and sisters? Well, when you’ve made a masterpiece, you don’t need to make others. That’s just how it is.
AN : Ca me fait plaisir de vous voir !
– Eh bien, moi aussi !
AN : Vous avez donc reçu ma lettre?
– Oui.
AN : Formidable. Vous avez vu, vous m’avez porté bonheur, j’ai eu le prix Renaudot. J’avoue que ça…
– Félicitations
… m’a fait terriblement plaisir.
AN: It’s good to see you!
– Well, it’s good to see you too!
AN: So you got my letter?
– Yes, I did.
AN: Great. You saw, you brought me luck, I got the Renaudot prize. I must confess it…
– Congratulations
… made me terribly happy.
AN : Une joie extraordinaire. En plus d’avoir reçu ce prix (livre) pour le livre sur mon père, c’est encore mieux. Parce que mon père vient de mourir et donc j’ai écrit ce livre pour faire mon deuil de mon père et c’est justement ce livre (ce prix)-là qui reçoit la plus belle distinction que j’aie reçue. Je sais que ça aurait fait tellement plaisir à mon père. Donc, on ne pouvait pas imaginer une meilleure occasion de gagner un prix littéraire que celle-ci. Je pense que ça lui aurait fait très plaisir parce qu’il adorait que je parle de lui, et puis c’est quand même un livre à sa gloire. Donc, je pense que ça lui aurait fait très plaisir.
AN: An extraordinary joy. What’s more, receiving this prize for the book about my father is even better. Because my father has just died and so I wrote this book to mourn my father and it is precisely this book that get the highest honour that I’ve won. I know that it would have made my father so happy. So you couldn’t imagine a better opportunity to win a literary prize than this. I think it would have pleased him very much because he loved it when I wrote about him, and it’s a book about him. So I think he would have been very pleased.
On me conduit devant le peloton d’exécution.

Le temps s’étire, chaque seconde dure un siècle de plus que la précédente. J’ai vingt-huit ans.

En face de moi, la mort a le visage de douze exécutants. L’usage veut que parmi les armes distribuées, l’une soit chargée à blanc. Ainsi, chacun peut se croire innocent du meurtre qui va être perpétré. Je doute que cette tradition ait été respectée aujourd’hui. Aucun de ces hommes ne semble avoir besoin d’une possibilité d’innocence.


Amélie Nothomb, Premier sang
I am led before the firing squad.

Time stretches, each second lasts a century longer than the last. I am twenty-eight years old.

In front of me, death has the face of twelve executors. It is customary for one of the weapons distributed to be loaded with blanks. This way, everyone can believe they are innocent of the murder that is about to be committed. I doubt that this tradition has been respected today. None of these men seem to need the possibility of innocence.


Amélie Nothomb, Premier sang
AN : Mais je ne désespère pas. Un jour je vous verrai pompette et ça sera un très grand jour. Vous vous souvenez de Danielle des éditions Albin Michel?
– Bien sûr ! On en parlait tout à l’heure…
AN : Je disais à Danielle, mais pourquoi tu bois jamais? Elle a dit « Parce que je suis facilement ivre ». Et je lui ai dit « Qu’est-ce qui se passe quand tu es ivre ? » Elle me répond: « Je danse sur la table. » « Mais c’est génial ! Raison de plus pour boire, danser sur la table. Je voudrais que tu danses sur la table ». Mais elle voulait toujours être dans le contrôle. Moi, j’ai pas tellement besoin de contrôle. Juliette… Dans une autre vie Juliette, elle était soiffarde.
AN: But I don’t despair. One day I’ll see you drunk and it will be a very big day. Do you remember Danielle from Albin Michel?
– Of course I do! We were talking about her earlier…
AN: I said to Danielle, but why don’t you ever drink? She said “Because I get drunk easily”. And I said, “What happens when you get drunk?” And she says, “I dance on the table.” “But that’s great! All the more reason to drink, dancing on the table. I would like you to dance on the table”. But she always wanted to be in control. I don’t really need control. Juliette… In another life Juliette liked a drink.
Juliette Nothomb : Quand j’étais petite, oui… Merci pour la précision…
AN : Et tu te souviens quand tu avais été ivre à 14 ans ?
JN : Oui. Bien, on s’était gratinées. Je raconte ma vie, je rigole et puis je m’endors. Mais après, je suis malade.
AN : Oui, c’est ça. Je me souviens que tu étais malade. Tout est une question d’entraînement, Sophie.
– Oui, c’est ça.
Juliette Nothomb: When I was little, yes… Thanks for the clarification…
AN: And do you remember when you were drunk at 14?
JN: Yes. Well, we had a good time. I tell my life story, I laugh and then I fall asleep. But then I’m sick.
AN: Yes, that’s right. I remember you being sick. It’s all about training, Sophie.
– Yes, that’s it.
Il fallut au moins deux ans à Bon-Papa pour remarquer que l’école ne m’aguerrissait pas. Il s’adressa à sa fille en ces termes :
– Ton fils a six ans, il va commencer l’école primaire. Il n’est pas prêt.
– Pourquoi dis-tu cela, Daddy ? Il connaît déjà son alphabet.
– Ne t’aveugle pas, il est trop tendre. Ma chérie, il n’y a qu’une solution : il faut l’envoyer passer l’été chez les Nothomb.
Maman blêmit.
– Le pauvre petit !
– Je te rappelle que tu as épousé l’un d’entre eux.
– J’ai épousé le seul Nothomb qui n’était pas un barbare.
(Amélie Nothomb, Premier sang)
It took grandpa at least two years to notice that school wasn’t making me strong. He said to his daughter:
– Your son is six years old, he’s going to start primary school. He is not ready.
– Why do you say that, Daddy? He already knows his alphabet.
– Don’t blind yourself, he is too tender. My dear, there’s only one solution: we must send him to spend the summer with the Nothomb family.
Mum went pale.
– The poor little boy!
– I remind you that you married one of them.
– I married the only Nothomb who wasn’t a barbarian.

(Amélie Nothomb, Premier sang)
Juliette Nothomb : Écoutez, je savais déjà que c’était… Amélie m’avait dit « C’est sur Papa ». Mais rien de plus. Et quand j’ai commencé à lire le livre, j’ai d’abord dit, « Mais de qui elle parle ? » Et puis après une phrase, j’ai compris. Et alors, ce qui m’a le plus stupéfaite et je pense que tous les lecteurs ont eu cette même réaction, c’est que… la différence d’âge et de sexe, du narrateur, dans le livre, et du narrateur qui raconte. Donc, c’est une femme adulte, qui se met dans la peau d’un garçon enfant. Façon de parler, pour moi c’est pas une femme, c’est ma petite sœur, mais enfin, je veux dire, c’est comme le Nord qui parle au Sud. Et cette perspective de narration est absolument extraordinaire. Parce que réussir à se mettre dans la peau de quelqu’un de tellement différent, et surtout quand c’est un parent à soi. C’est pas la même chose qu’une personne… qu’un personnage fictif ou un personnage qui est un ami ou qui est une relation. Mais quand c’est quelqu’un de votre famille et surtout votre père ou votre mère… Je ne sais pas du tout l’effet que ça doit faire de se mettre dans la peau d’un de ses parents et de parler à sa place. C’était des récits qu’il nous avait faits, mais la façon dont Amélie en parle, elle a rajouté une dimension plus affective. Parce que mon père était quelqu’un qui ne se racontait pas beaucoup. Parfois il racontait des souvenirs d’enfance, mais sans y mettre l’émotion qui allait avec, c’était juste factuel. Tandis qu’Amélie elle y a rajouté la dimension émotive. Et ça, c’était quelque chose de nouveau pour moi. Donc je découvrais un nouveau papa.
Juliette Nothomb : Listen, I already knew that it was… Amélie had told me “It’s about Papa”. But nothing more. And when I started reading the book, I first said, “But who is she talking about?” And then after one sentence, I understood. And then, what amazed me the most, and I think all the readers had this same reaction, was that… the difference in age and gender, of the narrator, in the book, and the narrator who is narrating. So, it’s an adult woman, who puts herself in the shoes of a boy child. That’s a manner of speaking, for me she’s not a woman, she’s my little sister, but I mean, it’s like the North talking to the South. And this perspective of narration is absolutely extraordinary. Because to be able to put yourself in the shoes of someone so different, and especially when it’s your own relative. It’s not the same as a person… as a fictional character or a character who is a friend or a contact. But when it’s someone in your family and especially your father or your mother… I have no idea what it must be like to put yourself in the shoes of one of your relatives and speak for them. I don’t know what it must be like to put yourself in the shoes of your parents and speak for them, but the way Amélie talks about them, she adds a more emotional dimension. Because my father was someone who didn’t talk much about himself. Sometimes he told us his childhood memories, but without the emotion that went with it, it was just factual. But Amélie added the emotional dimension. And that was something new for me. So I discovered a new dad.
AN : Merci. Donc, Juliette, ça va être notre prochaine lecture commune. Puisque les livres qu’offre Charlotte sont toujours les meilleurs.
JN : On peut lui faire confiance.
AN : On lui fait confiance. Vraiment, Charlotte a inventé une nouvelle manière d’être libraire. Vous êtes ma libraire par correspondance. C’est tellement génial. Et chaque fois que je suis vos conseils, j’ai juste trop raison. Mais je suis quand même… je pensais que j’étais une grande lectrice et puis je vous ai rencontrée, vous. C’est incroyable, tous les livres que vous lisez. Et vous les lisez avec une extrême sagacité et vous avez la bonne politique, c’est-à-dire que je ne vous ai jamais entendu parler d’un livre que vous n’aimiez pas… Quand il y a un livre que vous n’aimez pas, vous n’en parlez tout simplement pas, c’est exactement ce qu’il faut faire. Et vous ne parlez que de ce que vous aimez, c’est comme ça qu’il faut faire. C’est vraiment la bonne politique.
– Merci
AN : Et puis avec des goûts excellents. Bien, je ne devrais pas dire ça parce que, comme vous aimez mes livres, je devrais dire… Voilà.
– Merci beaucoup.
– Merci Charlotte, et merci pour ce livre qu’on va lire très, très, très vite. On fait une photo?
– Oui. S’il vous plaît…
AN: Thank you. So, Juliette, this is going to be our next joint reading. Because the books Charlotte offers are always the best.
JN: We can trust her.
AN: We trust her. Really, Charlotte has invented a new way of being a bookseller. You’re my mail-order bookseller. That’s so great. And every time I take your advice, it’s just so the right thing to do. But I’m still… I thought I was a great reader and then I met you. It’s amazing, all the books you read. And you read them with extreme sagacity and you have the right policy, that is to say, I’ve never heard you talk about a book you didn’t like… When there’s a book you don’t like, you just don’t talk about it, that’s exactly what you do. And you only talk about what you like, that’s the way to do it. That’s really the right policy.
– Thank you.
AN: And then with excellent taste. Well, I shouldn’t say that because, as you like my books, I should say… .
– Thank you very much.
AN: Thank you Charlotte, and thank you for this book that we’re going to read very, very, very soon. Shall we take a picture?
– Yes, let’s. Please…
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