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C’est un mercredi soir, l’auditorium est bourré de monde à craquer, des gens sont obligés de s’asseoir sur les marches. On écoute, captivé. Le sujet de notre attention? Un cours de sociologie de Philippe Corcuff.
Nous sommes à l’Université Populaire – un mouvement d’enseignement gratuit qui est en plein essor en France en ce moment. Philippe Corcuff explique quelle est la motivation du projet:
– Le savoir, ça, c’est ce que disait dans ses derniers textes Michel Foucault, la connaissance, le savoir, c’est qu’un des éléments de la tentative d’autoproduction de soi-même, de faire un travail sur soi. C’est-à-dire que soit on peut partir du fait qu’on est déterminé par toute une série de formes sociales, de structures sociales. Chaque individu, d’une certaine façon, il est engagé dans des stéréotypes, dans des conduites assez habituelles qui sont liées à sa classe sociale, à son genre, à sa culture, à sa nationalité, etc. Et donc soit il subit de manière passive tout ça et il est le produit de ça. Et puis il peut croire qu’il est libre mais c’est un peu une sorte de jouet dans les mains de déterminations qu’il ne maîtrise pas, soit il essaye de devenir un sujet, c’est-à-dire, il essaye de commencer à prendre conscience de ces déterminations, de ce qu’il pèse sur lui et de devenir quelqu’un de plus actif. Donc ce serait, ça, "un sujet". Alors notre idée, c’est que les savoirs diffusés dans l’université populaire, dans un cadre qui est pas strictement universitaire peuvent être une ressource de ce type. Et l’idée, c’est pas que les gens viennent consommer, c’est-à-dire où on leur donne des solutions clé en main, ils prennent des notes et ils consomment comme ils consomment de la musique, à la télé comme ils consomment du cinéma, comme ils consomment, etc., mais on aimeraitque… fournir des savoirs un peu critiques, un peu nouveaux qui les perturbent, qui les troublent, qui leur posent des questions, bon, qui dérangent un peu leurs évidences et donc que, peu à peu, ça contribue avec leur propre expérience quotidienne à leur poser des questions, en interaction avec leur expérience quotidienne et qui finissent par faire qu’ils? dans la réflexion sur eux-mêmes, mais aussi dans ce qu’ils vont faire pratiquement, ça peut peut-être légèrement dévier leur trajectoire, ce qu’ils vont faire ou pas. Bon? Donc c’est introduire des petits grains de perturbation, d’étrangeté.
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