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Neuf ans après sa disparition, François Mitterrand est à la une de tous nos journaux encore une fois.
La sortie d’un nouveau film* sur la dernière période de sa vie pousse les médias à s’interroger sur le bilan de ses 14 années de présidence, entre 1981 et 1995. Pour certains, sa maîtrise de la politique lui a permis de moderniser le pays et de construire l’Europe. Pour d’autres, il a été un briseur de rêves proclamant une «rupture» avec le capitalisme tout en étant le chantre du libéralisme économique.
S’il est difficile de trouver un consensus sur son bilan, il n’y a aucun doute sur sa capacité à fasciner les gens. Plus de 400 livres ont déjà était publiés sur sa carrière. De son chauffeur à ses conseillers, tout le monde a eu son mot à dire. Pourquoi un tel engouement? C’est la question que s’est posé le chercheur Bertrand Pirat:
Il y avait eu énormément d’ouvrages sur François Mitterrand ; s’était développée ce qu’on appelait une « mitterrandologie ». Et en fait, plus que François Mitterrand lui-même, ce qui m’a paru important à étudier, c’est la fascination pour François Mitterrand. Et en fait j’étais fasciné par la fascination pour François Mitterrand. Mon hypothèse, c’est de dire que la médiation est plus importante que le personnage. C’est-à-dire : c’est la médiation qui fait le personnage ; c’est le dispositif d’écriture, de parole, qui produit l’aura présidentielle.
Certes, il faut de la personnalité pour attirer une telle attention – certains, malheureusement,ou heureusement, n’y arriveront jamais. C’est une condition nécessaire mais non suffisante, par conséquent ce sont les autres ingrédients qui ont intéressé m. Pirat.
La science politique a beaucoup de problèmes avec la notion de charisme. Son travail, c’est d’expliquer pourquoi il y a un tel différentiel entre certains acteurs politiques au niveau du charisme qui leur est imputé. Et l’hypothèse de la science politique est de dire que cette telle différence ne vient pas seulement d’une capacité personnelle, mais vient des? Comment dire, de l’imputation charismatique ; c’est-à-dire que ce sont les personnes qui ont intérêt à attribuer du charisme au leader politique.
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