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Pourquoi les Français ont-ils dit non à la Constitution européenne? Les causes étaient multiples, mais ce qui a réuni les partisans du «Non» a été le désir de défendre un modèle français d’organisation sociale face à une mondialisation jugée trop influencée par le néolibéralisme anglo-saxon.
Mais peut-on défendre ce modèle et dans la théorie, vu la persistance de chômage en France depuis 30 ans, et dans la pratique, vu les forces inéluctables du commerce mondial? Le débat fait rage. Voici deux points de vue: celui d’un syndicaliste qui a vécu la mondialisation sur le terrain et celui d’un économiste qui plaide pour la réforme de l’Etat français.
Je suis Serge Truscello, délégué syndical CGT au site de Bosch, Vénissieux1.
Je pense que au-delà du contenu même de la Constitution européenne, ce que les Français ont rejeté c’est bien cette politique qui fait que c’est de plus en plus difficile pour les salariés d’avoir un travail à temps plein, un travail rémunéré correctement, un certain avenir qui leur permettrait de faire des projets. Je crois que c’est tout ça qui a été rejeté, quoi.
Nous, on est un site Bosch depuis le début des années 70, donc un site prospère, avec des fabrications diesel qui arrivaient en fin de vie,2 puisqu’il y a des nouvelles technologies qui maintenant remplacent ces fabrications et les organisations syndicales du site réclamaient depuis un certain nombre d’années l’arrivée de nouvelles fabrications sur le site et en début de l’année 2004 devant la direction allemande qui était venue sur le site on a de nouveau posé la question et là, ils nous ont dit : en effet il y a un problème pour l’avenir du site de Vénissieux mais on vous propose de le régler en investissant sur le site en contrepartie d’une baisse du coût du travail, de l’ordre à l’époque de 15 à 20 % qui en réalité a été donc, après négociation, de 12,1 %.
Donc, comparé au coût du travail en Italie, bon, en Italie c’est plus bas mais, bon, il n’est pas si énorme que ça, mais surtout au coût du travail en Tchéquie, quoi, c’est un rapport de un à quatre ou de un à cinq, donc évidemment si on parlait que de coût du travail, il n’y a plus rien qui pouvait se fabriquer sur le site, quoi, en termes de coût salariaux…
Donc, bon, pour nous c’était pas un argument recevable dans le sens où la question qui est posée, c’est pas tant de baisser le coût du travail dans nos pays mais de faire en sorte que dans les pays comme la Tchéquie, la Hongrie, la Roumanie, enfin tous ces pays-là, eh ben les salaires, les minimum, montent suffisamment haut et suffisamment vite pour que ce soit plus du dumping social.
Chaque salarié a reçu par lettre recommandée, les 840 salariés ont reçu par lettre recommandée, un avenant à leur contrat de travail de la Direction. Ils avaient trois possibilités : le renvoyer signé, bon, ils acceptaient; ne pas le renvoyer et au bout d’un mois c’était considéré comme accepté par la Direction; et le renvoyer signé avec la mention ‘Je refuse la modification au contrat de travail’ et à ce moment-là c’était le licenciement.
Donc en fait on n’avait pas vraiment le choix, d’autant plus que pour se couvrir complètement la direction avait dit que s’il y avait plus de 10 % des salariés qui refusaient la modification au contrat de travail elle faisait pas venir la nouvelle fabrication sur le site. On est passés de 35 heures à 36 heures. Nous, on avait 20 jours de RTT sur le site, donc on travaillait 6 jours de plus. On n’a plus que 14 jours de RTT. Enfin on avait le pont de l’Ascension payé et il ne nous est plus payé, il faut qu’on travaille. Il y a le lundi de Pentecôte qui rentre dans le cadre3. Il y a trois ans de gel des salaires. En 2000 et 2001 on a eu déjà deux ans de gel de salaire pour passer aux 35 heures et en 2005, 2006, 2007 on va avoir trois ans de gel de salaires pour revenir aux 36 heures, quoi, en gros pour les salaires c’est ça. Il y a la suppression de la prime d’intéressement pendant 3 ans. Il y a… Les heures de nuit, pour l’équipe de nuit, étaient payées à 25 % de plus et elles ne sont plus payés qu’à 20 %.
Enfin il faut quand même savoir qu’en 2004 Bosch: est devenu pour la première fois le premier équipementier mondial; pour la première fois a dépassé je ne sais plus combien de milliards de chiffre d’affaires. Il avait des objectifs de pourcentage de résultat net par rapport au chiffre d’affaires pour approcher les 7 % à l’horizon 2006, on y est quasiment arrivés dès l’année dernière. Donc, bon, c’est des chiffres qui sont extraordinaires. Donc on est vraiment dans une situation où il n’y avait rien qui justifiait une diminution du coût du travail.
Je pense sincèrement que la solution, elle est politique. Enfin, l’Europe telle qu’elle est par exemple, l’Europe telle qu’elle a été construite, elle est construite depuis plus de 50 ans et on voit bien dans quel sens elle s’est orientée. La question qui a été posée par exemple par les salariés au moment de Bosch Vénissieux, au moment de toutes ces négociations, c’est : est-ce que juridiquement la Direction a le droit de faire ça? Parce que ça leur paraissait énorme que dans une entreprise qui va si bien on puisse leur dire : si vous voulez du travail il faut que vous nous donniez des sous4, en gros, c’est ça. Donc est-ce que juridiquement la Direction a le droit? En gros, économiquement, la direction elle peut faire ce qu’elle veut.
On est devant une Constitution européenne où déjà il y a des choses qui sont prévues pour les entrepreneurs, pour les patrons, pour les grands groupes multinationaux. Par exemple quand un grand groupe rachète un autre groupe il y a une Commission de la concurrence qui se met en place pour savoir s’il n’est pas en position de monopole sur le produit et ainsi de suite et qui donne l’autorisation ou non du rachat. Il n’y a rien dans la Constitution par exemple qui crée une Commission de la concurrence pour les salariés et qui aurait pu dire : non, dans ces conditions on n’autorise pas le rachat, on n’autorise pas ce fait-là parce que ça va créer tant de5 difficultés sociales, tant d’emplois en moins. Bon, on voit bien que la Constitution, elle est tirée uniquement sur l’économique et pour faciliter le développement des entreprises de la manière dont les patrons l’entendent, quoi.
Nous, on n’est pas pour que la Chine ou la Tchéquie ou d’autres pays restent dans la pauvreté. La question, c’est de savoir quelle réponse on amène aux populations. Est-ce qu’il n’y a pas suffisamment de richesses créées dans les multinationales dans tous les pays pour à la fois permettre de maintenir le niveau de vie des pays développés et à la fois permettre aux pays émergeants de se développer et d’atteindre un niveau de vie correct. Nous, on pense que oui. Enfin, il n’y a jamais eu autant d’argent qui transite par les bourses, par les marchés financiers, par les rachats d’entreprises. Les scandales financiers, même si pour l’instant ça a un peu baissé le pied,6 mais on en a entendu parler pendant des années et des années. Il y a toujours des sous, il y a toujours de l’argent pour développer les marchés financiers, il n’y en a jamais pour développer les acquis sociaux. Ça fait aussi des dizaines d’années qu’on entend : il faut que l’économie se porte bien, que les marchés financiers se portent bien, et après il y aurait une espèce de phénomène d’échelle qui dégringolerait sur la population et qui ferait que tout le monde vivrait bien, quoi. On voit bien que c’est pas le cas. On voit bien que plus le CAC 40, le CAC 40 en France il augmente, plus les bénéfices augmentent, plus les salariés, plus les privés d’emploi, plus les habitants des quartiers populaires, eh bien ils sont dans la difficulté. Il y a des richesses qui sont créées dans ce pays, il faut que les tenants en ce moment du pouvoir ils acceptent de le répartir de meilleure manière, quoi. L’écart entre les pays, on va dire émergeants, pauvres, et nos pays, il ne doit pas servir au dumping social parce que ça fait pas avancer les choses à la fois dans ces pays-là et à la fois dans nos pays parce que on recule tous, quoi. Moi, je pense que si le peuple français a un exemple à donner – et il l’a donné dans le cadre de la Constitution – c’est qu’il faut véritablement en Europe un véritable débat démocratique et politique, quoi. On ne peut pas se contenter de dire : il y a la mondialisation, il n’y a pas d’autres solutions, ça, ça peut pas convenir. La mondialisation, le capitalisme, c’est pas quelque chose qui vient d’en haut. Il n’y a pas un bon Dieu qui a dit une bonne fois pour toutes ce sera comme ça sur terre et puis c’est tout, quoi. Donc, ce débat démocratique et politique qu’il y a eu en France dans le cadre du référendum sur la Constitution, je crois que c’est ça l’exemple qu’il faut pour tous les pays.
Si le débat démocratique en France a été exemplaire, au niveau du chômage, c’est le contraire. A plus de 10 % de chômeurs enregistrés, la France est la lanterne rouge du monde occidental.
Dans son livre «En finir avec ce chômage», Daniel Moinier défend la thèse selon laquelle les problèmes de la France viennent d’un irréalisme économique. On ne travaille pas assez – ni au niveau de la semaine de travail ni au niveau de la durée totale de la vie de travail – pour financer les ambitions sociales, et donc un engrenage de non-compétitivité s’est installé. Pour cet auteur, un bouclier contre la mondialisation ne résoudrait rien:
On met tout sur les délocalisations. Si on enlevait toutes les entreprises étrangères en France, on ferme la France, là, on est sous-développés, hein. 90 % des Français ne savent pas que l’entreprise est marquée Dupont et puis en fait c’est des capitaux arabes, des capitaux de je sais pas où. Je crois qu’on n’en parle pas assez aussi du… En fait des délocalisations, alors voilà, qui sont chez nous. C’est l’inverse.
En fait, ce qui mène tout le monde, c’est la peur. La première des choses qui mènent le monde, il y en a plein, mais il y a la peur entre autres, donc pour les élections, là ça a été la peur. On a peur de l’Europe, on a peur de l’euro. Et si on mettait des barrières, la France aussi elle s’écroule. Regardez l’Airbus, le TGV, il vivent à 80 % par l’export. Il y en a plein, des sociétés qui travaillent avec l’export. Donc, dire qu’on va mettre des barrières, c’est des deux côtés, hein. On met la barrière pour rentrer ou pour sortir?
On a peur quand on sait pas. C’est des ogres qui vont nous manger, ils vont nous piquer tous nos emplois, pourquoi pas les femmes? Non, mais je veux dire c’est… il y a une peur de l’inconnu. On les connaît pas, on n’en a pas parlé, alors on parle de la Turquie, surtout pas, c’est des Arabes, des machins. Il n’y a pas assez de mobilité, de connaissance des autres, d’autres choses. Et si vous avez connu d’autres pays vous avez plus trop peur d’eux puisque vous les avez connus, vous savez comment ils vivent, ce qu’ils sont. Au contraire, on peut peut-être même s’implanter, on peut peut-être à ce moment-là faire des échanges.
Daniel Moinier met aussi en cause un code du travail qui veut protéger les intérêts des salariés, mais qui devient vite une bureaucratie infernale freinant l’économie. Il prend comme exemple le travail des intérimaires.
Il y en a plein qui retrouvent un emploi fixe par intérim, 75 %, hein, quand même. Parce que justement ils rentrent dans l’entreprise. Une fois qu’ils y sont ils peuvent être embauchés. C’est un tremplin. Alors il y en a plein qui n’aiment pas l’intérim, mais ça fait un super tremplin pour rentrer. L’ASSEDIC7 qui commençait à être en déficit a dit un jour : bon là, il faut qu’on trouve l’argent. Sur les gens qui travaillent au chômage on a dit : sur chaque mission, on va retirer, après la mission, un jour8. Après ils ont dit deux, trois, quatre, cinq, six jours. Donc ils travaillent une mission et on leur retire six jours, non payés pour renflouer les caisses. Nous, on avait des gens qui ne travaillaient qu’une journée, déménagement, dans un chantier, il y a un truc à faire pour une journée. Donc ils travaillent un jour, on leur retire six jours, leur indemnité. Donc, un jour de travail plus six jours, ça fait sept jours de retenus. À la fin du mois ils ont travaillé trois jours mais on leur a enlevé tout le mois et ils n’ont plus que trois jours de payés donc ils ne retravaillent plus, hein. Donc ils restent au chômage parce que les petites missions ça ne paye pas, hein.
Actuellement à l’Intérim il y a des motifs. Il faut être motif maladie9, motif surcroît de travail, motif travaux de sécurité. Il faut un motif et puis quand le motif A est fermé, stop! Eh bien on vous renvoie; théoriquement on vous renvoie ou on fait une prolongation si on peut et puis si on peut pas on est obligé de vous renvoyer même si on a encore besoin de vous et on renvoie des fois alors qu’on a encore besoin de vous. Et sinon, on est obligé de maquiller. La moitié des contrats sont faux, en Interim. C’est tout maquillé. On va repasser sur le motif B, et le motif B, après le motif C, on va trouver un autre motif, un faux ‘personne qui est en vacances’, un faux qui est, je sais pas où, malade, je sais pas quoi, pour arriver à mettre de l’intérim. Et on fait des papiers et puis après il faut changer de contrat chaque fois. Même si c’est trois jours on fait un contrat en six exemplaires. On en envoie un à machin. On en envoie là, on en envoie là. Il y a des papiers, mais alors, comme ça. Un tas de papiers, c’est du bricolage parce que on a voulu mettre des contraintes, des contraintes, des contraintes. Alors toutes les semaines vous êtes obligé d’appeler la société : vite, on est à la fin du contrat machin, et vous avez mis une semaine -parce qu’on n’ose pas s’engager-, qu’est-ce qu’on fait? Il faut trouver une solution. Alors tous les vendredis là, ils appellent. Il faut trouver une solution. Qu’est-ce qu’on fait avec lui, là? Qu’est-ce qu’on fait avec ce contrat? Qu’est-ce qu’on fait? Alors on appelle sans arrêt le chef de service de machin dans l’entreprise pour savoir s’il faut garder un intérimaire., alors qu’est-ce qu’on fait? Alors ce qui fait que ça alerte aussi l’entreprise. On se dit : tiens, on a un interim, bon, eh bien, on l’arrête. Donc ça supprime souvent des missions. Alors que si on n’appelle pas, ils durent un peu plus longtemps, il y a plus de travail, voilà, beaucoup plus longtemps. Alors avant il n’y avait pas de durée et ça marchait du tonnerre. Il n’y avait pas de motif et il n’y avait pas forcément plus d’abus que maintenant, je veux dire, sauf qu’il y avait moins de paperasse, moins de papiers, moins de ceci, trucs.
Le problème, je vous dis, ça revient toujours au même, on n’a jamais… On n’est pas en Suède, en Norvège, ou en Finlande, je sais pas où, où on a expliqué depuis longtemps le fonctionnement d’un pays, quoi. Chez nous c’est politique, on vote pour ou contre, point. Et puis il y a deux grands partis, et puis voilà, terminé. C’est pour ou contre, à la tête du client, moi je dirais même. C’est même pas forcément des actes, s’il y en a un qui est plus beau que l’autre, qui est ceci. Il y a un manque de culture économique en France, moi je trouve. C’est des discours très larges, pas trop précis parce qu’il y a les élections aussi toujours. Nous, on a toujours ces élections en filigrane quelque part, cantonales, départementales, nationales, régionales. Il y en a plein. Les gouvernements successifs n’ont jamais communiqué -vraiment communiqué-, avec le peuple, je dirais. On fait de la politique mais on communique pas.
M. Moinier ajoute dans un texte non-sonorisé:
Mes propositions les plus importantes pour diminuer ce chômage.
1) Faire rentrer des chômeurs à concurrence de 6% de l’effectif salarial des entreprises, soit pour une entreprise de 100p, 6 chômeurs pour une durée de 6 mois, renouvelable (commencer par les chômeurs de plus longue durée)
Avec un complément de salaire (entre le montant Assedic perçu et le salaire net de la fonction) payé par l’entreprise. Ce surcroît servira de relance de la consommation et de l’emploi.
2) Augmenter la durée du travail global en reculant les retraite L’idéal serait de programmer la durée du travail en fonction de la durée de vie. C’est à dire qu’aujourd’hui, nous arrivons péniblement à payer 20 ans de pension après 60 ans en ayant augmenter sans arrêt les charges et diminuer le montant des pensions. Avec cette mesure tous les gouvernements seraient sauvés et surtout les caisses de retraites (des cotisations qui rentrent et plus de pensions à payer) la sécurité sociale, les impôts, le coût diminué des investissements et par retombées, la consommation supérieure d’au moins 35%.
Sur une seule année (hors fonction publique) charges et pensions non payées représenteraient 65 Md? de rentrées supplémentaires, presque 1X1/2 le déficit annuel de la France. Le seul surcroît de consommation (salaire plus élevés que pensions) représentera en PIB, 200.000 embauches et ensuite 40% d’impôts supplémentaires.
3) Passer de 35 à 40 heures, horaire qui semble le plus favorable pour les salaires, les charges, les dépenses de loisirs, le fonctionnement de nombreuses entreprises surtout celles qui sont en 3 X 8 et feu continu. La hausse de salaires et de charges représenteraient en PIB/Consommation, l’embauche de 226.000 personnes sur 1 an. Sachant que chaque 2 chômeurs embauchés font remettre au travail 1 autre dans les 3 mois qui suivent, rien par la hausse de la consommation, les rentrées de charges supplémentaires et indemnité Assedic non payée. Calculez vous même le nombres d’autres personnes qui vont reprendre un emploi ?
Conclusion : la seule mesure (2) résoudrait à elle seule presque à vie tous nos problèmes, permettrait une diminution de notre dette, des charges sociales entreprises et salariés, le déficit de la Sécu, des caisses de retraites et une augmentation possible du niveau social sans contrainte: Le rêve pour tout Gouvernement.
Voilà, la principal synthèse et conclusion de ce livre "En finir avec ce chômage"
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Why did the French people say no to the European constitution? There were multiple causes, but what united the supporters of the "No" was the desire to defend a French model of welfare organisation in face of a globalisation judged to be too much under the influence of Anglo-Saxon liberalism.
But is this model defensible, either in theory – given the persistence of unemployment in France of the past 30 years – or in practice, given the irresistable forces of World trade? The debate is on. Here are two points of view: one of a trade unionist who has lived globalisation on the ground and one of an economist who pleads for the reform of the French state.
I’m Serge Truscello, representative of the CGT trade union at the Bosch plant in Vénissieux.
I think that aside from the contents themselves of the European constitution, what the French people have rejected is these policies which make it more and more difficult for workers to have a full time job, work paid correctly and a kind of future which allows them to make plans. I think it’s all that which has been rejected.
We have been a Bosch plant since the beginning of the 1970s, a prosperous site then, with diesel products which were coming to the end of their life, because there are new technologies which now replace these products and the trade unions at the plant had been seeking for several years the arrival of new products at the plant and at the beginning of 2004 in front of the German management which came to the plant we once again asked the question and at that point they said: effectively, there is a problem for the future of the Vénissieux plant but we propose to resolve it for you by investing in the plant, in return for a reduction of labor costs, at the time it was around 15 to 20% which in reality after negotiation was 12.1%
So, compared to the cost of labor in Italy, well in Italy it’s lower, but the difference isn’t as big as all that, but above all compared to labor costs in the Czech republic, like, the ratio is one to four or one to five, so of course if you talk only in terms of labor costs, nothing could ever be made on this site again, in terms of wage costs.
OK, well for us this wasn’t an acceptable argument because the question to be asked is not so much how to lower labor costs in our countries but to organise things in such a way that in countries such as the Czech republic, Hungary and Roumania, all those countries, well that the salaries, the minimum wages rise sufficiently high and sufficiently quickly so that there’s no more social dumping.
Each employee received by recorded delivery, the 840 employees received by recorded delivery, a modification to their working contract from the management. They had three choices: to return it signed, all well and good they accepted; to not return it and after one month it would be considered as accepted by the management; and to return it signed with the text ‘I refuse the modification of my working contract’ and at that point it was redundancy.
So in fact there wasn’t really a choice, the more so because to cover itself completely the management said that if there was more than 10 per cent of the workers who refused the change to their contracts they wouldn’t bring the new production to the site. We went from 35 to 36 hours a week. We had 20 Réduction du Temps de Travail days at the plant, so we work six more days. We’ve now only 14 RTT days. Finally we had the Friday after Ascension day paid and that’s no longer paid, we have to work. There’s Pentecost Monday that’s in the agreement. There’s a three year salary freeze. We already had two years salary freeze in 2000 and 2001 to move to the 35 hours week and in 2005, 2006 and 2007 we’re going to have three years salary freeze to return to 36 hours, in summary, for the salaries it’s that. Results-linked bonuses have been stopped for three years. There’s… the night shift hours, for the night shift they were paid 25% extra and they’re now only paid 20% more.
Finally, you need to know that in 2004 Bosch became for the first time the number one equipment providers in the world, for the first time they past the I don’t know how many billions turnover level. Their profits to turnover ratio target was to get towards 7% by 2006 and we just about reached it last year. So well, these are extraordinary figures. So we’re really in a situation where there was nothing which justified a reduction in labor costs.
I sincerely think that the solution is political. Europe as it is for example, Europe as it has been built, it’s been built for more than 50 years and you can clearly see in which direction it’s pointed. The question the workers asked for example, at the time of Bosch Vénissieux, at the time of all these negotiations, was: has the management the legal right to do that? Because it seemed so outrageous that in a company where everything’s going so well you can tell them: if you want to work you need to give us money, in a nutshell that’s what it is. So has the management the legal right to do that? In summary, in economic terms the management can do what it wants.
We’re confronted by a European constitution where there are things in it for the entrepreneurs, for the bosses, for the big multinational groups. For example when a large group buys another group there’s a Competition Commission which is put into place to establish whether there’s a monopoly position on the product and so on and which gives an authorisation or not for the buyout. There’s nothing in the Constitution for example which creates a Competition Commission for the employees and which could have said: no, in these conditions we don’t authorise the buyout, we don’t authorise that action there, because that will create so many social problems, so many less jobs. Well, you see clearly that the Constitution is driven uniquely by economic considerations and in order to aid the development of businesses in the sense in which the employers understand things.
As far as we’re concerned, we don’t want China or the Czech republic or other countries to stay in poverty. The question is to know what answers we can bring to the populations. Isn’t there enough wealth created in the multinationals in all the countries both to maintain the standard of living in the developed countries and let emerging countries develop and reach an adequate standard of living. We think that there is. There’s never been so much money transiting through the stock markets, through the financial markets, in the buying up of businesses. The financial scandals, even if that’s quietened down for now, but we heard about them for years and years. There’s always money, there’s always money to develop the financial markets, there’s never any to develop welfare benefits. For decades we’ve heard: what’s needed is for the economy to go well, that the financial markets go well and afterwards they’ll be a sort of ladder effect which would unfold down to the population and which would ensure that everyone lives well. It’s clear that that’s not the case. You see clearly that the more the CAC 40, the CAC 40 in France goes up, the more profits go up, the more the workers, those without jobs, the inhabitants of popular districts, the more they are in difficulty. There is wealth that’s created in this country, what’s needed is that those in power accept to spread it around in a better way.
The difference between let’s call them emerging, poor countries and our countries shouldn’t be used to create welfare dumping because that doesn’t advance things either in those countries or in our countries because we all go backwards. I think if the French people have an example to give – and they gave it in the context of the Constitution – it’s that there needs to be a true democratic and political debate in Europe. We can’t satisfy ourselves by saying: there’s globalisation, there are no other solutions, that won’t do. Globalisation, capitalism is not something that comes down from on high. There’s no wise God who’s said once and for all that it will be like that on earth and then that’s it. So this democratic and political debate that there was in France in the context of the referendum on the Constitution, I think that it’s the example that’s needed for all countries.
If the democratic debate in France was exemplary, the record on unemployment is the opposite. With more than 10% registered unemployment, France is at the bottom of the class in the Western world.
In his book «En finir avec ce chômage», Daniel Moinier defends the thesis according to which the problems of France stem from economic irrealism. We don’t work enough – neither in terms of the length of the working week nor in terms of the length of the working life – to finance our welfare goals, so we become stuck in a non-competitive gear. For this author a shield against globalisation would solve nothing.
People put everything down to outsourcing overseas. If you took away all the foreign enterprises in France, you’d close down France, we’d become an underdeveloped country. 90% of the French people don’t realise that the business is called Dupont and then in fact the capital comes from Arab countries, from I don’t know where. I don’t think we talk enough as well of the outsourcing operations which we have here. It’s the opposite.
In fact, what drives everyone is fear. The primary driving force of the world, there are lots of them, but there’s fear amongst others, so for the election (referendum), it was fear. We’re frightened of Europe, frightened of the euro. And if we put up barriers, France too would collapse. Look at Airbus, the TGV, they live 80% on exports. There are lots of them, companies that live on exports. So to say we’re going to put up barriers, that’s on both sides. Are we going to put up barriers for coming in or going out?
People are frightened when they don’t know. They’re ogres who are going to eat us, they’re going to steal our jobs, why not our women? No, but what I mean is that there’s fear of the unknown. We don’t know them, we haven’t talked about them, so when someone talks about Turkey, definitely not, they’re Arabs and so on. There’s not enough movement, knowledge of others, of other things. And if you’ve known other countries you know longer fear them because you’ve known them, you know how they live, what they are. On the contrary, may be we can set up over there and start exchanging.
Daniel Moinier blames as well employment laws whose intention are to protect workers, but which very rapidly become a bureaucratic nightmare. He takes as an example temporary workers.
There are plenty of people who find a permanent job via temping, 75%. Exactly because they get inside the company. Once they are there they can be employed. It’s a trampoline. So there are lots of people who don’t like temping, but it’s an excellent trampoline for getting in. The unemployment benefits agency was getting into deficit and said, well here we’ve go to find money. For the people who were working while unemployed they said: for every job we will take off a day’s benefit. Afterwards they said two, three, four, five, six days. So they work on a job and they take away six days benefits unpaid, to fill up the coffers. We had people who worked for one day only, removals, on a site, there was something to be done for the day. So they work one day and they take away six days benefits. So one day of work plus six, that makes seven days withheld. At the end of the month they’ve worked three days but they’ve had the enitre month withheld and they’ve only been paid three days, so they don’t work again. So they stay unemployed because little jobs don’t pay.
At the moment to employ a temp you need to give a pretext. There needs to be a sickness pretext, an excess of work pretext, a security regulations pretext. You need a pretext and when the pretext A is finished, stop! You’re sent packing; theoretically you are sent away or you do a prolongation if you can and then if you can’t they’re obliged to send you away even if they need you and people do get sent away even though they’re needed. And otherwise you’re obliged to make things up. Half the contracts in temping are false. It’s all made up. You’ll get put onto pretext B, and afterwards pretext C, they’ll find another motive, a false person who is on holiday, a false person who is ill, I don’t know what, so that they can place a temp. And you fill out forms and then afterwards you have to change contract each time. Even if it’s three days you do a contract in six copies. You send one to so-and-so, you send one there, one there. There are papers so high. A stack of papers and it’s all jerrybuilt because they wanted to put constraints, constraints, constraints. So every week you’re obliged to call the entreprise: quick, we are at the end of the contract so-and-so, and you put one week because you didn’t want to commit – what are we going to do? We’ve got to find a solution. So every Friday they call. We’ve got to find a solution. What are we going to do with him there? What are we going to do with this contract? What are we going to do? So all the time you call the head of service so-and-so in the company to know whether or not you should keep the temp, so what are we going to do? So that has the effect of alerting the company. They say: well, we have a temp, well we’ll stop him. So often jobs get cancelled. Whereas if you don’t call, the jobs last longer, there’s more work, they last much longer. Whereas before there wasn’t a length and it worked like thunder. There were no pretexts and there weren’t necessarily more abuse than there is now, except there was less paperwork, less paper, less of all these things.
The problem, I tell you it always comes back to the same thing, we’ve never had… We’re not in Sweden, Norway, Finland or I don’t know where, where they’ve explained for a long time how a country works. With us it’s politics, you vote for or against and that’s it. And then there are two big parties and then there we are that’s it. It’s for or against, if the face fits I’d almost say. It’s not even necessarily what’s done, it’s if one is more handsome than another, who is whatever. There’s a lack of economic culture in France, I find. It’s very grand speeches, not too precise because there are elections always as well. We always have these elections in the background somewhere, cantonal, departmental, national, regional. There are lots of the them. Successive governments have never communicated – really communicated, with the people, I would say. They play at politics but they don’t communicate.