Version Ralentie
Notre siècle a démarré sous le signe de la violence. La liste des pays touchés par des attentats terroristes se prolonge, les autres vivent dans la crainte que ce ne soit bientôt à leur tour. Même s’ils ont la chance de ne pas être frappés directement, les gens partagent la blessure psychologique de l’insécurité. Depuis les attentats de Londres se rajoute la peur que le cycle infernal ne s’installe au sein même de nos sociétés, qu’il existe une population marginalisée prête à entrer en guerre avec l’ordre établi. Comment donc réagit-on à ces évolutions dans les banlieues parisiennes? Reportage de Dillah Teibi.
– C’est vrai que quand tu vois des choses comme ça à la télé, après, t’es pas bien dans ta tête, quoi, t’es pas bien dans ta tête. Vous voyez ce que je veux dire. Tu vois des choses comme ça, tu dis ça peut arriver ici aussi. Oui, ça peut arriver à n’importe qui. Tout à l’heure je pourrais être dans le train. Tout à l’heure je vais prendre le train, je vais être dans le train et qui dit que le train va pas exploser. Je sais pas. Vous voyez ce que je veux dire. Et franchement, quand j’ai vu que c’était des jeunes, et tout ça, le seul truc que j’ai pensé, je me suis dit, peut-être qu’il y a des jeunes issus aussi qui pourraient faire ça. Vous voyez ce que je veux dire?
– Moi, je trouve pas ça normal, la vérité, je trouve pas ça normal que des terroristes ils viennent péter1 les trains, qu’ils viennent péter les gares, qu’ils viennent péter… moi, je trouve pas ça normal. Vous voyez. Parce que je me suis dit, dans les trains, il y a pas que… Il y a tout le monde et quand je dis qu’il y a tout le monde, c’est… Il y a tout le monde, quoi. Vous voyez ce que je veux dire. Il y a toutes sortes de races. Il y a toutes sortes de couleurs. Il y a toutes sortes de religions. Vous voyez. Ils ont rien à voir. – Il faudrait les écouter, quoi, parce qu’ à la base, les terroristes, à la base, au début, c’est des gens bien, quoi. Mais après ils deviennent méchants parce que les gens sont méchants avec eux, si ça se trouve. C’est pour ça qu’ils sont méchants. Sinon, si tu leur fais pas de mal, je pense pas qu’ils vont te faire du mal, hein
. – Je suis musulman et j’ai étudié un peu. Pendant que j’étais là-bas, moi, j’ai étudié que ça.
– Où ça?
– En Mauritanie. Le Coran. Et dans l’Islam, il y a pas ça. Il y a pas ça. On tue pas les gens comme ça: tu tues des musulmans, tu tues des chrétiens, tu tues des Juifs, tu tues des… tu tues un peu tout, quoi, vous voyez. Mais c’est pas l’Islam. Maintenant, pourquoi il y a cette violence? Moi, je vais vous dire. Qu’est-ce que j’en pense? C’est peut-être, moi, je me dis, peut-être qu’eux, ils voient des choses que nous, on ne voit pas. Moi, je crois qu’eux, ils voient des choses que le gouvernement, il prépare, qu’eux, ils voient ça, ça leur plaît pas et qu’ils ont envie de tout péter, quoi. Des choses que demain, si nous, on voit ces choses-là, je suis sûr que même nous, on terminera terroristes.
– La violence, c’est une globalité. C’est comme une organisation dans un service ou dans une mairie, ou dans n’importe quelle boîte, eh bien, on va mettre en haut de l’organigramme, le P.D.G.2, on va mettre la violence, et après, t’as des petits critères, où t’as des chefs de services. Eh bien dans un chef de services, t’auras le terrorisme, dans l’autre t’auras la violence urbaine, dans l’autre t’auras la violence dans les quartiers, je sais pas quoi, voilà, ça, c’est… Mais en gros, voilà, c’est ça.
– En gros, le terrorisme, c’est le plus haut niveau de violence, pour toi?
– Non, parce qu’il y a les guerres, après, hein. Et les guerres, à mon avis, ça fait plus de dégâts, ça fait plus de victimes. Et je pense que, à mon avis, la plus grosse violence, à mon avis, c’est la guerre, quoi.
– À mon avis, moi, pour moi, le terrorisme, c’est plus ce côté-là. C’est des gens qui ont besoin de dire quelque chose, qui ont besoin de s’exprimer et ils y arrivent pas et c’est leur moyen de recours, voilà. Ils posent des bombes partout et puis en posant des bombes partout ils attirent l’attention des gens, voilà. Et puis là, les gens ils s’intéressent à eux. Ils commencent à dire je sais pas quoi. Bon. Peut-être qu’ils ont… C’est des besoins qu’ils demandent ou je sais pas. Ils ont besoin de boulot. Ils ont besoin de… C’est parce qu’ils sont au chômage. Ils travaillent pas ou ils ont, je sais pas, pas de maison ou ils dorment dehors ou c’est peut-être des SDF3. Je sais pas, ça peut être plein de choses, ça peut être plein de trucs. Voilà, et je pense qu’il faut… Enfin, je condamne pas, moi. Il faut vraiment creuser, voir pourquoi ils font ça, ces gens-là. Pourquoi, et le pourquoi du comment, quoi, voilà.
– On est en France, nous. Nous, on dit, "je comprends pas", mais les gens qui sont, qui font ça, je sais pas, au Moyen-Orient, ils savent pas répondre à des attaques, eh bien, en faisant du terrorisme sur ces civils, eh bien, ils répondent comme ça. – Tu penses à quoi? – Ben, je sais pas, à ce qui se passe en Palestine, tout simplement. Voilà, des gens ils se font tirer dessus. Ils ont des chars. Ils se font jeter des bombes et c’est des personnes, ben, ils ont pas les moyens de répondre. Ben, de ce fait là, ben, qu’est-ce qu’ils font? Ils s’attaquent aux proies faciles. Et les proies faciles, c’est qui? Ben, c’est les civils. Parce que tu t’attaques pas à une armée si t’as pas les moyens. Maintenant, moi, je ne dis pas que c’est juste, je ne dis pas que c’est pas juste. Maintenant, il faut vivre dans leurs conditions pour donner un jugement. Il y en a, ils vont lutter avec des pierres, ils vont jeter des pierres. Et il y en a, qu’est-ce qu’ils vont faire? Ils vont se mettre des bombes sur eux et ils vont s’exploser dans un café ou dans un bus, ou je ne sais quoi.
– Franchement, pour moi, le terrorisme, c’est des mecs qui ont rien compris à la vie. C’est des mecs, ils ont rien compris à la vie. Mais après, bon, j’ai pas à me faire le défendeur des… de un tel ou de un tel. En Irak, je leur en veux plus qu’en Palestine. Je suis pas du tout antisémite, je suis pas du tout homophobe ou tous les trucs bizarres, là, non. Parce que, je me dis, en Palestine, ils font ça, c’est peut-être… C’est pas peut-être, c’est leur moyen de s’exprimer, je pense. J’y suis pas allé. On voit ça qu’à la télé. C’est peut-être le seul moyen qu’ils ont de s’exprimer. Maintenant, en Irak, ça sert à rien, franchement ça sert à rien. Ben, tu sais, je vais te dire ça à ma manière. En Irak, c’est une violence bête. Parce qu’au début, c’était les Américains et maintenant c’est carrément4 entre eux. En Palestine, je veux dire, c’est le dernier recours. Et je ne dis pas que c’est bien ce qu’ils font, les mecs, d’aller se faire sauter, en Palestine. Je dis que pour eux, c’est le dernier recours. À la limite, s’ils veulent se faire sauter intelligemment, ben, qu’ils aillent se faire sauter à la Maison Blanche, ou je sais pas. Mais dans le métro, des gens qui vont… Même si c’est des Anglais ou des Juifs ou des Égyptiens ou des Turcs ou je sais pas, hein, je te parle des pays où il y a des bombes, là. C’est des pères de famille, des mères de famille comme tes parents. Ils se lèvent le matin, ils vont travailler, ils prennent le train, ils ont rien demandé.
– Pourquoi, moi, je suis contre le terrorisme? Parce que moi, pour moi, déjà c’est des lâches. Si eux, ils voient des choses que le gouvernement prépare, ils doivent s’attaquer au gouvernement. C’est pas toi qui vas faire péter. Dans le train, il y a aucun politicien dedans, dans le train, ce qui veut dire, il y a aucun ministre. Ils sont où, les ministres? Ils sont au Palais. Ils sont où? Ils sont à l’Assemblée nationale. Si tu me dis que tu fais péter là-bas, OK, ça, je comprendrais, moi. Moi, ça je comprendrais. La vérité, moi, je comprendrais ça. Mais faire péter un train, mais désolé, moi, ça je comprends pas.
– Tu ferais une chose pareille?
– Moi, franchement, je sais pas. Moi, personnellement je ferais pas comme les terroristes, tuer.
– Si, par exemple, t’as un de tes copains, un jour, qui te dis, vas-y, moi je vais faire comme les types à Londres, tu fais quoi?
– Là, franchement, je vais lui dire. Je vais lui dire franchement, fais pas ça. Je vais le conseiller, je vais dire, fais pas ça. Mais si, maintenant, il veut être terroriste, s’il dit, c’est sa vie, tout ça, il veut le faire, ben je dis, ben, fais-le, mais moi je te connais plus, quoi, ça y est, c’est tout. C’est… Moi, je préviens personne. Je suis pas une balance5, moi. Moi, je parle pas, moi. Il fait sa vie, là. S’il a un truc à faire, il le fait, c’est tout. Moi, je parle pas.
– Nous, le gouvernement, moi je sais pas ce qu’il trafique, hein. Ils nous parlent de nous, on est des trafiquants, on est des voleurs, on est des voyous. Mais eux, ils sont pires que nous. Eux, on trouve même pas le mot. On trouve même pas les mots pour comment les appeler. On trouve même pas le mot. Vous voyez ce que je veux dire? Ils disent que nous, on est des voyous, on est des vagabonds, des gangsters, des voyous, des fouteurs de merde6, OK, mais eux, c’est quoi, eux? Eux, ils font quoi? Eux, qu’est-ce qu’ils trafiquent là-bas? Qu’est-ce qu’ils trafiquent? On sait pas! On sait pas ce qu’ils trafiquent. Par exemple, Chirac, là, Chirac, vous trouvez que c’est un exemple, ça? En plus de ça, il se permet de nous enfermer pour les petites bêtises que nous, on fait. Eux, ils font des grosses bêtises qui sont même pas punies. Ils sont même pas punis. Eux, ils ont le droit de faire des conneries. Ils ont le droit de faire des détournements. Ils ont le droit de voler de l’argent. Ils ont le droit de tout faire, mais nous, on n’a pas le droit. C’est comme si on vivait pour eux, quoi. C’est comme si on vivait pour eux. C’est comme si eux, ils nous avaient mis dans ce monde, quoi. Vous voyez ce que je veux dire. C’est eux, ils nous ont mis dans ce monde, ils nous nourrissent, ils nous logent, alors qu’ils font rien. Moi, c’est ça qui me rend dingue. Moi, j’ai rien contre l’État, tout ça. Moi, ce qui m’énerve chez l’État, c’est qu’ils font rien. Ils font rien.
– Et croyez-moi que dans les cités, il y a plein de jeunes. Moi, il y a plein de jeunes, j’en connais, exemple moi, moi, exemple moi, moi, je veux m’en sortir, moi, aujourd’hui. Nous, on est jeunes. On veut s’en sortir. Mais ça, ça ils ont pas encore compris, ça. Le président qui est dans son palais, pourquoi il sort pas de son palais et qu’il vienne faire un tour dans les cités, comment c’est? Ils nous mettent tous dans le même sac alors que t’as des gens comme moi, aujourd’hui, ils veulent que la paix. Moi aujourd’hui, je cherche la paix. Moi, j’ai la rage. Moi, j’ai une dent contre7 le gouvernement, mais de toute façon je pourrai rien faire. Le gouvernement, ce sera toujours le gouvernement.
– Le seul moyen pour arrêter ça, c’est… Il y a que le gouvernement qui peut arrêter ça, hein. C’est eux. Il faut qu’ils trouvent un moyen d’arrêter ça. Et c’est quoi, ce moyen? Que tout le monde soit égaux!8
Our century has begun in the shadow of violence. The list of those countries affected by terrorist attacks gets longer, the others live in the fear that it will be soon their turn. Even those people lucky enough to not to be hit directly share the psychological wound of insecurity. Since the attacks in London, there’s the additional fear that the infernal cycle will become set-in within the very heart of our societies, that a marginalised population exists that’s ready to do battle with the established order. How then are people reacting to these developments in the suburbs of Paris? Dillah Teibi reports.
– It’s true that when you see things like that on the tele, like, you don’t feel good in the head, you don’t feel good in the head. You know what I mean. You see things like that, you say to yourself that could happen here too. Yes, that could happen to anyone. In a little while I could be in the train. In a little while I could go in the train and who’s to say that the train won’t explode. I don’t know. You know what I mean. And frankly, when I saw that it was young people and all that, the only thing I thought, I said to myself, maybe there are young ethnic people here who could do that. You know what I mean?
– I don’t think it’s right, to tell the truth I don’t think it’s right that terrorists come and explode trains, come and explode stations, come and explode… I don’t think that’s right. You see. Because I say to myself, in the trains, there’s not only… there’s everyone and when I say everyone that’s… There’s everyone, like. You see what I mean. There are all sorts of races. All sorts of colours. There are all sorts of religions. You see. They’ve got nothing to do with it. – You have to listen to them, because at heart, terrorists, at heart, in the beginning, they’re good people like. But after they become bad because people are bad with them, it could be like that. That’s why they’re bad. Otherwise, if you don’t do them any harm, I don’t think they will do you any harm, like.
– I’m a Muslim and I’ve studied a little. While I was there that’s all I studied
– Where’s that?
– In Mauritania. The Koran. And in Islam there isn’t that. You don’t kill people like that: you end up killing Muslims, Christians, Jews, you kill… it’s a bit like you kill everyone, like, you see. But that’s not Islam. Now why is there this violence? I’ll tell you. Do you know what I think? It’s may be, I tell myself, maybe that they see things that we don’t see. I think that they see things that the government’s preparing, they see that, that doesn’t please them and they want to blow everything up, like. Things that, tomorrow, if we saw things like that, we would end up as terrorists.
– Violence is a whole. It’s like the organisation in an administration or in a Town Hall, or in any company, well you put at the top of the heirarchy, the Director General, you put violence and you have little divisions, where you have heads of service. Well under one head of service you’ll have terrorism, under another you’ll have urban violence, under another you’ll have gang violence, I don’t, know, that, that’s… But overall, there we are, it’s like that.
– Essentially, terrorism is the highest level of violence for you?
– No, because there are wars afterwards. And wars, in my opinion, that does more damage, that creates more victims. And I think that war is the biggest violence, like.
– In my opinion, for me, terrorism is more like this. It’s people who need to say something, who need to express themselves and they don’t manage to and it’s their last resort, there we are. The lay bombs everywhere and then by laying the bombs everywhere they attract the attention of people, there we are. And then there, people become interested in them. They start to say I don’t know what. Well. Maybe they have… It’s needs that they are asking for or I don’t know what. They need work. They need… It’s because they’re unemployed. They don’t work or they have, I don’t know, they haven’t got a house or they sleep outside or maybe they’re homeless. I don’t it could be lots of different things. There we are and I think that you have to… I don’t condemn, personally. You’ve got to really dig, to see why they do that, these people. Why and how, like.
– We’re in France, we are. We say "I don’t understand" but the people who do that, I don’t know, in the Middle East, they don’t know how to respond to being attacked and in carrying out terrorist attacks on civilians, well they respond like that. – You’re thinking about what? – Well, I don’t know, what’s going on in Palestine, quite simply. There, people are getting shot at. They have tanks. They have bombs thrown at them and these people, well they don’t have any way of replying. Well, from that position, what do they do? They attack easy targets. And easy targets, what are they? Well, it’s civilians. Because you don’t attack an army if you don’t have the means. Now, well I’m not saying it’s just. Now, you need to live in their conditions to pass a judgement. There are some of them who will fight with stones, they’ll throw stones. And there are others, what will they do? They’ll put bombs on themselves and they’ll go and blow themselves up in a café or in a bus or I don’t know what.
– Frankly, for me, terrorism is people who’ve understood nothing about life. These people, they’ve learnt nothing about life. But afterwards, well, I’m not in a position to defend one or another. In Iraq, I’m more critical of them than in Palestine. I’m not at all anti-Semitic, I’m not at all homophobe or all those bizarre things, that no. Because I say to myself in Palestine they do that, it’s maybe, it’s maybe their way of expressing themselves, I think. I’ve not been there. You see that on the television. It’s maybe their only way to express themselves. Now in Iraq, it serves no purpose, frankly it serves no purpose at all. Well, you know, I’ll put it in my way. In Iraq it’s a stupid form of violence. Because in the beginning it was the Americans and now it’s completely between themselves. In Palestine, I mean it’s the last resort. And I don’t say that it’s good what they do, these people, to go and blow themselves up, in Palestine. I say that for them it’s the last resort. At a push, if they want to blow themselves up intelligently, they should go and blow themselves up at the White House or I don’t know know where. But in the underground, people who are going… Even if it is English people or Jews or Egyptians or Turks or I don’t know what, I’m talking about the countries where there are bombs there. That’s fathers of children, mothers of children like your parents. They get up in the morning, they go to work, they take the train, they didn’t ask for any trouble.
– Why am I against terrorism? Because for me they are cowards. If they see things that the government are preparing, they should attack the government. It’s not you they should blow up. There aren’t any politicians in the train, there aren’t any ministers. Where are all the ministers? They’re in the Palace. Where are they? They’re in the National Assembly. If you tell me that you’re going to go and blow that up, OK, I would understand that. But blow up a train, I’m sorry, that I don’t understand.
– Would you do a similar thing?
– Me frankly I don’t know. Me personally I wouldn’t kill like the terrorists do.
– If for example, you had one of your friends one day who says to you, I’m going to do like the people in London, what would you do?
– In that case, frankly I would say to him. I would say to him frankly don’t do that. But if now he wants to be a terrorist, if it’s his life, he wants to do that, well I say, OK, do it, but I wont frequent you any more, that’s it, that’s all. I wouldn’t warn anyone. I’m not an informer. I don’t talk. He leads his own life. If he has something to do, he does it and that’s all. I don’t talk.
– I don’t know what the government is up to. They talk about us, that we’re all drug traffickers, that we’re thieves, that we’re crooks. But they’re worse than us. You can’t find the words for them. You can’t find the words. You know what I mean? They say that we are crooks, layabouts, gangsters, trouble makers, OK, but what are they? What do they get up to? What are they trafficking in over there? What are they trafficking? We don’t know! We don’t know what they’re trafficking. For example Chirac, do you think that Chirac is an example? And on top of it all, they give themselves the authority to lock us up for the stupid little things that we do. They do big stupid things and they’re not even punished. They’re not even punished. They’ve got the right to get up to no good. They’ve got the right to embezzle funds. They’ve got the right to steal money. They’ve go the right to do what they want, but we don’t have the right. It’s as if we lived for them, like. It’s like we lived for them. It’s like they’d brought us into this world. You know what I mean. Like they’d brought us into the world, fed us, housed us, when they do nothing. That’s what makes me mad. I’ve got nothing against the state and everything. For me what annoys me about the state is that they do nothing.
– And believe me that in the cities there are lots of young people. There are lots of young people I know them, me for example, we want to succeed. We the young people we want to succeed. But they haven’t yet understood that. The president who’s in his palace, why doesn’t he come out of his palace and come and take a tour of the cities, see how it is? They put everyone in the same basket when there are people like me who today are looking for peace. Me I’m furious I’ve got issues with the government but in any case I can’t do anything. The government will always be the government.
– The only way to stop all this is…. It’s only the government that can stop all this. It’s them. They have to find the means of stopping it all. And what are the means? That everyone be equal.