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C’est la rentrée ! Dans les écoles, les magazines, à la télévision. Impossible de passer à côté. Quand 15 millions d’élèves reprennent le chemin de l’école, toute la société française est en effervescence. Reportage de Florence Maître.
-La Belle au Bois dormant, elle va s’endormir, alors?
Nous sommes au collège Pierre-Mendès-France de La Rochelle, quelques jours avant la rentrée des classes.
Ces enfants ont environ dix ans. En discutant d’un conte, La Belle au Bois dormant, ils préparent leur entrée au collège. Cela s’appelle l’école ouverte.
-C’est bien d’être ici, puisqu’on apprend beaucoup de choses pour la sixième. On appréhende et tout ; parce que c’est pas facile de passer au collège alors qu’on était en primaire. C’est pas pareil parce qu’en primaire, on n’a qu’un professeur et au collège, on a plus de professeurs.
Élisabeth Vergeron est la principale du collège. Elle et son équipe travaillent sur cette rentrée scolaire depuis le mois de novembre !
-Les élèves vont arriver. Ils sont anxieux parce qu’ils savent qu’ils ont des nouveaux programmes, qu’ils vont franchir une étape, parce qu’ils vont découvrir de nouveaux camarades. C’est effectivement sans doute lié à l’idée qu’on a qu’il y a une grande rupture, une grande coupure, entre la fin de l’école et le début de la rentrée suivante. En réalité, pour l’administration, il n’y a pas cette grande coupure. Nous, nous terminons deux semaines après la sortie des élèves ; nous commençons deux semaines avant la rentrée des élèves, ce qui fait que nous avons un temps d’été avec quatre semaines et demie, cinq semaines maximum de coupure. Ce qui est donc un temps de vacances équivalent à tout un chacun et donc, quand on est dans son entreprise, on part, on revient cinq semaines après. Il ne s’est pas passé de révolution entre les deux ! Pour l’établissement scolaire, c’est vrai que les élèves, eux, ont une plus longue coupure, leurs professeurs aussi. Donc je pense que ça contribue à donner cette impression de grand, mais c’est vrai que aussi on reconstruit quelque chose de nouveau pour chaque année.
Ce petit stage de « pré-rentrée » n’existe pas dans tous les collèges de France. Ici, on est en ZEP, zone d’éducation prioritaire, dans un quartier difficile. On appelle aussi ces établissements « ambition réussite ».
-Nous avons été classés, à partir d’un certain nombre d’indicateurs, sociaux essentiellement, parmi les 250 collèges les plus difficiles de France. Alors, difficile, donc, pour le ministère, c’est, à partir d’indicateurs essentiellement sociaux et de, comment dire, de handicap à l’entrée au collège, en somme : lorsqu’on n’a pas tout à la maison, lorsqu’on n’a pas de parents qui peuvent aider, lorsqu’on habite dans des conditions difficiles, on a accumulé déjà un certain nombre de difficultés. Donc le pari qui est fait en France, c’est qu’en donnant plus aux établissements qui sont dans ces zones, en donnant plus de moyens, un encadrement plus nombreux, on réussira peut-être à combattre une partie des handicaps.
Au collège Mendès-France, la rentrée est un peu spéciale cette année. Une trentaine d’élèves sont partis. Ils ont choisi un autre collège, dans un quartier moins populaire, pour continuer leur scolarité.
Maintenant, en France, on peut choisir l’école de ses enfants. C’est nouveau. Avant, il fallait regarder la carte scolaire, et selon l’endroit où l’on habitait, on mettait les enfants dans une école ou dans une autre. C’est le nouveau Président, Nicolas Sarkozy, qui a changé cette règle.
Bien avant la vraie rentrée scolaire, tout commence souvent dans les allées des supermarchés.
Pas facile de trouver LE carnet que demande un professeur ! Christelle est venue avec ses filles pour remplir les cartables.
-Ça représente quoi, la rentrée scolaire ?-La séparation des enfants. C’est pas évident. C’est les larmes à toutes les rentrées. Oui… Malgré tout. Oui, c’est un grand moment, oui. Mais c’est… ça rappelle l’enfance. On refait tout : les fournitures, les vêtements, les bureaux d’école des fois, enfin on renouvelle tout !
C’est donc aussi un moment particulier pour les supermarchés qui ont beaucoup de travail !
Cela ressemble un peu à Noël. Nicolas Berjon, chef de rayon dans ce supermarché.
-La rentrée scolaire se prépare un bon mois à l’avance avec, déjà, l’arrivage2 de toute la marchandise en réserve, la préparation de la marchandise pour la mettre en rayon, etc., l’implantation. Et puis là, en fait, on est en plein boom depuis début août. On casse carrément le rayon dit « permanent » qui représente, en gros, douze mètres linéaires ; douze mètres linéaires pour en mettre pratiquement 48, quoi ! La rentrée scolaire se pense, en termes d’achat et de commande, dès le mois de janvier. On prépare nos commandes, on passe nos commandes pour être livrés en temps et en heure, disons début juillet, quoi, fin juin début juillet. Choix de marchandise, les promotions au niveau national qui vont être réalisées, donc on fait tous nos achats de rentrée des classes, rentrée scolaire, que ce soit maroquinerie, papeterie, écriture, au mois de janvier.
C’est donc le moment d’équiper les enfants, de prendre de nouvelles résolutions, bref, le moment d’acheter ! Les spots publicitaires le répètent à longueur de journée : c’est la rentrée ! Impossible de passer à côté !
Heureux détenteur de la carte de fidélité Auchan, profitez-en! Cette semaine, vous recevez 20% en bons d’achat sur tous vos rayons textiles enfant dans votre hypermarché?
-C’est la rentrée plus Auchan. La rentrée plus chez Auchan, c’est plus de choix et plus d’économie aussi ; sur le multimédia…
La France s’endort au mois d’août et se réveille en septembre. Les usines, les magasins, les restaurants, les administrations, beaucoup ferment leurs portes en août.
On parle même, depuis quelques années, de rentrée littéraire en septembre. Plus de 700 nouveaux livres s’entassent sur les rayons des librairies à la rentrée ! Écoutez les explications de Jacky Flenoir, libraire.
-Ben, la rentrée littéraire, c’est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur depuis… depuis 5-6 ans à peu près. Ben, avant, c’étaient les livres de la rentrée, mais bon, il n’y avait pas cette appellation rentrée littéraire. Les éditeurs surtout se battent pour être dans ce wagon de « rentrée littéraire », donc bien sûr là on touche… ça touche un gros marketing. Par exemple, cette année, nous avons à peu près 700 romans, donc une masse impressionnante de livres dont une grande majorité vont passer complètement inaperçus. Les librairies sont envahies d’un seul coup et c’est un peu dommage qu’on reste dans ce… qu’on soit dans ce concept de plus en plus… de plus en plus de folie, quoi ! Donc j’espère que ça va… à force que les libraires râlent un peu parce que c’est… parce que c’est insupportable et ça fait du gâchis au niveau du respect du travail des écrivains. Contrairement à ce que l’on pense, certains sont mis en avant parce qu’ils ont des noms ou ils sont soutenus par la presse et tutti quanti3, mais beaucoup restent dans l’ombre et sont complètement… enfin complètement écrasés par les autres, quoi. Indéniablement, les lecteurs suivent, oui, mais eux aussi sont un peu affolés comme les libraires. Ils sont un peu affolés par tout ce qu’il y a, par tout ce qu’on leur présente et donc ils veulent… donc bien sûr ils veulent être conseillés, ils veulent être dirigés, mais nous aussi, parfois, on arrive un peu à s’y perdre.
Cette année, la France vivra peut-être aussi une rentrée sociale. Plusieurs mesures prises par le gouvernement et le Président de la République ont mécontenté les syndicats. Une rentrée sociale, ce sont des grèves et des manifestations, dès la reprise, dès septembre !
It’s la rentrée! In the schools, in the magazines, on the television. It’s impossible to miss. When 15 million pupils wend their way back to school, the whole of French bubbles. Florence Maître reports.
-So is Sleeping Beauty going to fall asleep then?
We are at the Pierre-Mendès-France College in La Rochelle, several days before the return to school.
These children are around 10 years old. By chatting about a fairy tale, Sleeping Beauty, they prepare their passage into secondary school. It’s called a School Open day.
-It’s good to be here because we’re learning lots of things about the Sixth Form (for ten to eleven year olds). You learn and so on; because it is not easy to move to secondary school when you’ve been in primary school. It’s not the same because in Primary School you’ve only got one teacher whereas in college there are several teachers.
Elisabeth Vergeron is the college Principal. Her and her team have been working on this return to school since November.
-The pupils are going to arrive. They are anxious because they know there are new programmes, that they’re moving on to a new stage, that they’re going to discover new friends. Without it’s linked to the idea that we have that there’s a big break, a big gap, between end of school and the beginning of the next school year. In reality for the administration there’s not a big gap. We finish two weeks after the pupils have left; we begin two weeks before they return, which means that we have four and a half weeks, five weeks maximum, break. So it’s the same holiday period as everyone else. When you’re in a business, you go away and you come back five weeks later and nothing revolutionary has happened in the meantime! Whereas in an educational establishment, it’s true that the pupils have had a longer break, their teachers too. So I think that contributes to the impression that it’s all hands on deck, but it’s also true that each year we’re reconstructing something new.
This little pre-rentrée preparation doesn’t exist in all French colleges. Here we are in a ZEP, an Education Priority Zone, in a difficult area. These establishments are also called “Ambition Achieved”.
-We have been classed via a certain number of indicators, essentially social, among the 250 more difficult colleges in France. So difficult, as far as the ministry of education is concerned, is measured essentially on social indicators, and how can I put it, the handicap you’re carrying when you enter college: when you don’t have everything at home, when you don’t have parents who can help you, when you live in difficult conditions, you’ve already acquired a fair number of difficulties. So the gamble being made in France, is that in giving to establishments that are in these zones, in giving more resources, a greater staff allocation, maybe we can overcome some of these handicaps.
At the Mendès-France, school, la Rentrée is a little bit special this year. Thirty children have left. They have chosen another college, in a less run-down area, to continue their studies.
Now in France, you can choose your child’s school. It’s new. Before you had to look at the Educational Map and according to where you lived, you placed your children in one or other school. It’s the new President Nicolas Sarkozy, who’s changed that rule.
Long before the return to school, everything begins in the supermarket alleys. It’s not easy to find the THE workbook that the teacher asks for! Christelle has come with her daughters to fill their satchels.
– What does the return to school mean for you?
– Separation from the children. It’s not easy. There are tears every year. Yes, despite everything. Yes, it’s a big moment but it’s because… it reminds one of one’s childhood. You go through it all again: the materials, the clothes, the school desks sometimes, it brings it all back!
It feels a bit like Christmas. Nicolas Berjan is the head of department in this supermarket.
– Back to School is prepared a good month ahead already with the arrival of all the reserve stocks, the preparation of goods to put them on the shelves, and so on, the setting up. Then it’s full boom from August onwards. We take down the permanent display which has roughly twelve metres of display space, to put up practically 48. The return to school is thought about, in terms of purchasing and orders, from January onwards. We prepare our orders, we put our orders so that we receive our deliveries at exactly the right time, let’s say the beginning of July if you like, the end of June or the beginning of July. The choice of merchandise, the special offers that’ll be established at a national level, and so on, all our purchases for the return to school are made in January, whether it be leather goods, paper, writing materials.
So it’s the time to equip children, to make new resolutions, in short the moment to buy! Advertisements are repeated throughout the day: it’s the return to school. It’s impossible to miss.
Lucky owner of an Auchan loyalty card, take advantage! This week you’ll receive 20 per cent off in money back coupons on all the children’s textiles department!
– It’s back to school bonus at Auchan. The back to school bonus at Auchan. It’s more choice and more savings; on multimedia…
France sleeps during August but wakes up again in September. Factories, shops, restaurants, public offices… many shut their doors during August.
For several years now, people even speak of a “rentrée littéraire” in September. More than 700 new books get stacked on the bookshelves at the rentrée. Listen to the explanations of bookshop owner Jacky Flenoir.
– Well the rentrée littéraire is a phenomenon which has become bigger and bigger over the last five or six years approximately. Before there were the books which came out during la rentrée but there wasn’t this name “la rentrée littéraire”. Above all the editors fight to get on the band wagon of the “rentrée littéraire” so of course that means a big marketing operation. For example, this year we have around 700 novels, so an impressive body of books, the vast majority of which will go completely unnoticed. The bookshops are inundated all at once and it’s a bit of a pity that we’re in this.. that we’re in a logic that’s increasingly mad! So I hope that.. if the bookshops complain a little… because it’s unacceptable that there’s this level of waste in terms of respect for the work of writers. It’s the opposite of what you might think. Some take centre stage because of their name and they are supported by the press and so on, but many of the rest stay in the shadows and are completely squeezed out by the others. It’s true that the readers follow, but they too start going crazy like the bookshop owners. They are a bit thrown by all that there is, by everything that is presented to them and so they want to be advised, they want to be guided, but we too end up by being a bit lost.
This year France may also have a “rentrée” of social conflict. Several measures taken by the President of the Republic have annoyed the unions. A “rentrée sociale” implies strikes and demonstrations straight away on getting back to work, right from September!