Richard Good
J’adore faire les vendanges. Les vendanges, comment dire, c’est mes vacances. Ah, je suis heureuse moi, dans les vignes.
I love harvesting. Harvesting is like my holiday. Ah, I’m so happy in the vineyards.
– Ben, l’ambiance c’est trop bien.
– Oui.
– Et bon, on travaille beaucoup la journée, mais il y a beaucoup d’entraide, tout ça. Donc, non, c’est une bonne ambiance, ça chante, des fois ça danse même. Et le vin est très bon.
– I love harvesting. Harvesting is like my holiday. Ah, I’m so happy in the vineyards.
– Well, the atmosphere is just great.
– Yes, it is.
– Well, we work a lot during the day, but there’s a lot of mutual aid and all that. So, no, it’s a good atmosphere, there’s a lot of singing, sometimes even dancing. And the wine is very good.
– Bonjour, Luc Pierron, je suis viticulteur depuis 20 ans sur une exploitation familiale. J’exploite aujourd’hui 30 hectares de vignes avec trois cépages : du Chardonnay, du Pinot et du Gamay. Le Chardonnay et le Pinot sont destinés en partie pour faire du crémant de Bourgogne. On a une partie du Chardonnay qui part en Beaujolais blanc et le Gamay qui est donc le cépage traditionnel du Beaujolais pour faire du Beaujolais.
– Hello, Luc Pierron, I’ve been a winegrower for 20 years on a family farm. I now cultivate 30 hectares of vines with three grape varieties: Chardonnay, Pinot and Gamay. Some of the Chardonnay and Pinot is used to make Crémant de Bourgogne. Some of the Chardonnay goes into white Beaujolais and the Gamay is the traditional Beaujolais grape variety used to make Beaujolais.
Je ne veux pas dire que je suis en vacances, mais c’est presque mes vacances, en fait, les vendanges. Parce que de travailler tout seul toute l’année dans les vignes, là on passe à 25 ou 30, avec une émulsion, les gens ont le sourire. On fait des découvertes de personnes qu’on n’aura pas vu le reste de l’année.
I don’t want to say that I’m on holiday, but it’s almost my holiday, in fact, the grape harvest. After working alone in the vineyards all year round, there are now 25 or 30 of us, and people are all smiles. You get to meet people you might not have seen the rest of the year.
– C’est pas dur
– Les premiers jours.
– Ah! Dans les premiers jours, mais après, c’est parti.
– Les deux premiers jours. Au dos et dans les cuisses. Ça fait beaucoup mal. Mais après, ça va.
– Et après…
– Ça va vite.
– On s’y fait après.
– Ça va superbe après
– Après, la douleur on la sent plus.
– Ça dépend des gabarits, quoi. Lui, il est plus grand, fort, c’est plus chiant de se baisser, quoi.
– C’est ça.
– Mais il a de quoi porter toute la journée.
– It’s not hard
– The first few days.
– Ah, the first few days, but then it’s over.
– The first two days. In the back and in the thighs. It hurts a lot. But after that, it’s fine.
– And then…
– It goes quickly.
– You get used to it afterwards.
– It’s great afterwards
– Afterwards, you don’t feel the pain any more.
– It depends on your size. He’s bigger, stronger, it’s more painful to bend down.
– That’s just it.
– But he’s got enough strength to carry on all day.
– Ben, il faut enlever les feuilles déjà, pour mieux voir. Et essayer de ne pas couper son voisin. N’est-ce pas Jocelyn ?
– Ça serait dommage de couper son voisin, il pourrait plus travailler après.
– Oui. Et puis, non, c’est juste essayer de visualiser les grappes et de les prendre, une par une, mais essayer d’aller un peu rapidement, quoi. Voilà. C’est vraiment pas compliqué, pour le coup tout le monde peut faire ça.
– Et on regarde jamais le téléphone, il faut jamais regarder l’heure. Ça, c’est une source de démotivation, de regarder le téléphone ou de regarder l’heure en général. Ça démotive, après. Alors du coup, on regarde pas.
– Mais il est très bon. Ah oui. Et après, on se dit que c’est nous qui l’avons récolté.
– On en est encore plus content.
– Alors, il y a quand même une satisfaction quand on le boit. On dit, c’est grâce à nous qu’il est là. Un petit peu.
– Well, you have to remove the leaves first, so you can see better. And try not to cut your neighbour. Right, Jocelyn?
– It would be a shame to cut your neighbour, he wouldn’t be able to work afterwards.
– Yes. And then, no, just try to see the bunches and take them one by one, but try to go a bit quickly. And that’s it. It’s really not complicated, in fact anyone can do it.
– And you never look at the phone, you never look at the time. That’s a source of demotivation, looking at the phone or looking at the time in general. It demotivates you. So we just don’t look.
– But it’s very good. Yes, it is. And afterwards, we tell ourselves that we’re the ones who harvested it.
– That makes us even happier.
– So there’s a sense of satisfaction when you drink it. We say, it’s thanks to us that it’s here. Just a little.
– Chaque producteur de Beaujolais peut faire la moitié de sa production en Beaujolais Nouveau. C’est un droit, c’est historique. Et on en fait tous. Parce que mine de rien, c’est ce qui nous caractérise. Après, c’est ce qui nous a caractérisé. On en a fait beaucoup. Là, aujourd’hui, on continue à en faire parce que c’est quand même un produit qui est apprécié, qui est appréciable, qui nous fait vivre. Mais on a aussi compris qu’il fallait faire des Beaujolais de garde. Parce que le Beaujolais, c’est aussi un vin qui se garde. On le voit, on l’a vu dans l’histoire avec les crus du Beaujolais. Mais aujourd’hui, on est capable de faire de très belles choses aussi dans le sud du Beaujolais, parce qu’on a des terroirs qui nous permettent de faire ça. Et on a des techniques de vinification qui nous permettent aussi de faire des vins qui vont tenir cinq, dix ans sans problème.
– Every Beaujolais producer is entitled to turn half his production into Beaujolais Nouveau. It’s a right, it’s historic. And we all do it. Because, after all, that’s what characterises us. After all, that’s what we’re all about. We’ve done a lot of it. Today, we’re still doing it, because it’s a product that’s appreciated, that’s enjoyable, that’s our livelihood. But we’ve also realised that we need to make Beaujolais for laying down. Because Beaujolais is also a wine that can be laid down. We’ve seen this throughout the history of the Beaujolais crus. But today, we’re also capable of producing some very fine wines in the south of Beaujolais, because we have plots that allow us to do just that. And we have winemaking techniques that allow us to make wines that will last five or ten years without any problem.
– Il fait très chaud, c’est la chaleur, surtout qui est dure.
– C’est bien ça le problème, oui.
– Pour l’instant, on est bien, mais après, oui ça va être…
– Ben, on a travaillé sous 40°.
– Oui, même plus, quoi, au soleil.
– It’s very hot, and it’s the heat in particular that’s hard.
– That’s the problem, yes.
– For the moment, we’re fine, but afterwards, yes, it’s going to be…
– Well, we’ve worked in 40°C heat.
– Yes, even more, in the sun.
– Là, les températures qu’on a ces 15 derniers jours sont vraiment…anormales, parce que… ça veut pas dire que c’est le réchauffement, mais c’est anormal. Puisqu’on a des 35°, 40° au mois d’août ou au mois de septembre. Alors que normalement, c’est des températures qu’on voit plus en juin, juillet.
De là à dire que c’est un vrai changement climatique, réchauffement climatique, je sais pas. J’ai pas assez de recul pour dire ça. Sachant que mon père m’a souvent dit : « On a eu des périodes très sec. On a eu des périodes très chaudes, des périodes très froides. Il y en a encore. » Après, on verra si sur les 10 ans, on a 8 années comme celle-là, on se posera peut-être des questions en se disant, tiens, là il y a peut-être quelque chose.
– The temperatures we’ve been having for the last fortnight are really… abnormal, because… that doesn’t mean it’s global warming, but it is abnormal. Because we’ve had 35°, 40° in August or September. Normally, these temperatures are more common in June and July.
But I don’t know whether it’s really climate change or global warming. I don’t have enough experience to say that. Knowing that my father often told me: “We’ve had very dry periods in the past, we’ve had very hot periods and very cold periods. There are still some to come. After that, we’ll see if we have the same, say 8 years out of 10, then we might start asking ourselves questions and saying, you know, there might be something.
On a beaucoup replanté ces dernières années, ces 10 dernières années et on voit que les jeunes vignes souffrent un peu plus du manque d’eau et du trop chaud. Parce que le manque d’eau, c’est une chose, mais la chaleur de ces 15 derniers jours ou trois dernières semaines, nous a vraiment altérés nous, hommes, parce que du coup, on a un peu du mal à dormir, ben, la vigne c’est pareil. Ça lui a aussi fait beaucoup de mal, parce qu’elle n’arrive pas à se remettre de ces excès de température.
On essaye après de changer un peu nos pratiques. On essaye de plus travailler le sol, de ne pas le laisser sans herbe, sans rien, mais de le brasser pour qu’on ait… pour que la vigne soit un peu moins en stress, que les racines descendent un peu plus profond et que l’eau, quand elle arrive, elle descende, au lieu de rester en surface.
On sème des couverts végétaux l’hiver et au printemps pour garder la fraîcheur, pour essayer d’avoir des plantes qui nous fixent l’azote qui est présent dans l’air, dans le sol, pour que ça le redescende au niveau des racines et que la vigne, elle se remette à avoir un vrai système racinaire, à avoir une vie microbienne et bactérienne dans le sol qui reparte aussi, parce que ça c’est important. Quand on a un sol qui est vivant, on arrive à avoir des vignes qui sont plus en forme. C’est comme nous, si on veut faire un trail, il faut qu’on se prépare, mais il faut qu’on se nourrisse comme il faut avant. Ben, la vigne, c’est à peu près pareil, parce qu’elle fait un marathon tous les ans pour pousser et produire des raisins. Et la fin du marathon, c’est les vendanges.
We’ve replanted a lot in recent years, in the last 10 years, and we can see that the young vines are suffering a little more from lack of water and too much heat. Because the lack of water is one thing, but the heat of the last fortnight or three weeks has really affected us humans, because as a result, we find it hard to sleep, well, the vines are the same. It’s also done it a lot of harm, because they can’t get over these excessive temperatures.
So we try to change our practices a bit. We try to work the soil more, not to leave it without grass, without anything, but to stir it up so that we have… so that the vine is a little less stressed, so that the roots go down a little deeper and the water, when it arrives, goes down, instead of staying on the surface.
We sow plant cover in winter and spring to keep the soil cool, to try and have plants that fix the nitrogen in the air and in the soil, so that it sinks back down to the roots and the vine starts to have a real root system again, to have a microbial and bacterial life in the soil that also starts up again, because that’s important. When the soil is alive, the vines are in better shape. It’s like us, if you want to do a trail run, you have to prepare yourself, but you have to feed yourself properly beforehand. Well, it’s more or less the same for vines, because they run a marathon every year to grow and produce grapes. And the end of the marathon is the harvest.
– Ah, il est super gentil le patron, ouais. On n’a pas à se plaindre, franchement, on n’a vraiment pas à se plaindre. On a connu pire. On a connu pire comme patron. Franchement, on est nickel ici, c’est rêvé. Ça va, ça va.
– Après, il y a des viticulteurs ou des patrons qui sont beaucoup plus stricts. Et voilà, qui veulent que les vendangeurs travaillent, qu’ils se taisent. Voilà, c’est déjà arrivé de rencontrer des patrons qui sont clairement cons, quoi, mais pas ici. Non, ici… Le truc, c’est que si le patron est sympa avec nous, on va être sympa avec lui, quoi. Donc on essaie de faire du bon travail.
– Quand on voit l’ambiance qu’on a dans les équipes, quand on voit le sourire des vendangeurs, alors certes ils sont fatigués et il fait chaud. Mais ça, c’est comme n’importe quel travail, quand on est dehors, ou quand on va faire une marche de cinq, six kilomètres, ben, quand on revient, on est un peu fatigué, on a trop chaud. Mais voilà, ça fait partie de l’ambiance, ça fait partie de l’histoire des vins.
Le mieux c’est de venir nous voir et discuter avec nous. Puis comme ça, vous allez pouvoir comprendre tout ce qu’on fait, tout le travail de la vigne, tout le travail du vin, comment on fait pour partir d’un raisin pour arriver dans une bouteille, pourquoi les vins sont différents, d’un domaine à l’autre, parce qu’on a le terroir qui change, on a les expositions, mais ça, c’est quelque chose qui est dans les vignes.
Après, on a toute la partie cuverie et cuvage et la façon de faire. Et ça, en fait, chaque personne a une façon de faire différente et on le retrouve dans les bouteilles. Si vous prenez trois bouteilles de Beaujolais, même chez des gens qui sont à côté, qui ont le même terroir, vous n’aurez pas les mêmes types de vin à la fin, et c’est ce qui fait son charme.
Donc c’est pour ça que vous pouvez en trouver partout, en grande surface, chez vos cavistes, dans les petits commerces de proximité, mais aussi chez nous. L’essentiel c’est de venir chez nous et de comprendre notre histoire.
– Ah, the boss is really nice, yeah. We can’t complain, frankly, we really can’t complain. We’ve had worse. We’ve had worse bosses. Honestly, we’re fine here, it’s a dream. We’re fine.
– After that, there are winegrowers or bosses who are much stricter. They want the grape-pickers to work and keep their mouths shut. I’ve come across bosses who are clearly *****, but not here. No, here… The thing is, if the boss is nice to us, we’re going to be nice to him. So we try to do a good job.
– When you see the atmosphere in the teams, when you see the smiles on the faces of the pickers, of course they’re tired and it’s hot. But that’s like any other job, when you’re outside, or when you go for a five or six kilometre walk, well, when you come back you’re a bit tired, you’re too hot. But that’s part of the atmosphere, part of the history of wine.
The best thing is to come and see us and talk to us. That way, you’ll be able to understand everything we do, all the work in the vineyard, all the work on the wine, how we get from the grape to the bottle, why the wines are different from one estate to another, because there are differences in the land and the exposure to the sun, but that’s something that’s in the vineyard. Beyond that there’s the whole vatting process and the way it’s done. In fact, each person has a different way of doing things and this is reflected in the bottles. If you take three bottles of Beaujolais, even from people next door who have similar land, you won’t end up with the same type of wine, and that’s what gives it its charm.
So that’s why you can find it everywhere, in supermarkets, wine shops, small convenience stores, but also with us. The most important thing is to come and visit and understand our history.
J’adore faire les vendanges. Les vendanges, comment dire, c’est mes vacances. Ah, je suis heureuse moi, dans les vignes.
– Ben, l’ambiance c’est trop bien.
– Oui.
– Et bon, on travaille beaucoup la journée, mais il y a beaucoup d’entraide, tout ça. Donc, non, c’est une bonne ambiance, ça chante, des fois ça danse même. Et le vin est très bon.
– Bonjour, Luc Pierron, je suis viticulteur depuis 20 ans sur une exploitation familiale. J’exploite aujourd’hui 30 hectares de vignes avec trois cépages : du Chardonnay, du Pinot et du Gamay. Le Chardonnay et le Pinot sont destinés en partie pour faire du crémant de Bourgogne. On a une partie du Chardonnay qui part en Beaujolais blanc et le Gamay qui est donc le cépage traditionnel du Beaujolais pour faire du Beaujolais.
Je ne veux pas dire que je suis en vacances, mais c’est presque mes vacances, en fait, les vendanges. Parce que de travailler tout seul toute l’année dans les vignes, là on passe à 25 ou 30, avec une émulsion, les gens ont le sourire. On fait des découvertes de personnes qu’on n’aura pas vu le reste de l’année.
– C’est pas dur
– Les premiers jours.
– Ah! Dans les premiers jours, mais après, c’est parti.
– Les deux premiers jours. Au dos et dans les cuisses. Ça fait beaucoup mal. Mais après, ça va.
– Et après…
– Ça va vite.
– On s’y fait après.
– Ça va superbe après
– Après, la douleur on la sent plus.
– Ça dépend des gabarits, quoi. Lui, il est plus grand, fort, c’est plus chiant de se baisser, quoi.
– C’est ça.
– Mais il a de quoi porter toute la journée.
– Ben, il faut enlever les feuilles déjà, pour mieux voir. Et essayer de ne pas couper son voisin. N’est-ce pas Jocelyn ?
– Ça serait dommage de couper son voisin, il pourrait plus travailler après.
– Oui. Et puis, non, c’est juste essayer de visualiser les grappes et de les prendre, une par une, mais essayer d’aller un peu rapidement, quoi. Voilà. C’est vraiment pas compliqué, pour le coup tout le monde peut faire ça.
– Et on regarde jamais le téléphone, il faut jamais regarder l’heure. Ça, c’est une source de démotivation, de regarder le téléphone ou de regarder l’heure en général. Ça démotive, après. Alors du coup, on regarde pas.
– Mais il est très bon. Ah oui. Et après, on se dit que c’est nous qui l’avons récolté.
– On en est encore plus content.
– Alors, il y a quand même une satisfaction quand on le boit. On dit, c’est grâce à nous qu’il est là. Un petit peu.
– Chaque producteur de Beaujolais peut faire la moitié de sa production en Beaujolais Nouveau. C’est un droit, c’est historique. Et on en fait tous. Parce que mine de rien, c’est ce qui nous caractérise. Après, c’est ce qui nous a caractérisé. On en a fait beaucoup. Là, aujourd’hui, on continue à en faire parce que c’est quand même un produit qui est apprécié, qui est appréciable, qui nous fait vivre. Mais on a aussi compris qu’il fallait faire des Beaujolais de garde. Parce que le Beaujolais, c’est aussi un vin qui se garde. On le voit, on l’a vu dans l’histoire avec les crus du Beaujolais. Mais aujourd’hui, on est capable de faire de très belles choses aussi dans le sud du Beaujolais, parce qu’on a des terroirs qui nous permettent de faire ça. Et on a des techniques de vinification qui nous permettent aussi de faire des vins qui vont tenir cinq, dix ans sans problème.
– Il fait très chaud, c’est la chaleur, surtout qui est dure.
– C’est bien ça le problème, oui.
– Pour l’instant, on est bien, mais après, oui ça va être…
– Ben, on a travaillé sous 40°.
– Oui, même plus, quoi, au soleil.
– Là, les températures qu’on a ces 15 derniers jours sont vraiment…anormales, parce que… ça veut pas dire que c’est le réchauffement, mais c’est anormal. Puisqu’on a des 35°, 40° au mois d’août ou au mois de septembre. Alors que normalement, c’est des températures qu’on voit plus en juin, juillet.
De là à dire que c’est un vrai changement climatique, réchauffement climatique, je sais pas. J’ai pas assez de recul pour dire ça. Sachant que mon père m’a souvent dit : « On a eu des périodes très sec. On a eu des périodes très chaudes, des périodes très froides. Il y en a encore. » Après, on verra si sur les 10 ans, on a 8 années comme celle-là, on se posera peut-être des questions en se disant, tiens, là il y a peut-être quelque chose.
On a beaucoup replanté ces dernières années, ces 10 dernières années et on voit que les jeunes vignes souffrent un peu plus du manque d’eau et du trop chaud. Parce que le manque d’eau, c’est une chose, mais la chaleur de ces 15 derniers jours ou trois dernières semaines, nous a vraiment altérés nous, hommes, parce que du coup, on a un peu du mal à dormir, ben, la vigne c’est pareil. Ça lui a aussi fait beaucoup de mal, parce qu’elle n’arrive pas à se remettre de ces excès de température.
On essaye après de changer un peu nos pratiques. On essaye de plus travailler le sol, de ne pas le laisser sans herbe, sans rien, mais de le brasser pour qu’on ait… pour que la vigne soit un peu moins en stress, que les racines descendent un peu plus profond et que l’eau, quand elle arrive, elle descende, au lieu de rester en surface.
On sème des couverts végétaux l’hiver et au printemps pour garder la fraîcheur, pour essayer d’avoir des plantes qui nous fixent l’azote qui est présent dans l’air, dans le sol, pour que ça le redescende au niveau des racines et que la vigne, elle se remette à avoir un vrai système racinaire, à avoir une vie microbienne et bactérienne dans le sol qui reparte aussi, parce que ça c’est important. Quand on a un sol qui est vivant, on arrive à avoir des vignes qui sont plus en forme. C’est comme nous, si on veut faire un trail, il faut qu’on se prépare, mais il faut qu’on se nourrisse comme il faut avant. Ben, la vigne, c’est à peu près pareil, parce qu’elle fait un marathon tous les ans pour pousser et produire des raisins. Et la fin du marathon, c’est les vendanges.
– Ah, il est super gentil le patron, ouais. On n’a pas à se plaindre, franchement, on n’a vraiment pas à se plaindre. On a connu pire. On a connu pire comme patron. Franchement, on est nickel ici, c’est rêvé. Ça va, ça va.
– Après, il y a des viticulteurs ou des patrons qui sont beaucoup plus stricts. Et voilà, qui veulent que les vendangeurs travaillent, qu’ils se taisent. Voilà, c’est déjà arrivé de rencontrer des patrons qui sont clairement cons, quoi, mais pas ici. Non, ici… Le truc, c’est que si le patron est sympa avec nous, on va être sympa avec lui, quoi. Donc on essaie de faire du bon travail.
– Quand on voit l’ambiance qu’on a dans les équipes, quand on voit le sourire des vendangeurs, alors certes ils sont fatigués et il fait chaud. Mais ça, c’est comme n’importe quel travail, quand on est dehors, ou quand on va faire une marche de cinq, six kilomètres, ben, quand on revient, on est un peu fatigué, on a trop chaud. Mais voilà, ça fait partie de l’ambiance, ça fait partie de l’histoire des vins.
Le mieux c’est de venir nous voir et discuter avec nous. Puis comme ça, vous allez pouvoir comprendre tout ce qu’on fait, tout le travail de la vigne, tout le travail du vin, comment on fait pour partir d’un raisin pour arriver dans une bouteille, pourquoi les vins sont différents, d’un domaine à l’autre, parce qu’on a le terroir qui change, on a les expositions, mais ça, c’est quelque chose qui est dans les vignes.
Après, on a toute la partie cuverie et cuvage et la façon de faire. Et ça, en fait, chaque personne a une façon de faire différente et on le retrouve dans les bouteilles. Si vous prenez trois bouteilles de Beaujolais, même chez des gens qui sont à côté, qui ont le même terroir, vous n’aurez pas les mêmes types de vin à la fin, et c’est ce qui fait son charme.
Donc c’est pour ça que vous pouvez en trouver partout, en grande surface, chez vos cavistes, dans les petits commerces de proximité, mais aussi chez nous. L’essentiel c’est de venir chez nous et de comprendre notre histoire.
Luc travaille avec Agamy Vignobles, qui organise des visites de la région toute l’année.