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– En venant ici aujourd’hui, j’ai cherché à avoir quelques idées pour avoir un peu plus d’autonomie, on va dire.
– Je suis très intéressée par le colloque qui a lieu cet après-midi qui s’appelle Art, Culture et Handicap, parce qu’on n’en parle pas souvent et puis je pense que aujourd’hui il y a plusieurs moyen de se réaliser, pas forcément à travers le travail mais aussi à travers tout ce qui est culture, arts plastiques?
– Eh bien, vous savez en France, il existe une loi qui fixe un quota de 6% au minimum dans les sociétés. Ce quota est loin loin d’être respecté, que ce soit dans les sociétés privées ou dans les établissements publics. Donc notre premier cheval de bataille*, c’est ça, c’est faire appliquer ce quota dans les administrations.
– Les véhicules déjà, beaucoup, très intéressants, et puis on voit à peu près les derniers fauteuils sortis. Il y a le fauteuil multidirectionnel, des nouveaux ‘vivre debout’, il y a un peu de tout, hein?
– On cherchait des aménagements pour aménager un futur appartement, sur le niveau de la cuisine, de la salle de bain. Je cherche également des fauteuils, des scooters pour la motricité en dehors, pour aller dehors, voilà.
– La cuisine, j’ai trouvé ça assez intéressant parce que ça permet de trouver des astuces pour la maison aussi, quoi?
Les personnes valides ne devraient pas être surprises de découvrir que les désirs et les besoins des handicapés ressemblent tellement aux leurs. Le dernier cri* de la haute technologie, des vacances de rêve, du travail… il y a de tout au Salon Handica’ qui se déroule à Lyon tous les deux ans.
Ces fameuses cuisines, par exemple:
Bien tout simplement on a développé une cuisine ergonomique donc, où on retrouve différentes solutions pour pouvoir donner de l’accessibilité, donc on a motorisé des parties précises.
Au niveau du plan de travail, donc, nous retrouvons un plan de travail qui est réglable en hauteur, qui permet de pouvoir le mettre à la position souhaitée, soit pour une personne en fauteuil roulant, soit une personne de petite taille, soit une personne de grande taille aussi. On a aussi les meubles hauts qui sont motorisés de manières différentes. On a intégré aussi au niveau des tiroirs des systèmes de freinage pour les gens qui ont des problèmes de mouvements, on va dire? de contrôle de leurs mouvements. L’avantage c’est que, quelle que soit la force avec laquelle on va pousser le tiroir, le tiroir ne va jamais claquer.
La cuisine telle qu’elle est présentée sur le salon, c’est une cuisine qui représente à peu près un budget de cent mille francs, mais ça intègre le frigo, le four, le micro-ondes, la plaque, l’évier, toutes les motorisations, donc quand on regarde l’accessibilité qu’on apporte et la qualité du produit, c’est pas quelque chose de très très cher.
On s’aperçoit que les clients sont enfin contents d’avoir quelque chose d’esthétique et de fonctionnel, parce que c’est vrai que les solutions qui étaient proposées aujourd’hui étaient des solutions où on avait le choix entre le blanc, le blanc et le blanc, voilà?
Chez les clients, ça grogne un peu au niveau des prix…
Une voiture. On est venus pour ça, mais on verra bien. Quand ils commencent à parler en centaines de milliers de francs*, on se calme.
Ah bien, de toute façon il y un marché. Ils se font tous des ronds* là-dessus. Il y a de moins en moins de choses remboursées par la sécu*, donc, il faut être riche pour être handicapé.
Et on se méfie des promesses des vendeurs:
Bien souvent dans les véhicules aménagés, on a un inconvénient suivant le gabarit de la personne, on a l’inconvénient de ne pas voir la route. Alors c’est quand même dommage.
Mais au moins il y a de quoi faire rêver. Chez Air Sylphie, on peut apprendre à piloter:
Moi, je suis moi-même paraplégique et j’ai passé mon brevet ULM* paraplégique. Depuis quelques années il y a une commission vol adapté au sein de la fédération qui existe, quoi.
Ou faire des randonnées en montagne avec ‘Les Accompagnateurs en Montagne’:
Nous sommes une association de randonneurs. Nous mélangeons les handicapés et les valides. Nous mettons les handicapés sur les joëlettes avec une personne devant, une personne derrière. Nous les emmenons en montagne. Nous avons des séjours par exemple sur la Gorges du Verdon, les châteaux cathares, les hauts plateaux du Vercors, c’est vraiment de la grosse montagne, les Pyrénées, la Haute Ubaï. On a un séjour en Roumanie, un séjour au Maroc.
La joëlette a été construite par Joël, un accompagnateur de montagne qui a créé cette joëlette pour son neveu myopathe, et il en a construit deux, trois et puis ensuite, eh bien ma foi, c’est devenu une affaire commerciale.
Nous sommes à l’association, je vais dire, cinq cents ou six cents personnes sur le plan national, tous des bénévoles.
Il y a des gens pour lutter pour les droits, comme Chantal Pidoux du Conseil Lyonnais pour le Respect des Droits. Cette question du quota de 6% de handicapés dans les sociétés, par exemple:
Il faudrait déjà faire respecter ce quota, ce serait déjà bien et il faut aussi une sensibilisation de la population parce que c’est vrai que certains ont peur du handicap parce qu’ils ne le connaissent pas, donc ils hésitent à embaucher des personnes handicapées, pensant qu’elles vont moins bien travailler, être plus souvent absentes. Or on sait très bien que c’est pas le cas du tout.
Et surtout l’espoir que l’intérêt à leur égard ne se limite pas à ce salon…
C’est pas tout d’en parler trois jours dans un salon, il faudrait que ça se passe un peu plus souvent, qu’on en parle un peu plus à la télé, qu’on n’ait pas?, qu’on apprenne à regarder les gens, qu’on apprenne à leur parler et voir qu’il y a autre chose derrière le handicap, qu’il y a des personnes humaines tout simplement.