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Il ne faut surtout pas tromper les gens parce que lorsqu’on trompe les gens, vous savez, il y a des exemples en Yougoslavie, on a trompé les gens, on tient les gens sous une chape de plomb à un moment donné avec un régime dur ou dictatorial et un jour la cocotte elle explose. Eh bien c’est pareil en Provence. On est dans les mêmes conditions. Avec des conditions différentes, on ne prendra pas les armes, c’est pas dans notre nature. On se battra sur le plan des idées et sur le plan de notre représentativité.
Jean-Pierre Richard, président du Collectif Prouvènço, sait bien comment attirer l’attention des gens. Mais si la guerre civile en Provence n’est pas encore pour aujourd’hui, ni très probablement pour demain, les passions auxquelles on fait appel sont bien réelles. Comment défendre les cultures régionales dans un monde où les forces de la centralisation, voire de la mondialisation, semblent pouvoir écraser tout qui se met en travers de leur route*.
D’abord, il faut se mettre d’accord sur une stratégie. Et dans le sud de la France, c’est là où les problèmes commencent. De l’Espagne à l’ouest à Italie à l’est, on peut entendre au moins une dizaine de variantes d’une langue, qui se ressemblent beaucoup les unes les autres mais qui sont réellement différentes. Au début du 20ème siècle des intellectuels du sud donnent naissance au mouvement "occitaniste". Leur but est de réunir toutes ces cultures sous un seul nom "la langue d’oc", dont les variantes régionales seront appelées des "dialectes": le limousin, l’auvergnat, le provençal…
M. Richard, fils de Provence, se souvient bien du jour où lui, il a rencontré ces idées pour la première fois:
On s’est retrouvés autour d’un député qui voulait se renseigner quant à… justement ça, savoir si la langue d’oc était de nature à rassembler, etc. Il voulait proposer quelque chose à l’Assemblée nationale. Et là… Ô stupeur ! J’ai découvert qu’on n’habitait pas la Provence mais l’Occitanie, que notre langue ce n’était pas le provençal mais l’occitan et que tout était occitanisant ou occitanisable, je ne sais pas comment on peut dire. Et là, avec quelques-uns on s’est dit « mais attends! C’est un rêve là, on a entendu des choses, des gens qui hurlaient en disant que notre langue n’était pas le provençal mais l’occitan. Enfin… j’ai dit «on ne peut pas rester comme ça !». Parce que c’est aussi en même temps lié à notre identité.
A l’Institut d’Estudis Occitans les relations avec le Collectif Prouvènço sont froides, c’est le moins qu’on puisse dire. On insiste fièrement sur le fait qu’il y a une histoire commune qui réunit les langues du sud:
Le village brûlait. Des soldats criaient dans les rues en agitant des torches allumées, ce devait être des ennemis. Qui sait? En temps de guerre tout se mélange et les soldats sont tous des soldats.
Alors l’occitan est une langue qui est parlée essentiellement dans le sud de la France, disons dans le tiers sud de la France et elle est parlée sous la forme de différentes variétés locales, c’est-à-dire le provençal, le languedocien, le gascon, le limousin, qu’on appelle aussi des dialectes. Un dialecte ça veut dire une variété d’une langue.
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