Version Ralentie
À quelques mois de l’élection du président de la République, l’environnement et le réchauffement climatiques se sont invités dans la campagne électorale.
L’animateur de télévision Nicolas Hulot a mené une grande opération de communication pour changer les comportements et sensibiliser les futurs candidats à l’élection présidentielle.
Où en sont les Français1 dans ce domaine ?Reportage de Florence Maître
Éteindre la lumière, bien isoler sa maison, limiter ses déplacements en voiture…
Il y a ces petits conseils répétés par les médias et les gouvernements.
En France, pour lutter contre le réchauffement climatique, l’État a aussi choisi d’aider les particuliers qui font les bons choix pour l’environnement.
– Un poêle à bois, en fait, il reste… il y a les 50%. Il y a un crédit d’impôt de 50% sur le coût du matériel TTC, et il y a des conditions pour la pose et…
Julien vient d’acheter une maison et il compte y installer un nouveau système de chauffage : le poêle à bois. C’est une source d’énergie renouvelable.
– Moi, je suis un peu à l’ancienne2. J’ai envie de voir si je peux acheter un poêle avec des bûches, vraiment comme faisaient nos anciens. Alors je voulais voir si c’était pas une idée trop farfelue. Apparemment non. Pour moi, c’est un peu naturel, oui, d’essayer de faire des choses pour l’environnement. En même temps, je suis assez humble parce que je sais que tout n’est pas possible. On ne peut pas se passer de la voiture comme ça en claquant des doigts, etc. Donc, oui, c’est vrai que le bois ça m’intéresse aussi parce que c’est renouvelable. C’est des forêts qui ont capté le carbone pour pousser et qui ensuite rendent le carbone au moment de la combustion, donc c’est un bilan zéro. C’est ça aussi qui m’attire.
Pour Julien, ce changement de chauffage est un lourd investissement de plusieurs milliers d’euros. Pour favoriser les personnes qui, comme lui, optent pour un chauffage peu polluant, l’État propose des aides financières.
Fabien David est responsable d’un espace info énergie et son travail, c’est justement d’informer les gens comme Julien.
– Je pense que la prise de conscience de l’impact de l’activité humaine sur l’environnement, et, notamment, le changement climatique, est de plus en plus présente. Les personnes que je rencontre ont, pour beaucoup, conscience de ça et souhaitent agir à leur niveau pour essayer de mettre en place des bonnes pratiques. Alors effectivement les aides financières permettent à de nombreuses personnes de passer à l’acte parce que bien souvent on est sur des systèmes qui peuvent être plus performants mais souvent plus chers à l’achat et j’ai pu constater une nette augmentation des demandes de renseignements. Par rapport à 2005, j’ai observé en 2006 trois fois plus de demandes. Ça reflète vraiment une prise de conscience, à mon avis, de ces problématiques-là. C’est rarement la préoccupation principale, l’environnement, mais elle est quasiment toujours citée malgré tout, de telle manière que les personnes ne vont pas du jour au lendemain décider de changer tout leur système de chauffage, mais ça va être à l’occasion de l’achat d’une nouvelle maison, à l’occasion d’une rénovation complète du logement où, là, ils vont profiter de… ben, des travaux pour mettre en place quelque chose de plus… le plus performant possible.
Comme ses collègues des 200 espaces info énergies de France, Fabien David garde toujours un œil sur ce qui se fait à l’étranger.
– Par rapport à certains pays, notamment comme l’Allemagne qui est souvent citée, la Suisse, l’Autriche, on constate qu’on est en retard, notamment sur quelque chose dont on parle beaucoup en ce moment, qui sont les maisons à énergie passive, les maisons qui sont équipées de systèmes à énergie renouvelable et qui, sur une année, vont produire autant d’énergie qu’elles en consomment3, et là-dessus effectivement, on a très peu de réalisations en France. Là-dessus, on a certainement une longueur de retard. En même temps, sur d’autres sujets, notamment l’utilisation du bois dans le chauffage, on constate que la France est plutôt bien placée, même si les appareils utilisés sont par contre souvent moins performants que dans d’autres pays voisins.
La France est dans une situation énergétique unique au monde. Elle a choisi, dans les années 70, de miser sur l’énergie atomique. Pour une question d’indépendance énergétique, le pays produit 77% de son électricité dans ses centrales nucléaires. La France est ainsi le deuxième producteur au monde d’énergie de ce type, derrière les États-Unis.
Le problème, c’est que les centrales nucléaires produisent des quantités de déchets dangereux, qu’il faut traiter et stocker.
Les choses ont évolué depuis les années 70 et l’entreprise Électricité de France, qui appartient encore en majorité à l’État, EDF donc a commencé à se tourner vers d’autres formes d’énergies. Des éoliennes ont été plantées et, à ce jour, les énergies renouvelables produisent 14% de l’électricité en France.
Mais il n’y a pas que l’électricité.
Dans les transports et l’industrie, par exemple, il faut encore du pétrole, même si d’autres modes de transports apparaissent.
– Alors, quand on parle de transports propres, nous on parle plutôt finalement de transports moins polluants, puisque le non polluant n’existe pratiquement pas encore, si ce n’est la marche à pied ou encore le vélo, le vélo à énergie humaine, en tout cas…
Spécialiste de l’automobile, Pierre Labardent organise des événements pour informer le public sur les transports les moins polluants.
Selon lui, les vélos électriques, les bus au gaz et autres transports de ce genre se développent bien en France, mais il y a une exception : les voitures.
– En France, j’ai pas les chiffres en tête mais bon, là, c’est encore extrêmement minoritaire. Il y a des pays comme la Suède qui, eux ont fixés pour l’horizon cinq ou dix ans la disparition du pétrole pour le transport individuel. Donc, eux, ils se donnent les moyens. Il y a des marques comme ça qui sont déjà sur l’utilisation de biocarburants ou même carrément de non carburants, donc d’électricité et des choses propres. Le frein principal, c’est le prix. C’est-à-dire que les volumes qui sont commercialisés par les constructeurs sont tels qu’ils ne peuvent pas se permettre de tirer les prix vers le bas. C’est encore de la politique d’image. C’est pas encore… du point de vue commercial, c’est pas encore très agressif. Il n’y a pas une volonté de les vendre absolument. Mais bon, on y tend en tout cas, on y tend. Après, c’est évidemment à un public à s’y intéresser. S’intéresser à ce genre de technologie, c’est se documenter et voir qu’effectivement ça fonctionne, puisque les gens, pour ce qui est de l’électrique, par exemple, pensent que ça ne fonctionne pas puisqu’ils gardent le souvenir de véhicules électriques sans autonomie, c’est-à-dire avec 50 kilomètres, c’est-à-dire quelque chose de dérisoire qui ne permet pas de circuler correctement en ville ou dans ses alentours. Mais non, on est sur des véhicules, pour ceux des hybrides qui ont exactement les mêmes autonomies qu’un véhicule courant avec des consommations qui sont nettement abaissées.
Autre obstacle : le retard des constructeurs français dans ce domaine. Les voitures non polluantes destinées au marché national ne sont pas prêtes. L’État français, plutôt généreux pour améliorer les logements, ne verse aucune aide à l’achat d’une voiture que l’on dit « propre ».
With a few months to go to the election of the President of the Republic, the environment and global warming have entered the campaign agenda.
The television presenter Nicolas Hulot has launched a big media campaign to change attitudes and raise the future presidential candidates’ awareness. So how are French people doing on these issues?
Florence Maître reports.
Turn the light off, insulate your house properly, restrict your car journeys…
Little tips that the media and governments relay. In France, to fight global warming the state has also chosen to help individuals who make environmentally-friendly choices.
– For a wood-fuelled furnace there’s the 50 per cent. There’s 50% tax relief on the cost of the equipment, sales tax included; and there are special terms for the fitting…
Julien has just bought a house and he’s planning to install a new heating system : a wood-fuelled furnace. It’s a renewable energy source.
– I’m a little bit old-fashioned. I want to see if I can buy a log-fuelled furnace, really one like those our ancestors used. So I wanted to see if the idea wasn’t too hair-brained. Apparently not. For me, yes, it is kind of normal to try to do things for the environment. At the same time you have to be humble, because it’s not possible to do everything. You can’t do without a car just like that by clicking your fingers and so on. So yes, it’s true wood interests me as well because it’s renewable. It’s forests that have captured carbon when growing and then return the carbon during combustion, so the net result is zero. It’s that too that attracts me.
For Julien, this change to the central heating system is a big investment, costing several thousand euros. To help people who like him opt for heating that pollutes only a little, the state offers financial help.
Fabien David is in charge of an Energy Information Center and his job is just that of informing people like Julien.
– I think that awareness about the impact of human activity on the environment and notably on climate change is more and more present. Many of the people who I meet are aware and want to act at their level to try to establish good habits. So, yes, financial incentives help a large number of people to take action, because often it means systems that perform better but are often more expensive to buy and I’ve noticed a significant increase in the number of enquiries for information. Relative to 2005, I’ve noticed three times as much demand as in 2006. It reflects a real growth in awareness, in my opinion of these problems. It’s rarely the number one concern, the environment, but it’s almost always cited nevertheless, in the kind of way in which people won’t decide to change all their heating system from one day to the next, but when they buy a new house or when they restore a home completely, then, at that point they’ll take advantage of the opportunity that the building works offer to put in something more… something that performs as well as possible.
Like his colleagues in the 200 Energy Information Centers in France, Fabien David always keeps an eye on what’s happening abroad.
– Relative to certain countries, notably Germany which is often cited, Switzerland or Austria, you realise we are behind, notably with regard to what a lot of people are talking about at the moment, that’s houses that run on passive energy : houses which are equipped with renewable energy systems and which over a year will produce as much energy as they consume; and as far as they’re concerned, it’s fair to say there’s little work being done in France. On that issue we’re certainly a length behind. On the other hand on other subjects, notably the use of wood for heating, you notice that France is more or less well placed, even if the equipment used often performs less well than in other neighbouring countries.
When it comes to energy, France is in a unique situation in the world. During the 197Os she chose to stake everything on nuclear energy. In order to be independent for her energy needs, the country produces 77 per cent of her electricity in nuclear power stations. France is also the number two producer in the world of this type of energy, behind the United States.
The problem is that nuclear power stations produce quantities of dangerous waste that need to be treated and stocked. Things have changed since the 1970s and the Electricité de France (EDF) company, which is still majority-owned by the state, has started to look towards other sorts of energy. Wind farms have been installed and today renewable sources provide 14% of the electricity in France.
But there’s not just electricity.
For transport and industry, for example, petrol is still needed, even if other forms of transport are emerging.
– So whereas some people talk about clean transport, we talk about transport that pollutes less, because non-polluting doesn’t yet exist, unless you’re talking about walking or bikes, pedal bikes at any rate.
Pierre Labardent is a specialist on cars, organising events to inform the public about forms of transport that pollute less.
According to him, electric bikes, gas powered buses and other forms of transport like that are progressing well in France, but there is an exception : cars
– In France, I don’t have the figures in my head but well, it’s very much a minority. There are countries like Sweden who have set a target that in five to ten years time petrol will not be used for individual travel. So they’ve given themselves the means. There are brands like Saab who are already using biofuels or even non-carbon based fuel, electricity in other words and clean sources. The principal brake is the price. That’s to say the quantities produced by the constructors are such that they can’t afford to bring the price down. It’s once again the politics of image. From the commercial point of view it’s not yet very aggressive. There’s absolute determination to sell them. But well, we’re going in that direction, we’re going in that direction. After that it’s a question of whether there’s a public that’s interested, that’s to say interested in this kind of technology, to gen themselves up and see that, yes it does work. Because people, when it comes to electricity, for example, think that it doesn’t work because they’ve still got in mind electric cars with no range, I mean like 50 kilometres, in other words something ridiculous that wouldn’t let them travel around town or the surrounding areas. But no, we’re now with vehicles, when you’re talking about hybrids, which have exactly the same range as an ordinary car but which consumes much less.
Another obstacle is that French constructors are behind in this area. Cars that don’t pollute aimed at the national market aren’t ready. The French state, pretty generous when it comes to home improvements, doesn’t give any aid for “clean” cars.