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En France, il y a autant d’animaux de compagnie que de maîtres ! Une majorité de poissons mais tout de même 19 millions de chiens et chats. Un Français sur 3 possède un chien contre 18% des Allemands et 22% des Britanniques. Et en ces temps difficiles, il y en a qui abandonnent leur chien parce qu’il coûte trop cher, mais d’autres préfèrent se priver eux-mêmes plutôt que mettre Médor1 aux croquettes bon marché. Et c’est aussi difficile à gérer pour les villes. Reportage de Florence Maître.
In France, there are as many pets as owners! A majority of them are fish, but all the same, 19 million dogs and cats. One out of three French people has a dog compared to 18% of Germans and 22% of Brits. And in these difficult times, there are some who abandon their dog because it costs too much, but others prefer to deprive themselves rather than to give Médor cheap dog food. And it’s also difficult for towns to handle. Reporting by Florence Maître.
C’est une animalerie, dans une zone commerciale, en périphérie de La Rochelle. On y trouve des poissons, des oiseaux et tout ce qui amuse Médor et Minet1. Marie et son amie composent des barquettes de gâteaux pour leurs chiennes2.
It’s a pet shop in a commercial zone on the outskirts of La Rochelle. You’ll find here fish, birds, and everything to entertain Médor and Minet. Marie and her friend are putting together biscuit baskets for their dogs.
-C’est pour qui tout ça ?
-Who’s all that for?
-Pour ma chienne, oui. Pour lui donner des friandises, quand elle est gentille, quand elle ne fait pas de bêtise.
-For my bitch, yes. To give her treats when she’s sweet, when she doesn’t do anything naughty.
Les deux jeunes femmes vont quitter le magasin les bras chargés d’aliments et d’articles pour chien, mais Marie préfère ne pas compter.
The two young women will leave the shop with their arms loaded with dog food and supplies, but Marie prefers not to keep track.
-J’achète une panière, des jouets quand elle a usé le premier, des petites friandises, des croquettes, de la pâtée3 le matin, une laisse, un collier, un collier antipuces, le shampoing. Oui, j’en achète beaucoup ! C’est comme un enfant, il en a autant besoin que nous, donc elle aura tout ce qu’elle veut. Même si je peux plus lui acheter de croquettes, elle mange comme nous aussi, donc je fais une gamelle de pâtes où n’importe quoi mais elle mangera toujours. Je me priverais, limite4, pour elle.
-I’m buying a large basket, some toys when she’s worn out the ones she’s got, treats, dog biscuits, swill for the morning, a leash, a collar, an anti-flea collar and shampoo. Yes, I’m buying a lot! She’s like a child; she has as many needs as we do, so she’ll have all that she wants. Even if I could no longer buy her dog biscuits, she eats like us as well, so I’ll make her a dish of pasta or whatever, but she’ll always eat. I do without, if needs be, for her.
Et justement, Claudine donne à son chien des plats habituellement préparés pour les humains. Conséquence : elle doit acheter, aujourd’hui, un médicament pour les dents de son animal. Et Claudine n’a pas qu’un chien !
And that’s just it, Claudine gives dishes to her dog which are usually prepared for people. The result: today she needs to buy medication for her dog’s teeth. And Claudine doesn’t just have a dog!
-Alors, j’ai un chien, j’ai des oiseaux, j’ai des tortues. J’avais, il y a pas longtemps, un cochon d’Inde encore. J’ai toujours eu beaucoup d’animaux, j’aime les animaux, donc, de toute façon. Ah ben moi, j’ai dit que je ne pourrais pas vivre sans animaux. Ça m’apporte… même si tout le monde me dit que c’est des contraintes, effectivement, c’est des contraintes mais je trouve que, moi, je ne pourrais pas m’en séparer. Je pourrais pas me… Mon mari me dit: « Ce sera le dernier chien », je dis : « Non non non, je ne pense pas, j’en aurai un autre après celui-ci encore. » Parce que bon, quand on aime les animaux, quand on a été habitué. Moi, j’ai ma fille qui est partie de la maison, il y a pas longtemps, elle s’est retrouvée toute seule en appartement, elle avait l’habitude d’avoir des animaux, elle a repris un petit cochon d’Inde parce que c’était ce qui était le plus pratique pour elle, mais elle avait besoin de ce… de la présence d’un animal. Se retrouver toute seule… même s’ils nous parlent pas et tout ça, c’est… on a quelqu’un.
-Well, I have a dog, I have birds, I have turtles. I had a Guinea pig not too long ago as well. I’ve always had a lot of animals. I like animals, in any case. As for me, I’ve always said that I couldn’t live without animals. They bring me something… even if everyone tells me that they constrain you… indeed there are constraints, but I find that I couldn’t be without them. I couldn’t… My husband tells me: “This is the last dog.” I say, “No, no, no, I’ll have another after this one as well.” Because, well, when you love animals, when you’ve gotten used to them… I have a daughter who left home not too long ago. She was alone in an apartment and she’d been used to having animals, so she got a little Guinea pig because it was the most practical for her, but she needed…an animal’s presence. To be all alone… even if they don’t talk to us and all that.. it’s… you still have someone.
Pourtant, Claudine l’assure : en ces temps de crise, elle fait attention à ne pas trop dépenser.
However, Claudine assures : in this time of crisis, she’s careful not to spend too much.
-Ben moi, j’achète ce qu’il faut mais pas plus non plus. J’essaie de ne pas tomber dans le superflu, quand même ! Parce que, on peut aussi, hein, ça va très très loin je trouve. J’ai ma sœur qui a un chien et qui en fait peut-être un peu trop. Oh, c’est qu’elle va lui acheter la petite casquette pour mettre à son petit chien ; le petit manteau pour l’hiver, le petit imperméable pour la pluie. Enfin bon, tout ça, moi, j’estime que c’est du superflu pour moi. Parce que bon, moi, la mienne, elle a jamais eu tout ça puis elle est pas malheureuse.
-Well, I buy what is needed but not more. I try not to go overboard, in any case! Because you can also go much too far, I think. I have a sister who has a dog, and who does a bit too much. Oh, it’s that she’ll buy a little baseball cap to put on her dog, a little winter coat, a little raincoat for when it rains. At the end of the day, all that I think is a bit over the top for me. Because my dog, she’s never had all that and she’s not unhappy.
En France, le marché des animaux de compagnie représente plus de 3 milliards et demi d’euros et selon les professionnels, le chiffre ne baisse pas. Guy travaille depuis 17 ans dans ce domaine.
In France, the market for pets represents more than 3 and a half billion Euros, and according to experts, the figure is not going down. Guy has been working for 17 years in this field.
-Tout ce qui est en rapport avec le chien et le chat ne subit pas vraiment la crise, au contraire : on a l’impression que les gens reviennent plus vers leurs petits animaux domestiques et en particulier ceux-là, par rapport aux oiseaux ou aux rongeurs qui, eux, sont plutôt en diminution. Les casquettes pour chien, ça n’existait pas, c’est venu peu à peu avec les modes, mais ça c’est du gadget. Les tas de petits biscuits pour chien, c’était relativement limité avant ; maintenant, vous en avez sous toutes les formes et à toutes les saveurs. Les détartrants pour chiens aussi -pour les dents des chiens- deviennent de plus en plus importants, vous en avez partout derrière vous. L’alimentation aussi qui se développe énormément : les marques qui existent depuis longtemps mais qui développent des aliments spécifiques pour un type de chien particulier. Et c’est vrai que dans l’alimentation en particulier, en haut de gamme, c’est vrai que le coût devient de plus en plus important. Donc les gens, quand même, y réfléchissent à deux fois avant de continuer à acheter du haut de gamme. Par contre, malgré qu’ils réfléchissent, ils hésitent pas trop non plus parce qu’un chien qui a l’habitude de manger des bonnes croquettes, si on lui donne une gamme inférieure, ça marche pas toujours très bien au niveau digestif.
-Everything relating to dogs and cats hasn’t really suffered from the crisis. On the contrary, we have the feeling that people are going back more to their little pets, and in particular those ones, compared to birds or rodents, which are rather on the decline. Baseball caps for dogs, that didn’t use to exist. It came in gradually with fashions, but it’s a gadget. The mounds of dog biscuits, that was relatively limited before. Now, you have them in all shapes and flavours. Tartar removers for dogs, too, for their teeth, are becoming more and more widespread. You have some all around behind you. Diet is also developing a great deal: brands which have been around for a long time but which are developing specific diets for a particular type of dog. And it’s true that with foods, particularly high-end brands, the cost is becoming more and more significant. So, people are still thinking twice before buying high-end brands. On the other hand, despite their reflections, they don’t hesitate too much because a dog that is used to eating good food, if you give him a lesser quality brand, that doesn’t always work too well with his digestive system.
Un animal, ça peut donc coûter cher ! Les propriétaires s’en rendent compte en temps de crise. Et ils ne sont pas les seuls. Dans les mairies aussi, on aimerait pouvoir réduire les budgets consacrés aux dégâts que font les petites bêtes… ou plutôt les maîtres négligents. Crottes de chiens sur les trottoirs, massifs de fleurs détruits, mobilier urbain abîmé, chats errants… Les nuisances dues aux animaux familiers ne manquent pas. À La Rochelle, où vivent 80 000 personnes, il faut 170 000€ par an pour lutter contre les déjections canines. Un coût qui ne baisse pas selon Jean-Pierre Sago, responsable des espaces verts et de la propreté.
A pet can therefore cost a lot! Owners realize this during times of crisis. And they’re not alone. In the city halls, too, they’d like to be able to reduce the budgets dedicated to damage done by these little creatures… or rather it’s the owners who are careless. Dog dirt on the sidewalks, masses of flowers destroyed, street property damaged, stray cats… The nuisances due to pets aren’t lacking. In La Rochelle where over 80,000 people live, it costs 170,000 Euros a year to fight against dog droppings. A cost which is not lowering, according to Jean-Pierre Sago, who’s responsible for “green areas” and cleanliness.
-Il augmente, il augmente puisqu’on met un certain nombre d’actions…, je dirais correctives, enfin préventives, préventives dans le sens où on essaie de mettre des distributeurs de sacs. À chaque fois qu’il y a une innovation, on essaie de l’adapter à la ville de La Rochelle, mais c’est l’ensemble des actions qui fait qu’on arrive à obtenir des résultats mais qui sont pas spectaculaires et qui ne le seront jamais puisqu’on n’arrivera jamais à convertir l’ensemble, malheureusement ! Donc on fait beaucoup : dans les assemblées générales de quartier, on fait de la communication ; le maire fait de la communication à chaque fois qu’il rencontre les quartiers dans le cadre des assemblées générales ; les équipements sont quasiment au maximum des collectivités. Faire mieux ? Je suis pas sûr qu’on soit plus efficace, sinon après c’est… Il va falloir dépenser tellement d’argent pour peu de choses que c’est pas forcément très utile.
-It’s increasing. It’s increasing because we’re putting a certain number of corrective measures in place, albeit preventive. Preventive in the sense that we are trying to put in place bag dispensers. Every time there’s an innovation, we try to adapt it to the city of La Rochelle, but it’s all the actions together which mean we get results, but they aren’t spectacular and they never will be, since we’ll never manage to convert everyone unfortunately! So, we do a lot…in the neighbourhood town halls, we do publicity. The mayor does publicity each time he visits the neighbourhoods within the town halls. The facilities are just about the maximum authorities can handle. Do more? I’m not sure it would be more efficient…if not afterwards it’s… It’s going to be necessary to spend so much money for so little that it’s not necessarily going to be very useful.
Et ce qui sidère toujours Jean-Pierre Sago et ses collègues, c’est la réaction d’un maître à qui on reproche de salir un trottoir.
And what always amazes Jean-Pierre Sago and his colleagues is the owner’s reaction when reproached by someone for dirtying the sidewalk.
-Soit effectivement, il est conscient que l’action de son chien ne colle pas avec un certain art de vivre ensemble. Il y a la personne qui n’en a rien à fiche et qui dit que finalement, le service public, ils sont payés pour ça, hein, voilà ! Et puis il y a la 3ème catégorie qui, alors là, vraiment, on peut le dire 10, 20 fois, ça change absolument rien, alors que, alors que, et c’est le cas dans le centre-ville, il y a des canisettes5 en place, il y a des distributions de sac mais, bon, ce sont des récalcitrants. C’est pas facile !
-Either he’s aware that his dog’s actions don’t fit with a certain style of community living. Or there’s also the person who couldn’t care less, and who says that’s what city workers are paid for! And then, there’s a third category that you could tell 10, 20 times and it won’t change anything, even though… and that’s the case in the town centre, there are sandpits for dogs in place and there are bag dispensers, but people are resistant. It’s not easy!
En France, il existe bien des lois pour réprimander ces comportements mais les appliquer est très compliqué pour les agents municipaux.
In France, there are laws which reprimand behaviour like this, but it’s very difficult for city officials to enforce them.