Richard Good
Des vagues de chaleur ont à nouveau frappé l’hémisphère nord cet été. Dans les années à venir, il faudra s’y habituer, selon les scientifiques qui affirment qu’elles sont les conséquences inéluctables du réchauffement climatique. Or, la plupart des logements en France n’ont pas été construits pour être habités dans un climat aussi chaud. Comment les adapter à cette nouvelle réalité ? C’est tout un champ de travail qui s’ouvre. Entretien avec Julien Maratier, chercheur spécialisé dans le domaine.
Heatwaves hit the northern hemisphere again this summer. In the years to come, we will have to get used to them, according to scientists, who claim that they are the inevitable consequences of global warming. Yet most French homes were built to be lived in in a milder climate. How can we adapt them to this new reality? There’s a whole field of work to be done. Interview with Julien Maratier, a researcher specialising in this field.
Se préparer pour la météo du futur
Je m’appelle Julien Maratier, je suis actuellement enseignant chercheur avec une partie de recherche au laboratoire le CETHIL à Lyon et je travaille sur des problématiques de thermiques d’été, principalement dans les villes et principalement sur les logements
Alors, ma recherche actuellement, elle vise à simuler le confort thermique dans des logements dans le futur, c’est-à-dire en faisant des simulations, en utilisant des fichiers de météo qu’on pense qui sera la météo du futur jusqu’en 2100 et donc ce pour des logements de tout type de logement qu’on rencontre sur la métropole de Lyon.
La thermique d’été, c’est quelque chose dont on se préoccupe depuis peu de temps. C’est vrai que jusqu’à présent, on a toujours privilégié les problématiques d’hiver pour faire des économies de chauffage d’énergie et en France, on n’avait pas tellement de problèmes en thermique d’été : on climatise assez peu les logements quand même jusqu’à présent. Donc, il n’y a pas vraiment de sujet de consommation d’énergie en été, mais on sait que ça va le devenir à cause des vagues de chaleur, notamment, qui vont devenir de plus en plus longues et de plus en plus fréquentes.
L’idée, ce qu’on essaie de trouver, c’est justement, voilà, savoir qu’elles sont les petites actions finalement assez simples et passives… alors, c’est la notion de passive, ça veut dire qu’on va pas mettre la climatisation… on va juste mettre des protections solaires, réfléchir sur la taille des ouvertures…
Il faut arrêter le soleil avant qu’il rentre dans l’appartement, sinon c’est pas très efficace, donc si c’est un rideau intérieur ou un volet intérieur, ça va pas être très efficace, il faut avoir des protections à l’extérieur. Ça peut être soit de type volet, soit de type visière au-dessus de la fenêtre, qui ont l’avantage d’arrêter le soleil en été, qui est haut dans le ciel, mais de pas l’arrêter en hiver quand il est plus bas dans le ciel, et de ne pas boucher la vue et la lumière. Voilà, parce qu’il y a cette problématique avec la fenêtre, c’est que c’est à la fois un élément de construction qui fait entrer le soleil, mais qui fait aussi entrer la lumière. Et donc, on aimerait arrêter le soleil sans arrêter la lumière.
Preparing for the weather of the future
My name is Julien Maratier, and I’m currently a teacher-researcher with a research section at the CETHIL laboratory in Lyon. I work on summer thermal issues, mainly in cities and mainly in housing.
My current research is aimed at simulating thermal comfort in housing in the future, i.e. by running simulations using weather data that we think will be the weather of the future up to 2100, for all types of housing in the Lyon metropolitan area.
Summer heating is something we’ve been looking at for some time now. It’s true that up until now, we’ve always focused on winter issues to save on heating and energy costs, and in France, we haven’t had many problems with summer heating: we haven’t air-conditioned our homes very much up until now. So we don’t really have a problem with energy consumption in summer, but we do know that it’s going to become a problem because of the heat waves, in particular, which are going to become longer and more frequent.
The idea, what we’re trying to find, is to find out what are the small, fairly simple and passive actions… so the notion of passive means that we’re not going to put in air conditioning… we’re just going to put in solar protection, think about the size of the openings…
You have to stop the sun before it gets into the flat, if it’s not very effective, so if it’s an internal curtain or an internal shutter, it’s not going to be very effective, you need to have protection on the outside. This can be either a shutter or a visor over the window, which has the advantage of stopping the sun in summer, when it’s high in the sky, but not stopping it in winter when it’s lower in the sky, and not blocking the view or the light. So there’s this problem with the window: it’s both a construction element that lets in the sun, and also lets in light. So we’d like to stop the sun without stopping the light.

Ce dont on s’aperçoit, c’est que les gens qui habitent dans des immeubles modernes, avec des systèmes un peu automatisés, finalement, sont assez mauvais dans la gestion thermique de leur appartement, parce qu’ils se reposent beaucoup sur ces éléments un peu technologiques. Alors que les gens qui habitent dans des vieux immeubles, où il n’y a aucun élément technologique qui peut les aider, finalement, ils ont appris à utiliser mieux leur logement, les éléments de construction. Donc c’est ça, c’est finalement très lié au comportement, c’est-à-dire savoir exactement à quel moment il va être intéressant de fermer, d’ouvrir les volets, de fermer, d’ouvrir les fenêtres, de laisser des portes ouvertes, etc.
Et puis là où, peut-être, je vais apporter quelque chose… c’est qu’on va aussi regarder l’influence de l’aménagement intérieur de l’appartement, c’est-à-dire le cloisonnement, la taille des portes, etc. Puisqu’on sait qu’une solution pour rafraîchir le logement pendant la canicule, c’est de le ventiler au maximum la nuit, notamment en fin de nuit, où les températures sont les plus fraîches, en faisant attention à refermer tout ça au bon moment le matin. Mais on se rend compte que même si l’appartement est traversant, même si les fenêtres sont assez grandes, si le cloisonnement interne de l’appartement ne favorise pas la circulation de l’air, ce ne sera pas très efficace.
Et puis après, on sait qu’il existe des solutions aussi assez simples, notamment… Ça peut être efficace de faire évaporer de l’eau, donc faire sécher du linge ou des draps mouillés, puisque cette évaporation consomme de l’énergie donc de la chaleur dans l’appartement.
What we find is that people who live in modern buildings, with automated systems, end up doing a pretty poor job of managing the heat in their flats, because they rely so heavily on these technological elements. On the other hand, people who live in old buildings, where there is no technology to help them, have learnt to make better use of their homes and the building components. In other words, knowing exactly when it’s going to be a good idea to close or open the shutters, close or open the windows, leave the doors open, and so on.
And then, perhaps, there’s is where I’m going to contribute something… we’re also going to look at the influence of the interior layout of the flat, i.e. the partitioning, the size of the doors, etc. Since we know that a large number of people live in an apartment, we’re going to look at the influence of the interior layout of the apartment. Since we know that one way of cooling your home during a heatwave is to ventilate it as much as possible at night, particularly at the end of the night when temperatures are coolest, taking care to close everything at the right time in the morning. But you realise that even if the flat has a through-flow, even if the windows are big enough, if the internal partitioning of the flat doesn’t encourage air circulation, it won’t be very effective.
And then, as we know, there are also some fairly simple solutions, such as… It can be effective to evaporate water, so dry wet washing or sheets, as this evaporation consumes energy and therefore heat in the flat.
Il est important de travailler sur l’aménagement urbain
C’est aussi… sur ce qu’on travaille, c’est aussi… pas uniquement à l’échelle du logement de l’appartement, c’est-à-dire que la solution, elle vient aussi de l’aménagement du quartier, puisqu’il y a un phénomène en ville qu’on appelle ‘d’îlots de chaleur’, qui fait que le température peut être jusqu’à 5° plus élevée dans les villes que dans la campagne environnante. Et il est important de travailler là-dessus aussi sur l’aménagement urbain.
On sait qu’à Séville, par exemple, qui est une ville qui est connue pour être très chaude en été, finalement, il ne fait pas si chaud que ça dans les appartements, parce que, voilà, on est sur des appartements anciens, avec des ouvertures qui ont été pensées directement comme ça, des rues qui sont étroites, donc qui laissent peu pénétrer le soleil au coeur de la rue. Voilà, ça se joue aussi au niveau de l’aménagement urbain, avec aussi sûrement beaucoup plus de plantations végétales.
It is important to work on urban development
Also we are working on not only at the level of the apartment housing, that is to say that the solution also comes from the development of the neighbourhood, since there is a phenomenon in the city called heat islands, which means that the temperature can be up to 5° higher in cities than in the surrounding countryside. And it’s important to work on that as well on urban development.
We know that in Seville, for example, which is a city that is known for being very hot in the summer, it’s not that hot in the apartments, because, we are on old apartments with openings that were thought directly for this problem, streets that are narrow, thus allowing little sunlight into the heart of the street. So change is also needed at the level of urban development, with certainly a lot more vegetable plantations.
La clim fait partie du problème
La clim, elle fait presque partie du problème, c’est-à-dire qu’elle va à la fois consommer de l’énergie, donc produire des gaz à effet de serre, donc produire du réchauffement climatique. Deuxièmement quand on fait de la climatisation, finalement, on utilise le terme de pompe à chaleur puisqu’on ne fait que retirer la chaleur du local pour l’emmener vers l’extérieur. Donc ça crée des surchauffes aussi dans les quartiers, dans la rue du quartier dans laquelle il y a beaucoup de clims qui sont installées, ce qui fait qu’il va falloir encore plus de clims pour climatiser encore davantage les locaux. Voilà, sur un plan général, l’idée c’est justement d’essayer d’éviter au maximum cette installation de climatiseurs.
La particularité en France, c’est qu’ on se situe un peu à la charnière du besoin en climatisation. C’est-à-dire qu’il y a des pays où on se pose pas vraiment la question. En France, on est dans un pays où les températures, même quand elles sont très chaudes, elles sont de l’ordre de 30, 35 degrés, on ne parle pas des pays comme les pays de la péninsule arabique, où il peut faire jusqu’à 50 degrés, où là c’est une évidence que c’est difficile de survivre sans la climatisation. Mais avec les températures qu’on a en France, on voit qu’on peut, certainement la plupart du temps, revenir par des moyens passifs à des températures autour de 26, 27, 28 degrés. Et là, on sait que les gens supportent de vivre dans ces ambiances sans climatisation. Donc c’est pour ça que ce travail est particulièrement intéressant en France, puisqu’ on est sur les quelques degrés à gagner, qui justement peuvent nous faire éviter d’installer la climatisation.
Bien sûr aussi, ça va dépendre des personnes. C’est un peu comme la crise du Covid. C’est-à-dire qu’on a vu que c’était finalement assez bénin pour l’immense majorité des gens, mais ça pouvait être très grave pour des très jeunes enfants, des personnes très âgées ou des personnes malades. La chaleur, c’est un peu pareil. Ça peut devenir mortel pour des personnes fragiles. Il y a des personnes ici qui travaillent sur cette problématique, des dangers de la chaleur pour les personnes fragiles.
Air conditioning is part of the problem
Air conditioning is almost part of the problem, that is to say it will both consume energy, and therefore produce greenhouse gases, thus producing global warming. Secondly, when you use air conditioning, we use the term heat pump because you’re just taking the heat out of the room and pumping it out. So it also creates overheating in the neighbourhoods, in the street of the neighbourhood in which there are a lot of air conditioning systems installed, which means that we will need even more air conditioning to air the facilities even more. In general, the idea is to try to avoid as much as possible this installation of air conditioners.
The particularity of France is that we are a bit on the edge of the need for air conditioning. In other words, there are countries where we don’t really ask ourselves the question. In France, we are in a country where temperatures, even when they are very hot, are in the order of 30, 35 degrees, we are not talking about countries like the countries of the Arabian Peninsula, where it can be up to 50 degrees, where there is evidence that it is difficult to survive without air conditioning. But with the temperatures we have in France, we see that we can certainly most of the time return by passive means to temperatures around 26, 27, 28 degrees. And now we know that people can live in these environments without air conditioning. So that’s why this work is particularly interesting in France, since we are working on the few degrees to gain which can make us avoid installing air conditioning.
Of course, it also depends on the people. It’s a bit like the Covid crisis. In other words, we saw that it was ultimately quite benign for the vast majority of people, but it could be very serious for very young children, very old people or sick people. Heat is a bit the same. It can become deadly for fragile people. There are people here who work on this issue, the dangers of heat for fragile people.
Des vagues de chaleur
Tous les indices, tous les indicateurs montrent que c’est bien l’activité humaine qui génère ce réchauffement global. En revanche, voilà, c’est ça qui est important. C’est de comprendre que les Anglais disent “global warming”, parce que c’est un réchauffement global qui localement peut induire d’autres phénomènes météorologiques qui sont pas forcément du réchauffement. Ça peut générer des événements extrêmes aussi de froid ou de précipitations. On sait que ça va augmenter des précipitations dans des endroits où il y en avait beaucoup, ça va les raréfier dans des endroits où il manquait déjà de l’eau.
Si on parle de climat, c’est-à-dire sur des périodes un peu longues, c’est sûr et certain que l’Europe, et donc voilà, la France et le centre de la France, la ville de Lyon, on va être particulièrement touchés par une augmentation globale des températures. Et c’est surtout ce qui va être le plus difficile, à mon avis, c’est ce phénomène de vague de chaleur. C’est-à-dire qu’il y a une question de température moyenne, mais c’est vrai que quand on dit aux gens, bon, la température va augmenter en moyenne de deux degrés, si on ramène ça à notre expérience personnelle, on se dit, bon, si chaque jour, il fait deux degrés de plus, que ce que je connaissais quand j’étais jeune, ça ne semble pas une catastrophe.
Mais voilà, c’est pas comme ça que ça fonctionne. Et on va, en fait, une moyenne de deux degrés, c’est énorme. Et puis surtout, ça va générer des périodes de vague de chaleur qui vont être beaucoup plus intenses, c’est-à-dire une température maximum plus élevée. On parle, selon certaines projections, de vagues de chaleur qui pourraient atteindre 50 degrés dans la ville de Lyon, par exemple, et plus longues. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, on est habitués, on connaît des vagues de chaleur qui durent quelques jours, une semaine grand maximum. Voilà, on peut penser que dans les années 2050, 2070, on aura des vagues de chaleur qui pourront durer trois semaines.
Heat waves
All the indices, all the indicators, show that it is indeed human activity that generates this global warming. However, that is what is important. It is to understand that the English say “global warming”, because it is a global warming that can locally induce other meteorological phenomena that are not necessarily warming. It can also generate extreme events of cold or precipitation. We know that it will increase precipitation in areas where there was a lot of it, and it will make it more scarce in areas where there was already a lack of water.
If we talk about climate, that is to say over a rather long period, it is certain that Europe, and thus France and the centre of France, the city of Lyon, will be particularly affected by an overall increase in temperatures. And more importantly, what’s going to be the most difficult, I think, is this heat wave phenomenon. That is to say, there is a question of average temperature, but it is true that when we tell people, well, the temperature will increase by an average of two degrees, if we go back to our personal experience, we say, well, if every day, it’s two degrees higher than what I knew when I was young, it doesn’t seem like a disaster.
But that’s not how it works. And we’re actually going to have a two-degree average, which is huge. And above all, it will generate heat wave periods that will be much more intense, that is to say a higher maximum temperature. According to some projections, heat waves could reach 50 degrees in the city of Lyon, for example, and be longer. That is to say that today, we are used to the heat waves that last a few days, a week maximum. Now, we can think, in the 2050s, 2070s, we will have heat waves that can last three weeks.
Pour une logique moins individualiste
On construit chaque année à peu près 1% de logements neufs. Donc, si on attend qu’une réglementation inonde la population des logements, c’est très long, ça mettrait plusieurs dizaines… voir jusqu’à 100 ans. Donc c’est pour ça qu’on ne peut pas se contenter de ce travail sur des réglementations sur des logements neufs, il faut aussi travailler sur les logements existants et sur toutes les opérations de rénovation qu’on peut faire.
Donc la conclusion de tout ça, c’est à mon avis que ça passera finalement aussi par de l’éducation des gens, des comportements, et puis une logique un peu moins individualiste, par exemple, dans l’utilisation des moyens de transport ou de la climatisation. Mais ça, on sait que c’est pas la nature… On sait que la nature humaine ne pousse pas forcément dans cette direction.
For a less individualistic logic
About 1% of new housing is built each year. So, if we wait for regulation to flood housing sector, it takes a very long time, it would take several tens… or even 100 years. So that’s why we can’t just work on regulations on new housing, we also have to work on existing housing and on all the renovation operations we can do.
So the conclusion of all this, in my opinion, is that it will ultimately also involve educating people, behaviours, and then a logic that is a little less individualistic, for example, in the use of means of transport or air conditioning. But we know that this is not nature… We know that human nature does not necessarily evolve in this direction.
Des vagues de chaleur ont à nouveau frappé l’hémisphère nord cet été. Dans les années à venir, il faudra s’y habituer, selon les scientifiques qui affirment qu’elles sont les conséquences inéluctables du réchauffement climatique. Or, la plupart des logements en France n’ont pas été construits pour être habités dans un climat aussi chaud. Comment les adapter à cette nouvelle réalité ? C’est tout un champ de travail qui s’ouvre. Entretien avec Julien Maratier, chercheur spécialisé dans le domaine.
Se préparer pour la météo du futur
Je m’appelle Julien Maratier, je suis actuellement enseignant chercheur avec une partie de recherche au laboratoire le CETHIL à Lyon et je travaille sur des problématiques de thermiques d’été, principalement dans les villes et principalement sur les logements.
Alors, ma recherche actuellement, elle vise à simuler le confort thermique dans des logements dans le futur, c’est-à-dire en faisant des simulations, en utilisant des fichiers de météo qu’on pense qui sera la météo du futur jusqu’en 2100 et donc ce pour des logements de tout type de logement qu’on rencontre sur la métropole de Lyon.
La thermique d’été, c’est quelque chose dont on se préoccupe depuis peu de temps. C’est vrai que jusqu’à présent, on a toujours privilégié les problématiques d’hiver pour faire des économies de chauffage d’énergie et en France, on n’avait pas tellement de problèmes en thermique d’été : on climatise assez peu les logements quand même jusqu’à présent. Donc, il n’y a pas vraiment de sujet de consommation d’énergie en été, mais on sait que ça va le devenir à cause des vagues de chaleur, notamment, qui vont devenir de plus en plus longues et de plus en plus fréquentes.
L’idée, ce qu’on essaie de trouver, c’est justement, voilà, savoir qu’elles sont les petites actions finalement assez simples et passives… alors, c’est la notion de passive, ça veut dire qu’on va pas mettre la climatisation… on va juste mettre des protections solaires, réfléchir sur la taille des ouvertures…
Il faut arrêter le soleil avant qu’il rentre dans l’appartement, sinon c’est pas très efficace, donc si c’est un rideau intérieur ou un volet intérieur, ça va pas être très efficace, il faut avoir des protections à l’extérieur. Ça peut être soit de type volet, soit de type visière au-dessus de la fenêtre, qui ont l’avantage d’arrêter le soleil en été, qui est haut dans le ciel, mais de pas l’arrêter en hiver quand il est plus bas dans le ciel, et de ne pas boucher la vue et la lumière. Voilà, parce qu’il y a cette problématique avec la fenêtre, c’est que c’est à la fois un élément de construction qui fait entrer le soleil, mais qui fait aussi entrer la lumière. Et donc, on aimerait arrêter le soleil sans arrêter la lumière.

Ce dont on s’aperçoit, c’est que les gens qui habitent dans des immeubles modernes, avec des systèmes un peu automatisés, finalement, sont assez mauvais dans la gestion thermique de leur appartement, parce qu’ils se reposent beaucoup sur ces éléments un peu technologiques. Alors que les gens qui habitent dans des vieux immeubles, où il n’y a aucun élément technologique qui peut les aider, finalement, ils ont appris à utiliser mieux leur logement, les éléments de construction. Donc c’est ça, c’est finalement très lié au comportement, c’est-à-dire savoir exactement à quel moment il va être intéressant de fermer, d’ouvrir les volets, de fermer, d’ouvrir les fenêtres, de laisser des portes ouvertes, etc.
Et puis là où, peut-être, je vais apporter quelque chose… c’est qu’on va aussi regarder l’influence de l’aménagement intérieur de l’appartement, c’est-à-dire le cloisonnement, la taille des portes, etc. Puisqu’on sait qu’une solution pour rafraîchir le logement pendant la canicule, c’est de le ventiler au maximum la nuit, notamment en fin de nuit, où les températures sont les plus fraîches, en faisant attention à refermer tout ça au bon moment le matin. Mais on se rend compte que même si l’appartement est traversant, même si les fenêtres sont assez grandes, si le cloisonnement interne de l’appartement ne favorise pas la circulation de l’air, ce ne sera pas très efficace.
Et puis après, on sait qu’il existe des solutions aussi assez simples, notamment… Ça peut être efficace de faire évaporer de l’eau, donc faire sécher du linge ou des draps mouillés, puisque cette évaporation consomme de l’énergie donc de la chaleur dans l’appartement.
Il est important de travailler sur l’aménagement urbain
C’est aussi… sur ce qu’on travaille, c’est aussi… pas uniquement à l’échelle du logement de l’appartement, c’est-à-dire que la solution, elle vient aussi de l’aménagement du quartier, puisqu’il y a un phénomène en ville qu’on appelle ‘d’îlots de chaleur’, qui fait que le température peut être jusqu’à 5° plus élevée dans les villes que dans la campagne environnante. Et il est important de travailler là-dessus aussi sur l’aménagement urbain.
On sait qu’à Séville, par exemple, qui est une ville qui est connue pour être très chaude en été, finalement, il ne fait pas si chaud que ça dans les appartements, parce que, voilà, on est sur des appartements anciens, avec des ouvertures qui ont été pensées directement comme ça, des rues qui sont étroites, donc qui laissent peu pénétrer le soleil au coeur de la rue. Voilà, ça se joue aussi au niveau de l’aménagement urbain, avec aussi sûrement beaucoup plus de plantations végétales.
La clim fait partie du problème
La clim, elle fait presque partie du problème, c’est-à-dire qu’elle va à la fois consommer de l’énergie, donc produire des gaz à effet de serre, donc produire du réchauffement climatique. Deuxièmement quand on fait de la climatisation, finalement, on utilise le terme de pompe à chaleur puisqu’on ne fait que retirer la chaleur du local pour l’emmener vers l’extérieur. Donc ça crée des surchauffes aussi dans les quartiers, dans la rue du quartier dans laquelle il y a beaucoup de clims qui sont installées, ce qui fait qu’il va falloir encore plus de clims pour climatiser encore davantage les locaux. Voilà, sur un plan général, l’idée c’est justement d’essayer d’éviter au maximum cette installation de climatiseurs.
La particularité en France, c’est qu’ on se situe un peu à la charnière du besoin en climatisation. C’est-à-dire qu’il y a des pays où on se pose pas vraiment la question. En France, on est dans un pays où les températures, même quand elles sont très chaudes, elles sont de l’ordre de 30, 35 degrés, on ne parle pas des pays comme les pays de la péninsule arabique, où il peut faire jusqu’à 50 degrés, où là c’est une évidence que c’est difficile de survivre sans la climatisation. Mais avec les températures qu’on a en France, on voit qu’on peut, certainement la plupart du temps, revenir par des moyens passifs à des températures autour de 26, 27, 28 degrés. Et là, on sait que les gens supportent de vivre dans ces ambiances sans climatisation. Donc c’est pour ça que ce travail est particulièrement intéressant en France, puisqu’ on est sur les quelques degrés à gagner, qui justement peuvent nous faire éviter d’installer la climatisation.
Bien sûr aussi, ça va dépendre des personnes. C’est un peu comme la crise du Covid. C’est-à-dire qu’on a vu que c’était finalement assez bénin pour l’immense majorité des gens, mais ça pouvait être très grave pour des très jeunes enfants, des personnes très âgées ou des personnes malades. La chaleur, c’est un peu pareil. Ça peut devenir mortel pour des personnes fragiles. Il y a des personnes ici qui travaillent sur cette problématique, des dangers de la chaleur pour les personnes fragiles.
Des vagues de chaleur
Tous les indices, tous les indicateurs montrent que c’est bien l’activité humaine qui génère ce réchauffement global. En revanche, voilà, c’est ça qui est important. C’est de comprendre que les Anglais disent “global warming”, parce que c’est un réchauffement global qui localement peut induire d’autres phénomènes météorologiques qui sont pas forcément du réchauffement. Ça peut générer des événements extrêmes aussi de froid ou de précipitations. On sait que ça va augmenter des précipitations dans des endroits où il y en avait beaucoup, ça va les raréfier dans des endroits où il manquait déjà de l’eau.
Si on parle de climat, c’est-à-dire sur des périodes un peu longues, c’est sûr et certain que l’Europe, et donc voilà, la France et le centre de la France, la ville de Lyon, on va être particulièrement touchés par une augmentation globale des températures. Et c’est surtout ce qui va être le plus difficile, à mon avis, c’est ce phénomène de vague de chaleur. C’est-à-dire qu’il y a une question de température moyenne, mais c’est vrai que quand on dit aux gens, bon, la température va augmenter en moyenne de deux degrés, si on ramène ça à notre expérience personnelle, on se dit, bon, si chaque jour, il fait deux degrés de plus, que ce que je connaissais quand j’étais jeune, ça ne semble pas une catastrophe.
Mais voilà, c’est pas comme ça que ça fonctionne. Et on va, en fait, une moyenne de deux degrés, c’est énorme. Et puis surtout, ça va générer des périodes de vague de chaleur qui vont être beaucoup plus intenses, c’est-à-dire une température maximum plus élevée. On parle, selon certaines projections, de vagues de chaleur qui pourraient atteindre 50 degrés dans la ville de Lyon, par exemple, et plus longues. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, on est habitués, on connaît des vagues de chaleur qui durent quelques jours, une semaine grand maximum. Voilà, on peut penser que dans les années 2050, 2070, on aura des vagues de chaleur qui pourront durer trois semaines.
Pour une logique moins individualiste
On construit chaque année à peu près 1% de logements neufs. Donc, si on attend qu’une réglementation inonde la population des logements, c’est très long, ça mettrait plusieurs dizaines… voir jusqu’à 100 ans. Donc c’est pour ça qu’on ne peut pas se contenter de ce travail sur des réglementations sur des logements neufs, il faut aussi travailler sur les logements existants et sur toutes les opérations de rénovation qu’on peut faire.
Donc la conclusion de tout ça, c’est à mon avis que ça passera finalement aussi par de l’éducation des gens, des comportements, et puis une logique un peu moins individualiste, par exemple, dans l’utilisation des moyens de transport ou de la climatisation. Mais ça, on sait que c’est pas la nature… On sait que la nature humaine ne pousse pas forcément dans cette direction.