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Les communes françaises essaient de mieux intégrer la nature au cœur des villes en créant de nouveaux espaces de promenade. Exemple à Lyon, deuxième ville de France avec plus d’un million d’habitants, classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. La « capitale des Gaules » offre aujourd’hui un nouveau visage, grâce au réaménagement des berges du Rhône. Reportage de Cécile Mathy.
L’agglomération lyonnaise, c’est-à-dire la ville de Lyon et sa banlieue, est l’agglomération de France la plus marquée par la présence de l’eau. La Saône, une rivière, et le Rhône, fleuve européen, traversent la ville. Les deux cours d’eau se rejoignent d’ailleurs au sud de la commune. Et pourtant, depuis le début des années 50, les habitants se sont peu à peu éloignés du bord de l’eau, puisque les quais ont été transformés en voies de circulation, ou en grandes aires de stationnement, des parkings où se retrouvaient chaque jour plus de 1600 voitures.
En 2002, le maire de Lyon, a décidé d’entreprendre un grand projet de réaménagement des berges du Rhône, pour rapprocher les habitants du cours d’eau et leur permettre de se promener. Pierre Esbelin est le porte-parole de la communauté urbaine de Lyon.
– Le projet des berges du Rhône, ça a été la libération du bas-port pour, donc, la réappropriation de l’espace par les habitants, tout simplement en déplaçant le stationnement : des parkings qui étaient sur les bas-ports dans des parkings souterrains. En fait, la vraie problématique, c’est que en ville, on a une densité assez importante, et installer de la voiture de partout1 -comme ça a été fait depuis les années 50 où2 à peu près 80% de l’espace de voirie dans les rues sont dédiés à l’automobile- c’est priver les autres modes, piétons, vélos notamment, de l’espace public. Donc, le principe, c’est mettre la voiture en sous-sol et libérer l’espace public de surface pour des usages de déplacement et aussi pour les gens qui viennent de poser leur voiture, avoir davantage de confort à pratiquer la ville.
Effectivement, depuis le mois de mai, date de l’inauguration de ces nouvelles berges, on croise des Lyonnais à vélo, en rollers ou les pieds sur leur skateboard, puisque des bowls, ces grandes vasques, ont été construites pour permettre aux amoureux de planches à roulettes de s’amuser. Franck a 37 ans. Il est venu à vélo.
– C’est très bien. C’est très bien pour les rollers, pour les skates, pour les piétons. Il y en a pour tout le monde, ouais, familial ou sportif.- Ici on voit justement des vasques qui ont été un peu enterrées?- Des bowls, qui sont très bien, mais mal fréquentés le samedi et le dimanche : beaucoup trop d’enfants et de débutants qui ne devraient pas être là, mais bon… Mais c’est très sympa.- Est-ce que vous connaissiez les berges avant qu’elles soient aménagées ?- Oui, j’y garais ma voiture tous les jours pour venir travailler mais je préfère comme ça, ouais.
Sur les 5 km le long du fleuve, il y en a pour tous les goûts. A certains endroits la voie fait plus de 70 mètres de large, c’est le cas au centre du parcours, au niveau du pont de la Guillotière, où de grandes terrasses ont vu le jour. Mathieu a 21 ans. Il vient souvent s’y installer.
– C’est très bien fait, c’est vraiment sympa pour s’y balader, pour se poser un moment. C’est joli, aussi, c’est vraiment… C’est esthétique et c’est sympa, quoi. C’est tout près de là où j’habite, c’est à 500 mètres à peine et puis j’aime bien l’ambiance. Tous les week-end souvent, je passe un moment ici. Ça permet de faire de la musique en étant un peu en plein air, quoi.
Pour les sportifs, on trouve aussi des terrains de volley et de football et des aires de jeux pour les enfants. Corinne et sa fille Kadija profitent de ces installations.
– C’était bien, je bois des coups avec maman et je joue.
– Moi, je suis très contente. J’y passe beaucoup de temps, on aime les terrasses, c’est très agréable, vraiment. Une bonne initiative de la ville de Lyon. On n’y venait pas du tout et depuis que ça a été réaménagé on y vient très souvent et, moi, je me sens bien, ici, vraiment. C’est un bol d’air, vraiment, un véritable bol d’air pour la ville.
10 hectares de superficie le long du fleuve, cela permet également de trouver des endroits plus tranquilles. A l’une des extrémités, lorsque l’on se rapproche du parc de la Tête d’Or, on voit sur le Rhône de petites îles, le repère favori des castors. La nature au centre ville, c’était le pari de ces réaménagements. Pierre Esbelin.
– Les berges fonctionnent un peu comme un parc, c’est-à-dire qu’on a davantage de monde en semaine le soir, et puis on a quand même beaucoup plus de monde aussi le week-end : le samedi d’une part et puis le dimanche, qui est certainement la journée où2 les gens se promènent le plus sur les berges du Rhône. On a assisté à un véritable engouement des Lyonnais qui sont venus profiter du site, je dirais, en douceur. C’était un peu aussi le principe de cette inauguration et c’est le principe aussi de cet aménagement. C’est apporter davantage de douceur dans la ville, une qualité de vie un petit peu meilleure. Et c’est vrai que c’est un peu ce que les Lyonnais venaient retrouver ici. Alors, on a aussi des espaces de convivialité sur le site, des péniches cafés, restaurants, pubs. Les terrasses sont relativement pleines et ce* dès le premier rayon de soleil, et on voit que les berges, contrairement à ce que ça pouvait être le cas auparavant, sont appropriées comme un espace de rencontre aussi, où les gens viennent se retrouver et passer un bon moment au bord du fleuve. Il a fallu concilier à la fois un fort usage lié à la présence du projet en plein cœur de ville donc on savait qu’on allait avoir une grosse fréquentation sur le site donc des espaces minéraux, et puis des espaces de végétation. Les premières propositions des architectes étaient loin d’être aussi « végétalisées » que le projet l’est aujourd’hui. On a vu en effet beaucoup de demandes lors de la concertation pour voir se développer la présence végétale. Alors, cette concertation, elle a amené notamment la présence aujourd’hui donc de 350 arbres différents sur les berges du Rhône, d’une quinzaine d’espèces différentes. Il y a une grande variété végétale, ce qui apporte une richesse paysagère, déjà, ce qui va apporter de l’ombre aussi. Sur les parties centrales, là, on a une grande prairie de 6000 m2 ce qui représente la surface d’un terrain de football, au contact de l’eau, ce qui offre notamment des possibilités pour les pêcheurs pour venir lancer leur canne à pêche ; ce qui offre aussi des points d’ombre pour ceux qui ont tout simplement envie de s’asseoir au bord de l’eau, seuls ou entre amis.
Il a fallu 27 millions d’euros pour redonner à Lyon une image de ville d’eau. Mais d’après Régis, un promeneur, cela en valait la peine.
– Elles sont beaucoup plus agréables qu’avant, déjàla journée où3, et puis, la convivialité, en fait, avec les gens, le contact est aussi agréable, je pense. Je trouve ça très familial aussi donc c’est bien. C’est vrai qu’il y a de la place, donc c’est vrai que ça permet à tout le monde aussi de pouvoir profiter de l’endroit, donc c’est pratique, quoi. C’est sympa. C’est vrai que si on a envie de marcher, on a de quoi faire4, de quoi se mettre en jambe4. En vélo, c’est aussi très agréable, puisque je l’ai déjà fait en vélo. Ça permet de découvrir Lyon autrement, quoi, donc on est loin des bruits de voiture. On est… Donc, ça nous fait un peu oublier, oui, qu’on est en ville, hein, en fin de compte.
La convivialité, le fait de pouvoir s’amuser ensemble, de partager de bons moments, c’est aussi dans cet esprit qu’a été menée l’opération Paris-Plage. Chaque été depuis 5 ans, des tonnes de sable sont déversées sur les quais de Paris pour que les habitants aient l’impression d’être au bord de la mer. Alors quand on voit l’aménagement des berges du Rhône, on pense nécessairement à Paris-Plage. Pierre Esbeslin.
– La grande différence entre Paris-Plage et les berges du Rhône, c’est que Paris-Plage, ça dure deux mois dans l’année, d’une part, et que les berges du Rhône, c’est toute l’année, donc effectivement on est sur un aménagement pérenne. Je pense que Paris-Plage est plus une… un « événementiel » d’ambiance et en ce sens qui se rapproche un peu des berges du Rhône, une ambiance de détente, une ambiance familiale. Une ambiance de loisirs, sans forcément que ce soit une festivité.
Et pour ne pas être victime de son succès, la ville a renforcé l’entretien des berges. Une personne par kilomètre s’occupe de la propreté.
Présentes aussi en permanence, des péniches-restaurants : des bateaux amarrés le long du parcours. Bob Janin est serveur sur l’une de ces terrasses flottantes.
– Avant c’était un parking, donc les gens venaient stationner ici, ils travaillaient dans le secteur. Là maintenant c’est des gens qui se promènent, donc c’est la même clientèle qu’au Parc de la Tête d’Or.- Pour vous ça se traduit justement…?- Par plus de clients, plus de passage, donc plus de clientèle, forcément. Je ne sais pas… une augmentation, je ne sais pas, de l’ordre de 30%, quoi.
Bien sûr l’afflux de la population sur les berges du Rhône dépend de la météo. Lorsqu’il pleut, on ne retrouve que les joggeurs courageux ou les personnes qui promènent leur chien. En cas de pluie, il est possible de se rendre sur la péniche-exposition qui retrace l’évolution du projet. Elle a reçu plus de 5 000 visiteurs cet été.
A Lyon, le réaménagement des berges ne va pas en rester là. Le maire de la ville, Gérard Collomb, a annoncé il y a quelques jours, que les berges de la Saône devraient5 subir le même sort. Les parkings devraient céder la place à des pistes cyclables et des voies piétonnes.
French communities are trying improve the integration of nature into the heart of towns by creating new areas for walking. An example is Lyon, France’s second city with more than a million inhabitants, recognised as a world heritage site by UNESCO. The capital of the Gauls now has a new look, thanks to the redevelopment of the banks of the Rhone. Cécile Mathy reports.
The Greater Lyon zone, that’s to say the city of Lyon and its suburbs, is the urban zone in France that’s the most affected by the presence of water. The Saône, a river, and the Rhone, a European river that feeds directly into the sea (une fleuve), run through the city. Moreover the two river currents meet at the south of the zone. And yet since the beginning of the 1950s little by little the inhabitants have moved further away from the water, because the quaysides were transformed into roads or large car parks, parking where every day more than 1600 cars were to be found.
In 2002, the mayor of Lyon decided to embark on a big development project for the banks of the Rhone, to bring the inhabitants closer to the waterfront and to enable them to walk about. Pierre Esbelin is the spokesperson for the Lyon Urban Community.
-The project for the banks of the Rhone, was to free up the lower embankment in order to allow inhabitants to use the space, quite simply by moving the parking: the parking that was in underground car parks on the lower embankments. In fact, the real problem is that in towns there’s a fairly dense population and to let cars in everywhere – as was done since the 1950s when around 80% of the road surface was dedicated to cars – deprives public space for people using other modes of transport, pedestrians and cyclists notably. So the principle is to put cars underground and liberate the public space on the surface for getting around and also for the people who come and drop off their cars to have greater comfort when in town.
And indeed since May when the new embankments were inaugurated, you come across Lyonnais on bicycles, on roller-skates or with their feet on their skateboard because bowls, huge basins, were constructed to enable skateboard lovers to enjoy themselves. Franck is 37 years old. He’s come by bike.
-It’s very good. It’s very good for rollers, for skaters, for pedestrians. There’s something for everyone, yes, for families or for sporting types.
-Here we’re looking at for example basins that have been embedded a little bit?
-Bowls which are very good but get the wrong kind of people on Saturdays and Sundays: there are far too many children and beginners who shouldn’t be there, but well… But it’s very nice.
-Did you know the embankments before they were developed?
-Yes I used to park my car every day to come to work but I prefer it how it is, yes.
Down 5 kilometres of the river, there’s something for all tastes. At certain points the pathway is more than 70 metres wide, it’s like that at the centre of the walkway, at the point where there’s Guillotère bridge, where large terraces come to life. Mathieu is 21 years old. He often comes here to relax.
-It’s very well done, it’s really nice for going for a walk, to stop off for a while. It’s pretty as well, it’s really… It’s aesthetic and it’s nice, if you like. It’s close to where I live, it’s scarcely 500 metres away and then I like the atmosphere. Every… most… weekends I spend time here. It enables me to practice my music while being a little bit in the open air.
For sporting types, you can also find volleyball and football pitches and play areas for children. Corinne and her daughter Kadija take advantage of these facilities.
-It was great, I drink with my mother and I play.
-I am very happy. I spend a lot of time here, we like the terraces, it’s very pleasant, really. A good initiative from the Lyon council. We never used to come here at all and since it’s been redeveloped we come here very often and I feel good here, really. It’s a breath of fresh air, really, a breath of fresh air for the town.
A surface of 10 hectares by the river also enables people to find places that are more peaceful. At one extreme, when you approach the Tête d’Or park, you see little islands, a favourite spot for beavers. Nature in the town centre, that was the gamble behind these developments. Pierre Esbelin:
-The embankments function a little bit like a park, that’s to say more people in the evening during the week and then a lot more people as well during the weekend: the Saturday to begin with and then the Sunday, which is certainly the day when people walk the most along the Rhone embankments. We saw a real craze among Lyonnais who came to take advantage of the site, I’d say, but it happened gently. It was a little bit too the principle behind the inauguration and the principle too of the development. It’s to bring a bit of gentleness into the town, a quality of life that’s a little bit better. And it’s true that that’s a little bit what the Lyonnais people discover here. So we also have places to meet up with people on the site, café barges, restaurants, pubs. The terraces are relatively full and this right from the first the ray of sunshine and you see that the embankments, contrary to what was the case before, have been appropriated as a meeting space too, where people come to meet each other and spend a bit of good time on the riverside. We had to reconcile at the same intensive usage linked to the presence of the project right in the middle of the town, so stone areas, and then areas of vegetation. The first propositions by the architects were a long way from having as much green space as the project is today. What happened was we got lots of requests during the consultation period for the presence of vegetation. So this consultation resulted notably in the presence of 350 different trees on the banks of the Rhône, of 15 or so different species. There’s a big variety in the vegetation, which brings a richness to the landscape and will bring shade too. In the central areas, we have a large flat prairie of 6000m2 which is the equivalent of the size of a football pitch, which is next to the water, which gives an opportunity notably for fisherman to come and cast their fishing rods; which also offer shady areas for those who want simply to sit down by the riverside, on their own or with friends.
It cost 27 million euros to give Lyon the image of a city on water. But according to Régis, a walker, it was worth it.
– The river banks are a lot more pleasant than before, during the day to begin with and then the convivial aspect with other people, the contact is also pleasant too. I think it’s very family-orientated as well so that’s good. It’s true that there’s plenty of room, so that means as well everyone can take advantage of the place, so that’s practical. It’s nice. It’s true that if you want to go for a walk you’ve got what you need, to have a good stretch. On bicycle too it’s very pleasant because I’ve already done it on bicycle. It enables you to discover Lyon in another way, if you like, so you’re far from the noise of cars. You’re… it makes you forget a little, yes, that your in a town, at the end of the day.
Conviviality, the fact of being able to have fun together, to share good times, it’s also in that spirit that the Paris Beach initiative was launched. Every summer for five years now, tonnes of sand are spread along the Paris quays so that the inhabitants have the impression of being by the sea. So when you see the development of the Rhone embankments, you inevitably think of Paris Beach. Pierre Esbeslin.
– The big difference between Paris Beach and the banks of the Rhône is that Paris Beach last two months of the year on the one hand and the banks of the Rhône, it’s all year round, so we are in fact dealing with a permanent development. I think that Paris Beach is more of an “event” atmosphere and, in this it resembles a little the Rhône embankments, there’s a relaxed atmosphere, a family atmosphere. A leisure atmosphere, without necessarily being festive.
And in order not to be a victim of its own success, the town has reinforced the maintenance of the embankments. One person every kilometre takes care of cleanliness.
Also ever present are the restaurant barges : boats moored the length of the walkway. Bob Janin is a waiter in of these floating terraces.
-Before it was a parking area, so the people came to park here, they worked in the area. Now it’s people who are out for a walk, so it’s the same clientèle as in the Parc de la Tête d’Or.
-What does that mean for you exactly… ?
-It means more clients, more people passing by so a larger clientèle, inevitably. I don’t know… an increase, I don’t know, of around 30%.
Of course the flow of population along the banks of the Rhône depends on the weather. When it rains, you only find courageous joggers and people walking their dog. If it does rain, you can visit the exhibition barge that tells the story of the project. It received 5000 visitors this summer.
In Lyon, the redevelopment of the embankments isn’t stopping there. The mayor of the town, Gérard Collomb, announced a few days ago that the Saône will undergo the same transformation. Car parks will give way to cycle routes and pedestrian paths.