Version Ralentie
Marseille. Ciel bleu, température douce malgré décembre. À quelques jours de Noël, des stands ont envahi le cours d’Étienne d’Orves.
Marseilles. Blue skies, mild temperatures, even though it’s December. With a few days to go to Christmas, stalls have invaded Etienne d’Orves Highway.
– Eh bé, donc, c’est la foire aux santons, qui date de deux cents ans. C’est pour faire la crèche qui est une tradition en Provence, donc pendant un mois et demi, nous vendons notre fabrication, qui est, moi, en l’occurrence, des santons habillés, sinon, vous avez des santons peints. Ça représente les personnages qui existaient avant. Bon, il y a la Nativité, avec le petit Jésus, la Vierge, le Joseph, l’enfant Jésus, l’âne, le bœuf, les Trois Rois mages. Et puis après vous avez ce qui est typique de la pastorale, c’est-à-dire une histoire provençale que l’on représente à travers les personnages : le meunier, le rémouleur, Roustido, Margarido, Benvegu. Enfin, toute la série de santons qui représente la pastorale.
-Ah well, then, this is the “santons” fair, which is a 200-year-old tradition. It’s in order to create the crib which is a tradition in Provence. So for a month and a half, we sell what we’ve produced, which in my case is clothed santons, otherwise you have painted santons. They represent people who existed in the past. Well there’s the Nativity, with the baby Jesus, the Virgin Mary, Joseph, the child Jesus, the donkey, the ox, the Three Wise Men. And then afterwards you have what’s typical of pastoral life, that’s to say a Provençal story that’s symbolized through characters: the miller, the grinder, Roustido, Margarido, Benvegu, a complete set of santons representing pastoral life.
-Un santonnier, c’est d’abord un métier artisanal, qui travaille l’argile, aussi bien, bon maintenant… Moi, j’arrive à travailler l’argile, aussi bien que le plâtre et la résine, puisque je fais les pierres aussi. J’arrive à faire deux choses. Alors, le santonnier, c’est la Provence, d’abord. C’est raconter l’histoire de la Provence à travers nos santons. Nous allons passer de la femme à l’ail au Ravi, la Ravie, la femme aux limaçons qui était à une époque à Marseille… qui se fait toujours ! On mange les limaçons à Marseille. Il faut savoir que le petit limaçon, c’est un plat qu’on aime bien prendre au mois de septembre avec l’apéritif.
-A santonnier, is first and foremost a craft trade, which involves working with clay as well as, well now… I manage to work with clay as well as with plaster and resin, because I do stones too. I manage to do two things. So, the santonnier, it’s about Provence first and foremost. It’s to tell the story of Provence through our santons. The collection ranges from the woman with garlic to Ravi, Ravie, the woman with little snails who at one time was to be seen in Marseilles… who still is to be seen. People eat snails in Marseilles. You should know that the little snail, is a dish that people like to enjoy in the month of September with an aperitif.
-A là que sont les limaçons, y aura des gros et des pichouns. Je vends des limaçons, j’en ai des gros et des petits. On le fait toujours à Marseille. Ça, c’est pour l’apéritif à Marseille : on ramasse des limaçons, on les fait cuire, on les trempe avec de l’ail et du persil et on les mange en apéritif. C’est très bon.
-Ah, there are the snails, you’ll find big ones and little’uns. I sell snails, I have big ones and little ones. You still find them in Marseilles. That, that’s for the aperitif in Marseilles; you gather the snails, you cook them, you dip them with garlic and parsley and you eat them with the aperitif. It’s very good.
-Je suis arrivé aux santons en passant par l’Éducation nationale. C’est-à-dire que ma famille, au départ, était santonnier, donc mon grand-père était santonnier ; il a commencé en 1921 sur la foire donc aux santons, à Marseille, qui était, à l’époque, sur la Canebière1. Bon. Ensuite, ma mère a pris la suite et moi, à ce moment-là, je n’étais pas intéressé par les santons et donc, je n’en avais pas fait mon métier puisque j’étais enseignant. Et, à partir d’un certain âge, j’en ai eu un peu assez de l’enseignement -non pas l’enseignement par rapport aux élèves, mais par la lourdeur d’une administration permanente, donc je me suis orienté vers la fabrication des santons et depuis, déjà, une quinzaine d’années, je fais des santons pour mon propre compte en tant qu’artisan. La Provence, c’est… Pour un Provençal, ça a une odeur, ça a une lumière, ça a… ça a quelque chose de très particulier. Voyez, là, moi, je fais toutes les années une foire sur Paris, que j’aime bien, mais dès que je redescends sur la Provence, j’ai l’impression que la voiture, elle va plus vite parce qu’elle connaît le chemin. Dès que j’arrive dans la région d’Avignon, d’Arles, tout ça, qu’on commence à voir les cyprès, on commence à voir… il y a une différence de climat, je suis content de rentrer dans mon cyprès, voilà, de ressentir l’odeur de la Méditerranée, de revoir les calanques qui sont des morceaux de cailloux avec un peu de garrigue. Ça, je crois qu’on l’a dans la peau, on n’y peut rien. Autant j’aime d’autres régions, mais bon, dès que je sens l’odeur de la Provence, j’ai l’impression que je rajeunis un peu. C’est l’odeur de la garrigue, c’est l’odeur du thym, c’est l’odeur de la mer, c’est l’odeur de… C’est tout ça qui fait que la Provence est la Provence.
-I came to santons passing first via state education. That’s to say my family, to begin with, was a santonnier family, so my grandfather was a santonnier; he began in 1921 at the santon fair in Marseilles, which was at the time on the Canebière. Well, following that, my mother followed on and at that time I wasn’t interested in santons and I didn’t make it my trade because I was a teacher. And then from a certain age, I had had enough of teaching – not teaching as far as the pupils were concerned but by the incessant burden of administration, so I orientated myself toward making santons and since, it’s been 15 years already, I make santons as a self-employed artisan. Provence… For a Provençal person, it has a smell, it has a light, that has something very special. You see, like, every year I do a fair in Paris, which I like very much, but as soon as I come back to Provence, I have the impression that the car goes faster because it knows the route. As soon as I arrive in the Avignon region, Arles and all that, as soon as you start to see the cyprus trees, you begin to see… there is a difference in the climate, I’m happy to return to my cyprus trees, that’s what it is, to sniff the smell of the Mediterranean, to see the calanques again, which are pieces of rock with a little bit of scrubland. There, I think that what you have under the skin, you can’t do anything about. As much as I like other regions, but well, as soon as I sense the smell of Provence, I have the impression that I get a little bit younger. It’s the smell of the scrubland, it’s the smell of Thyme, it’s the smell of the sea, it’s the smell of… It’s all that, that makes Provence Provence.
-Si on veut l’accent, là, vous l’avez ! Parce que c’est celui de Marseille… C’est celui qu’on attrape en naissant, alors je ne me vois pas autrement ! Je suis née à Marseille avec un père né sur la Canebière.
-If you want the accent, well here you have it. Because it’s the Marseilles accent.. It’s what you catch when you’re born, so I don’t see myself any other way. I was born in Marseilles with a father born on the Canebière.
-Ce qui réunit les Provençaux, c’est la langue ; la langue du pays, la langue d’oc, la langue, le Provençal. Et je pense aussi que Frédéric Mistral y est pour beaucoup. Alors, Frédéric Mistral, c’est le fondateur du Félibre. Le Félibre, ça a été en quelque sorte, la remise… la remise à jour de la langue provençale, qui s’était éparpillée un petit peu. Bon, la langue d’oc, c’est une multitude de patois qui étaient répartis à droite et à gauche et Frédéric Mistral a vraiment donné beaucoup de lettres de noblesse à la langue provençale. Il en a vraiment fait une langue. Frédéric Mistral était un écrivain, c’était un poète. Il était prix Nobel de littérature. Bon. Il est né, donc, en 1830 et il est mort en 1914. Je crois qu’il est resté un petit peu dans le cœur… il est resté dans l’âme, je crois, de la Provence. C’est un peu lui qui a immortalisé, qui a chanté la cigale. Et la cigale, c’est le symbole de la Provence… que beaucoup de gens confondent avec le grillon, avec les mouches ! On l’entend souvent, ça !
-What unites the Provincial people is the language; the language of the region, the langue d’Oc, the Provençal language. And I think that Frédéric Mistral is very much responsible. Well Frédéric Mistral, he’s the founder of Félibre. Félibre was, in a kind of way, the renewal of the Provençal language, which had fallen out of use a little bit. Well, the langue d’Oc, it was a plethora of patois that were spread around left, right and centre and Frédéric Mistral really gave a nobility to the Provençal language. He really turned it into a language. Frédéric Mistral was a writer, he was a poet. He won the Nobel prize for literature. Well. He was born in 1830 and he died in 1914. I think that he has remained a little bit in the heart… in the spirit, I think, of Provence. It was he somewhat who immortalized the song of the cicada. And the cicada, is the symbol of Provence… and lots of people confuse them with crickets, with flies. You hear that often.
Quand on vient à Marseille, on mange une bouillabaisse2 précédée d’un pastis à l’apéritif. De nombreux clichés comme ceux-là circulent en France sur les Marseillais et les Provençaux qui les cultivent ou les rejettent.
When you come to Marseilles, you eat a bouillabaisse, preceded by a pastis for the aperitif. There are a lot of clichés like that which circulate around France about the people of Marseilles and Provence, who either encourage or reject them.
-On a toujours entendu dire que les Marseillais sont plus feignants que les Parisiens, mais apparemment, les entreprises, il y en a comme de partout ailleurs ; le commerce, marche bien ; on s’entend bien entre nous. La passion? On va dire, une des passions qu’on veut nous enlever et qui est numéro un en France, c’est le foot. Le football à Marseille, c’est une histoire. Ce n’est pas d’aller voir un match et se dire “j’ai vu un match de ballon”, ça s’arrête là. Il y a l’histoire derrière, il y a des clubs, même sur le Vieux port, ça porte le nom de l’OM, les bars. L’OM est quelque chose de connu et les gens viennent de la France pour voir un match de l’OM. On a ça, on a la pétanque. La pétanque, c’est pareil, c’est quelque chose! À Marseille qui ne sait pas jouer à la pétanque ? On l’apprend des parents aux grands-parents, des enfants, il y a tout le monde qui va jouer à la pétanque. Voilà. Après, on a toutes nos histoires qu’on raconte aux gens qui connaissent pas. La sardine qui a bouché le port. On dit que les Marseillais grossissent les choses et quand on dit : « la sardine a bouché le port », les gens croient que c’est une sardine qui a bouché le port. Non. Effectivement, le port a été bouché par la Sardine, qui était le nom d’un bateau, qui a coulé et qui avait bouché le port. On le voit à travers les santons. Les enfants viennent, connaissent, connaissent bien l’histoire des santons, connaissent bien la Vierge de la Garde3, à quoi elle a servi, pour qui c’est, toutes ces histoires… Tous les enfants la connaissent et chantent des chansons marseillaises là-dessus. On leur apprend à l’école et on y tient -à l’école et au catéchisme.
-We have always heard that the Marseillais are lazier than the Parisians, but apparently there are as many businesses here as elsewhere; business runs well; we understand each other well. The passion? You can say, one of the passions that they’d like take away from us and which is number one in France, is football. Football in Marseilles, it’s a big thing. It’s not about going to see a match and saying “I saw a ball game”, and it stopping there. There’s all the history behind it, there are the nightclubs, even in the old port, which bear the name OM, the bars. OM is something that is well known and people come from all over France to watch a match involving OM. We have that, we have pétanque. Pétanque, it’s the same, it’s really something. In Marseilles, who doesn’t know how to play pétanque? You learn it from parents and grandparents, children, everyone goes to play pétanque. There we are. Afterwards, there are all the stories that we tell people who don’t know them. The sardine that blocked the port. People say that people from Marseilles exaggerate things when they say “the Sardine that blocked the port”, people think that it was a sardine that blocked the port. No. Effectively the port was blocked by the Sardine, which was the name of a boat that sunk and blocked the port. You see that through the santons. The children come, they know, they know very well the history of the Santons, they know the Vierge de la Garde well, how she helped, for whom it is… it’s all these stories… All the children know her and sing Marseillaises songs about it. They’re taught them at the school and we believe in that – the school and the catechism.
On dit de l’accent du Midi qu’il est ‘chantant’. Il chante en effet, et on le chante avec Mireille Mathieu, originaire d’Avignon :
They say of the accent from the South that it’s singsong. It sings, indeed, and we’ll sing it with Mireille Mathieu, who’s a native of Avignon.
Oui, j’ai gardé l’accent qu’on attrape en naissant du côté de Marseille.
Yes, I’ve kept the accent that you catch when you’re born near Marseilles.
C’est l’ail du potager, l’huile de l’olivier, le raisin de la treille,
It’s garlic from the kitchen garden, it’s oil from the olive tree, the grape from the vine,
C’est le micocoulier où joue les écoliers qu’une cigale égaye.
It’s the nettle tree where the schoolchildren play, that a cicada makes gay.
Du côté de Marseille et aussi d’Aix, d’Arles, de Digne, d’Avignon, de Forcalquier, de Toulon, de Nîmes, autant de villes fameuses où résonne l’histoire de la Provence, cette province paradisiaque à bien des égards. La douceur du climat, la proximité de la mer, les beautés sauvages de l’arrière-pays inspirent les poètes. Certes il y a des sites devenus essentiellement touristiques où se pressent les foules mais il reste encore beaucoup d’étendues sauvages où persiste la Provence de Frédéric Mistral ou de Jean Giono et de tant d’autres artistes. Paul Cézanne, par exemple, ne put jamais s’en déprendre. Lors d’un séjour à Paris, il dit: “Quand j’étais à Aix, il me semblait que je serais mieux autre part, maintenant que je suis ici, je regrette Aix. Quand on est né là-bas, c’est foutu, rien ne vous dit plus”.
Next to Marseilles, and also to Aix, Arles, Digne, Avignon, Forcalquier, Toulon, Nîmes, so many famous villages where the history of Provence reverberates, a heavenly province in many respects. The mild climate, the proximity to the ocean, the wild beauty of the back country, inspires poets. Admittedly, there are parts which have essentially become tourist spots where the crowds press in, but there still remains many wild stretches where the Provence of Frédéric Mistral or Jean Giono and many other artists still lingers. Paul Cézanne could never rid himself of it. During a stay in Paris, he said: “When I was in Aix, it seemed to me that I would be better off elsewhere; now that I’m here, I miss Aix. When you’re born there, you’re done for, nothing else counts”.
Rien ne leur dit plus… mais heureusement ils en parlent, ils chantent, ils peignent, ils écrivent, les Provençaux. Tous ceux qui ne la connaissent pas ont la possibilité de renaître en Provence par le biais de belles oeuvres. Parmi les auteurs représentatifs, Alphonse Daudet (1840-1897)nous invite dans son moulin de Fontvieille:
Nothing else counts… but fortunately they talk about it, they sing, they paint, they write, the Provincials. All of those who haven’t experienced it have the possibility to be reborn in Provence via beautiful works. Among representative authors, Alphonse Daudet (1840-1897) invites us to his windmill in Fontvieille:
“C’est de là que, je vous écris, ma porte grande ouverte, au bon soleil. Un joli bois de pins tout étincelant de lumière dégringole devant moi jusqu’au bas de la côte. À l’horizon, les Alpilles découpent leurs crêtes fines… Pas de bruit… À peine, de loin en loin, un son de fifre, un courlis dans les lavandes, un grelot de mule sur la route… Tout ce beau paysage provençal ne vit que par la lumière.” (Début des ‘Lettres de mon moulin’)
“It’s from there that I’m writing you, with the door wide open, under a nice sun. A pretty pine tree sparkling with light tumbles down in front of me to the base of the hill. On the horizon, the Alpilles carve out their thin crests… Not a sound… Barely, here and there, the sound of a fife, a curlew in the lavender, the small bell of a mule in the street… All of this beautiful Provincial landscape only lives through the light.”
Quant à la triste histoire de l’Arlésienne, elle commence ainsi:
As far as the sad story of Arlésienne, it begins like this:
“Pour aller au village, en descendant de mon moulin, on passe devant un mas2 bâti près de la route au fond d’une grande cour plantée de micocouliers. C’est la vraie maison du ménager de Provence1, avec ses tuiles rouges, sa large façade brune irrégulièrement percée, puis tout en haut la girouette du grenier, la poulie pour hisser les meules et quelques touffes de foin brun qui dépassent…”
“In order to go to the village, coming down from my windmill, you’ll pass in front of a farmhouse, built next to the street, at the back of a large yard planted with nettle trees. It’s the real domestic home of Provence, with its red tiles, its broad brown front, unevenly pierced, then way above the wind vane from the attic, the pulley to hoist the millstone, and a few tufts of brown hay which go overrun…”
Longtemps après Alphonse Daudet, Marcel Pagnol(mort en 1974) témoigne que ces paysages échappent aux ravages du temps dans “La gloire de mon père”, “Jean de Florette”, et toute son oeuvre.
Long after Alphonse Daudet, Marcel Pagnol (who died in 1974), bore witness that these scenes escape the toil of time in “My Father’s Glory”, “Jean de Florette” and his whole work.
Haute en couleurs, la Provence a aussi ses senteurs, ses saveurs. Les marchés font sa gloire. On y trouve tout et tout le monde! Une chanson de Gilbert Bécaud le confirme: Les marchés de Provence. Régalez-vous avec le joli poisson de la Marie-Charlotte! Impayable3!
Full of colours, Provence also has its smells, its flavours. Its markets are its glory. You’ll find everything and everyone there! A song by Gilbert Bécaud confirms it: Les marchés de Provence. Treat yourself to Marie-Charlotte’s nice fish ! Priceless !
Il y a tout au long des marchés de Provence
All up and down there are the markets of Provence
Qui sentent, le matin, la mer et le Midi
Which in the morning smell of the sea and the south
Des parfums de fenouil, melons et céleris
Of perfumes of fennel, melon, and celery
Avec par ci par là, quelques gosses qui dansent
And in its midst, some children dancing
Voyageur de la nuit, moi qui en ribambelle
Traveller of the night, I, with the whole flock
Ai franchi des pays que je ne voyais pas
Crossed into the country which I didn’t see
J’ai hâte au point du jour de trouver sur mes pas
I hasten at daybreak to find under my feet
Ce monde émerveillé qui rit et s’interpelle
This world full of wonder which laughs and calls out
Le matin au marché
Mornings at the market
Voici pour cent francs du thym de la garrigue
Here for one hundred francs thyme from the scrubland
Un peu de safran et un kilo de figues
A little saffron and a kilo of figs
Voulez-vous, pas vrai, un beau plateau de pêches
Would you like, wouldn’t you, a beautiful tray of peaches
Ou bien d’abricots ?
Or even apricots?
Voici l’estragon et la belle échalote
Here’s some tarragon and a pretty shallot
Le joli poisson de la Marie-Charlotte
The nice fish of Marie-Charlotte
Voulez-vous, pas vrai, un bouquet de lavande
Would you like, wouldn’t you, a bouquet of lavender
Ou bien quelques œillets ?
Or even a few carnations?
Et par dessus tout ça on vous donne en étrenne
And above all this they give you for the first time
L’accent qui se promène et qui n’en finit pas.
The accent which does the rounds and has no end.
Parler ou dire?
La distinction entre les verbes ‘parler’ et ‘dire’ est souvent une source de confusion. Ainsi dans le document ‘La région’, nous avons cette phrase qui mérite d’être examinée soigneusement:
Rien ne leur dit plus… mais ils en parlent
I) Une différence de construction et d’usage
PARLER
a) Parler (verbe intransitif)
-Un petit enfant commence à parler vers l’âge de deux ans.
-À la suite d’un accident cette personne ne parle plus, elle a perdu l’usage de la parole.
-Les politiciens sont insupportables car ils parlent sans arrêt.
b) Parler de quelque chose (à quelqu’un / avec quelqu’un)
-Je n’arrive pas à joindre mon collègue, pourtant il faut absolument que je lui parle.
-Je vais leur parler d’un point de grammaire important.
c) Parler de… (au sens de ‘concerner’)
-Tu lis ce livre? C’est bien? ça parle de quoi?
DIRE
a) Dire quelque chose à quelqu’un
-Qu’est-ce que tu dis? Qu’est-ce que tu lui as dit?
-Elle dit des bêtises tout le temps.
-Il ne faut pas dire du mal de ses voisins.
b) Dire que… / dire si…, combien…, comment…, où…, quand…, pourquoi…
-Vous dites que vous n’êtes pas d’accord, soit, mais expliquez au moins pourquoi!
-Les élèves attendent devant l’école qui est fermée. Est-ce qu’on leur a dit qu’il y avait une grève des enseignants?
-Ne me dites pas que vous êtes fatigué alors que vous rentrez juste de vacances!
-Tu peux me dire si la voie est libre, s’il vient des voitures à droite? La visibilité est mauvaise de mon côté.
-On ne m’a dit ni où, ni quand je devais me présenter à mon nouveau bureau, ni pourquoi on m’avait changé de poste. C’est frustrant.
c) Dire de (+ infinitif)
-Dis au boulanger de me mettre des croissants de côté demain matin. Je passerai les prendre vers neuf heures.
-On me dit de ne pas être en retard à l’aéroport.
II) Des emplois particuliers
-Tu parles! Tu parles d’un changement! C’est exactement la même chose qu’avant. Il n’y a aucun changement.
(‘tu parles!’ ‘vous parlez’ a le sens de ‘tu plaisantes / vous plaisantez, ce n’est pas sérieux!’
-‘Travailler plus pour gagner plus’ dit Sarko. Tu parles!
-ça ne me dit rien => ça ne me fait pas envie
-Rien ne leur dit plus! => rien ne les attire plus (‘ils n’ont plus envie d’aller ailleurs’ c’est l’expression de Cézanne.
-ça te dirait d’aller au resto ce soir? (ça te ferait plaisir?)
-Qu’est-ce que vous dites de ma proposition? Qu’est-ce que vous en dites? (qu’est-ce que vous en pensez?)
-Qu’est-ce que ça veut dire? (Qu’est-ce que ça signifie?)
III) Les formes pronominales
a) SE PARLER
À la forme réfléchie, c’est plutôt rare:
-Je me parle à moi-même
À la forme réciproque, c’est courant:
-Nous nous parlons souvent au téléphone, elle et moi.
-Elles sont fâchées et ne se parlent plus depuis des années.
b) SE DIRE
À la forme réfléchie, ‘se dire’ signifie ‘penser’
-Je me dis souvent que je vais prendre ma retraite mais je retarde toujours la décision.
-Nous nous disons que la vie est brève et qu’il faut en profiter
À la forme réciproque
-Nous n’avons aucun secret l’un pour l’autre et nous nous disons absolument tout.
À la forme impersonnelle avec le sens de ‘on peut le dire’: ‘ça se dit’
-Comment ça se dit ‘bonjour’ en anglais? -ça se dit ‘good morning’
-Comment se dit ‘au revoir’ en anglais? ‘Au revoir’ se dit ‘good bye’
Et maintenant, vous comprenez ce que parler veut dire, n’est-ce pas?