– Ça, c’est ce qu’on appelle une briquette. C’est des billets de France qui sont détruits, hein, on les détruit après, on les broie et il y a une machine qui les compacte. Et cette petite briquette, vous voyez, qui tient dans la main, à votre avis, ça vaut combien, là ? en francs ?
– Cinq cents francs.
– Cinq cent mille francs !
– C’est les billets qui sont détruits. Non, maintenant ça vaut rien, hein ça vaut rien maintenant, pas la peine de me le piquer, ça vaut rien, si ce n’est un souvenir, c’est amusant, mais…
Objectif
Pouvoir comprendre l’homme de la rue quand il s’exprime librement
Il y a en français des niveaux de langages, le langage familier et le langage soutenu.
Le langage familier, ou argot, s’emploie couramment. À l’origine, le mot « argot » désignait la langue des gueux, c’est-à-dire des gens du peuple. L’argot n’est pas forcément grossier, ni même vulgaire. C’est surtout un langage imagé et amusant. écoutez plutôt :
Qu’est-ce qu’ils fichent ? Qu’est-ce qu’ils foutent ?
Qu’est-ce qu’ils font?
Il bouquine.
bouquiner lire
un bouquin
un livre
Elle bosse.
bosser travailler
Ils zonent.
zoner rester sur place sans travailler
Ils bouffent.
bouffer manger
la bouffe
la nourriture
Ils se tirent.
se tirer s’en aller, partir
Elles s’enquiquinent.
s’enquiquiner s’ennuyer
Il se marre.
s’amuser, rire
une bagnole
une voiture
Il frime.
frimer faire le malin, faire l’important
cailler
avoir froid
avoir la trouille
avoir peur
Les mots d’argot, bien souvent, ce sont des mots que tout le monde n’emploie pas, mais que tout le monde comprend. Il serait très étonnant que vous ne les entendiez pas un jour ou l’autre. Pour les employer, soyez prudents tout de même. Pour vous montrer dans quel contexte vous pouvez employer des mots d’argot, voici un texte, à titre d’exemple.
Sur la place du Musée
Il y a toutes sortes de gens sur cette place quand il fait beau, il y en a qui bouquinent tranquillement au soleil, en bossant leurs exams peut-être, ou peut-être pas, pendant que les autres zonent sur les marches du musée, avec l’air de s’enquiquiner copieusement. L’été ils bronzent, l’hiver ils caillent. Plus loin les gens cassent la croûte aux terrasses, restent un moment et puis se tirent pour laisser la place aux suivants qui poireautent. Comme la place est assez grande et réservée aux piétons, on voit souvent des mecs et des nanas en rollers qui viennent frimer un peu, à l’écart des bagnoles.
Voici un autre exemple, sous forme de dialogue cette fois avec la correspondance en français soutenu :
En argot, on dit… En bon français, ça donne…
– T’as bouffé où à midi ?
– Tu as déjeuné où à midi?
– Je me suis tapé une andouillette dans un troquet. Elle m’est un peu restée sur l’estomac.
– J’ai mangé une andouillette dans un petit restaurant. J’ai du mal à la digérer.
– Et ce soir, qu’est-ce tu fous ?
– Et ce soir, qu’est-ce que tu fais?
– Bof, rien de précis. Faut voir…
– Rien de précis. Il faut voir.
– Passe me voir si t’as rien à foutre, on ira au ciné.
– Passe me voir si tu n’as rien à faire, on ira au cinéma.
– Ouais bof ! Le ciné j’y suis déjà allé avant-hier, c’était une connerie de fiction, ou de je sais pas trop quoi, j’y ai pigé que dalle. En plus, je veux pas me pieuter tard, je bosse demain.
– Oui, j’hésite. Le cinéma, j’y suis déjà allé avant-hier, c’était un stupide film de fiction, ou de je ne sais pas trop quoi, je n’y ai rien compris. En plus, je ne veux pas me coucher tard, je travaille demain.
– Pas grave, je te ramènerai si t’es à pattes, j’ai une bagnole maintenant…
– C’est pas grave, je te ramènerai chez toi si tu es à pied, j’ai une voiture maintenant…
– Bon, alors ça roule. A plus…
– Bon, c’est d’accord. A plus tard…
A cela il faut ajouter d’innombrables mots qui varient selon les régions, les époques : l’argot de Victor Hugo dans « Les Misérables » n’est plus employé de nos jours. L’argot change avec les nouvelles générations. Les jeunes utilisent toujours des termes nouveaux bien à eux.
En littérature moderne, Frédéric Dard, qui a écrit la plupart de ses ouvrages sous le pseudonyme de San Antonio, est un auteur représentatif en ce qui concerne l’argot.
Les exemples qui vous ont été donnés ci-dessus utilisent du vocabulaire courant. Voici une petite liste supplémentaire pour vous aider, à votre arrivée en France :
En bon français… En argot
Paris Paname
un bistrot un troquet
un chien un clébard, un clebs
un chapeau un galurin
une main une pogne
un lit un pieu
l’argent le pognon, le fric, le blé
habiter crécher
dormir roupiller, pioncer
arriver rappliquer, se radiner
partir se barrer/ se tirer
manger casser la croûte, bèqueter
être en colère être en rogne, être furibard
un policier un flic, un poulet
l’eau la flotte
le vin le pinard, le picrate
un journal un canard, un baveux
le travail le boulot, le turbin
une bicyclette une bécane
la tête la tronche
attendre poireauter, faire le poireau (comme le légume)
se taire s’écraser, fermer sa gueule
réfléchir cogiter
tergiverser pinailler
voler (prendre) piquer, chourer
travailler bosser (comme “the boss” en anglais), marner
comprendre piger
Ne vous inquiétez pas trop, on ne vous parlera pas comme ça à la douane, ni même à votre hôtel, mais, quand vous vous serez fait quelques amis et amies, vous pourrez bavarder plus familièrement.
S’ils sont très BCBG (« bon chic, bon genre »), un bon conseil : évitez l’argot !
Et d’une manière générale, il faut savoir que l’argot s’accompagne d’exigences d’intonation et de prononciation encore plus marquées que dans le langage soutenu. Intégrez-le à votre français au fur et à mesure… il n’y a pas le feu (il n’y a pas d’urgence).
Et maintenant cliquez ci-dessous pour mater les exos.*.
*regarder les exercices
Les Exercices
1 Un exercice d’application
Répondez aux questions posées.
a) Vous êtes en retard pour aller bosser, en plus votre bagnole est en panne. Qu’est-ce que vous faites ?
Je téléphone au boulot pour dire que je suis malade à crever (à mourir).
b) Vous avez invité des copains à prendre un pot dans un bistrot. Au moment de payer, vous vous apercevez que vous n’avez pas de fric sur vous. Qu’est-ce que vous faites ?
Je tape (j’emprunte) cent balles à un de mes potes (copains).
c) Vous êtes paumé (perdu) dans une ville que vous ne connaissez pas. Vous demandez votre route à un flic (un gendarme). Il vous donne des explications mais vous pigez que dalle à ce qu’il dit. Qu’est-ce que vous faites ?
Je dis merci bien et je me tire (je pars).
d) Vous poireautez depuis une heure dans le troquet où vous avez rendez-vous avec une
nana (une fille). Vous avez déjà lu trois fois le canard que vous avez sous le bras. Vous en avez
vraiment marre (vous en avez assez). Vous êtes en rogne (en colère). Tout d’un coup, elle
rapplique (elle arrive). Qu’est-ce que vous faites ?
Je lui fais la gueule (je boude).
2 Une composition
Histoire de se marrer un coup (s’amuser un peu), écrivez quelques lignes en argot avec les mots que vous avez rencontrés. Il y en a en tout une cinquantaine. Allez, descendez dans la rue, lancez-vous !
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