Independent publishing houses cater for all tastes. But the standard-bearers of the sector are authors who innovate in style or content.
By throwing expectations off track, they take the reader into uncharted waters.
That doesn’t mean modern French literature is off limits for learners. Many of today’s authors write in accessible language and at a manageable length
Here are two such recommendations from Maude Cizeron, head of French Literature at Lyon’s Librairie Passages.
Ultramarins – Mariette Navarro
Routines comfort us, but also kill us. When the captain of a giant container ship halts her transatlantic voyage to allow the crew to go for a swim, a life-changing chain of events ensues. Mariette Navarro’s novel Ultramarins is a poetic parable. In this passage, the captain has just taken command of her ship following shore leave.
Au début, elle a l’impression que tout se renverse, que ce sont ses organes qui naviguent sans elle, que ce sont eux qui prennent la mer, qui voudraient se sauver. Sans elle. Parce que pendant quelques jours elle est maladroite. Parce qu’ici au début elle ne sait plus rien faire, et que son corps est arrêté, où qu’elle aille, par une barrière, un escalier, un règlement, un garde-fou, une nouvelle porte, un danger, un coup de vent, une chaudière, une rampe, une indécision, un panneau, un parapet, un jet d’eau, une illusion d’optique, une pluie, une sonnerie, une vibration, une échelle, un doute, un horaire, un changement de température, un radar, une consigne de sécurité, une somnolence, une voix, une alerte incendie, une totale impuissance. Les ecchymoses font partie de la transformation.
Elle se souvient que ce n’est jamais facile. Qu’on ne passe pas comme ça d’une catégorie à l’autre comme de la mort à la vie sans y perdre un peu de ses repères et de sa souplesse. Elle sait qu’on n’est pas toujours les bienvenus sur le dos des océans, qu’on ne peut pas impunément s’agripper à leur
crinière.Quelque chose de trop grand lui entre dans les yeux, et prend toute la place en elle. Prend ses aises dans les deux hémisphères de son cerveau. Quelque chose, en s’insinuant entre ses organes bouscule, oppresse et libère en même temps. Elle ne saurait pas dire si l’alliage entre son corps et la ferraille est une protection, une carapace juste sous la peau, un bouclier immense ou un levier pour rendre l’intérieur mouvant, pour la déstructurer.
Au bout d’un moment elle accepte la transformation. Et se laisse muter, un peu.
La fille qu’on appelle – Tanguy Viel
Quentin Le Bars, the mayor of a small seaside town in Brittany, takes advantage of his position of power to abuse his chauffeur Max’s daughter. Max unwittingly sends his daughter into the trap when he asks for Le Bars’ help to find her a place to live. In this scene he is driving the mayor to the Neptune, the town’s nightclub.
Vous allez lui trouver un logement ?
Je vais essayer, il a dit.
Et déjà Max ralentissait à l’approche du Neptune, au loin le voiturier qui bientôt se précipiterait sur la portière pour accueillir le maire et le faire entrer là, dans la grande salle panoramique qui dominait la mer, où régulièrement il avait rendez-vous avec quelque banquier ou promoteur ou personnel politique parce que c’était comme ça, au Neptune il y avait tout ce que la ville comptait de notables et d’édiles s’y rencontrant si souvent – se faisant croire les uns aux autres quand ils se saluaient, que seulement un heureux hasard les rassemblait, au point que si quelque rencontre devait aboutir à quelque opportunité lucrative, eh bien, c’était que ce même hasard, comme une épaisse fumée destinée à masquer le calcul ou la collusion, avait aussi bien fait les choses qu’à Rome autrefois on se serait rencontrés dans la vapeur d’un bain. Et le Neptune était si ancré dans les mœurs de la ville que le maire lui-même, en eût-il seulement le désir, n’aurait pu s’en dispenser – quant à Le Bars encore moins, parce qu’il y était comme un poisson dans l’eau, y croisant si volontiers d’autres poissons de même espèce, dont l’un précisément l’attendait à sa table, qui se nommait Franck Bellec et portait un costume blanc.
Giving them a go
Don’t be discouraged if at first sight these extracts seem daunting. Both books tell short, relatively uncomplicated stories that should leave you with plenty of spare brain capacity to decrypt the French itself.